Kathaarsys - Anonymous Ballad
Chronique
Kathaarsys Anonymous Ballad
Avec une précision quasi métronomique, KATHAARSYS fait son retour dans les bacs, 2 ans après son second album - « Verses In Vain » - qui avait vu le groupe s'émanciper quelques peu de ses influences premières pour se forger sa propre identité musicale. Fortement inspirés à leurs débuts par le black-metal d'Ulver (l'album « Bergtatt » notamment), les espagnols ont accentué encore plus les passages death brutaux, les sonorités progressives et les parties de guitare acoustique faisant de « Verses In Vain » l'album le plus dense, le plus chaotique et donc le plus difficile à assimiler de leur discographie.
Sans véritablement changer de décor, son successeur - « Anonymous Ballad » - montre cependant KATHAARSYS sous un autre jour. Certes, le changement n'est pas radical et, dès les première notes de Part one – Thoughts about worthless things and the future (un titre à faire pâlir d'envie Bal Sagoth), les habitués reconnaîtront sans peine le style très caractéristique du trio. L'alternance chant clair aérien, vocaux black-metal rugueux et growls bien graves est ainsi toujours de mise. Quant aux structures des morceaux, elles demeurent complexes, les changements d'atmosphères étant, comme à l'accoutumé, très nombreux chez KATHAARSYS. Néanmoins, « Anonymous Ballad » se révèle très vite beaucoup plus digeste que « Verses In Vain ».
Première explication plausible : là où « Verses In Vain » comptabilisait 5 titres pour un total de 86 minutes de musique (nécessitant au passage 2 CDs pour contenir la bête), la tracklist de « Anonymous Ballad » comprend autant de morceaux pour « seulement » 40 minutes. Titres plus courts d'où assimilation plus facile, pas besoin d'avoir fait Polytechnique pour comprendre cela. Il faut dire aussi que cet album a été, en quelque sorte, enregistré dans l'urgence, un producteur argentin leur ayant offert l'opportunité d'immortaliser le matériel dont ils disposaient alors dans un studio de qualité (les Addax Records Studios à La Nave de Oseberg où Tarja Turunen et Fabio Lione ont notamment enregistré leurs albums solos) lors de leur tournée en Amérique du Sud. Ainsi, « Anonymous Ballad » est donc le premier album de KATHAARSYS pour lequel les compos n'étaient pas intégralement achevées avant d'entrer en studio (le groupe possédait seulement 50% du matériel pour un nouvel album). Fort heureusement, ce caractère d'urgence n'a selon moi aucunement altéré la qualité de la musique de KATHAARSYS. Au contraire, elle semble lui avoir été profitable car elle a permis (de mon point de vue) d'insuffler plus de spontanéité et de fraîcheur aux compositions.
Ainsi, hormis Part three – The advent of madness, composition la plus complexe du disque qui n'aurait pas dépareillé sur « Verses In Vain », les autres morceaux sonnent relativement fluides et aériens. Un sentiment que ne retranscrit pas du tout la magnifique pochette de l'album (une nouvelle fois signée Kris Verwimp) dont il se dégage une atmosphère poisseuse et suffocante. En revanche, la production, plus claire et plus propre que sur les deux précédents albums aide certainement à se forger se sentiment de fluidité. De ce fait, Part one – Thoughts about worthless things and the future et Part two – Sadness and Hopelessness passent donc comme une lettre à la Poste malgré leur caractère progressif très prononcé (qui pourra cependant se révéler être un frein pour certains) tout comme le superbe Part five – Darkness pour lequel le groupe a réalisé un clip (assez étrange je dois dire) disponible sur la galette en plage media. Seul Part four – No guide nécessitera plus d'attention de la part de l'auditeur. Il faudra en effet gratter derrière cette croûte doom des première minutes (qui, si elle a le mérite d'être très heavy, sonne néanmoins un peu trop « déjà-entendu ») pour dénicher toute la beauté et la mélancolie qui se dégage de ce titre grâce à l'apport d'arpèges et de soli très aériens (les amateurs du Nostalgiaplatz de Novembre adoreront) dans le final du morceau.
Alors certes, je me dois de modérer un peu mon propos. Si « Anonymous Ballad » me paraît plus facile à assimiler que ses prédécesseurs, c'est probablement car la musique de KATHAARSYS m'est familière depuis presque 3 ans maintenant. Pour les metalleux peu habitués aux sonorités dark-black progressives, un temps d'adaptation et plusieurs écoutes seront certainement nécessaires pour apprécier cet album. Les amateurs d'Opeth ou d'Ulver auront quant à eux plus de facilité à se plonger dans l'univers musical des espagnols. Au delà de l'aspect un peu repoussant de la longueur et de la complexité des morceaux (domaines dans lesquels le trio a fait preuve d'un peu plus de retenue sur ce disque), KATHAARSYS propose à l'heure actuelle une des musiques les plus riches en atmosphères qu'il m'ait été donné d'écouter depuis bien longtemps. Il serait donc dommage de passer à côté de cette formation talentueuse, d'autant plus que, semblant avoir trouvé leur voie musicale propre, les espagnols annoncent un quatrième album tout aussi prometteur pour 2010.
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