Balmog - Vacuum
Chronique
Balmog Vacuum
Depuis que les regrettés GODÜS ont mis un terme à leurs activités l’Espagne a du mal à retrouver une formation de premier plan au sein du Black-Metal, un genre qui semble peu inspirer au sein de la péninsule ibérique, où le Thrash et le Hard-Rock/Heavy traditionnel ont plus la cote. Pourtant malgré un manque d’exposition évident il existe heureusement là-bas des groupes qui continuent de promouvoir la scène la plus noire et la plus sombre possible, à l’instar de ce trio galicien encore méconnu par chez nous malgré quinze ans d’ancienneté, et une ribambelle de sorties. En effet depuis 2006 il nous offre pratiquement une sortie chaque année, que ce soit sous forme de Demo, EP, Split ou album (dont le dernier-né qui est leur troisième au compteur), soit une productivité impressionnante de la part des trois compères qui se connaissent par cœur, vu que le line-up n’a pas bougé d’un iota depuis qu’ils ont créé leur rejeton (un fait suffisamment rare pour être souligné).
Si qualité et quantité sont rarement compatibles il y’a toujours des exceptions, et le combo en fait partie, car sans révolutionner le style celui-ci a toujours proposé un Metal noir classique mais racé, où la violence côtoie les ambiances envoûtantes, le tout avec une vitesse qui joue les montagnes russes. Du coup bien qu’ayant la sensation logique d’avoir déjà entendu le même riff par-ci, la même construction par-là, le même break sur tel opus etc… on se laisse emporter par la musique de ses voisins de l’autre côté des Pyrénées, qui se révèle plus subtile qu’il n’y parait au fur et à mesure de l’avancée de cette galette. Car après une introduction tout en blast « Eating The Descendant » va continuer sur sa lancée pendant un bon moment, et montrant ainsi sa facette la plus radicale, mais la suite va être différente car après un break de batterie aux accents tribaux le tempo va être plus posé et va laisser ainsi plus d’espace qu’auparavant à la froideur et à la glace. Du coup on se retrouve avec deux parties distinctes où après un déferlement haineux celui-ci s’efface progressivement, et ne réapparait que lors de fugaces tentatives désespérées, comme pour mieux souligner la variété qui va être proposé progressivement. Après ce démarrage classique et très bien fait « Hodegetria » pointe le bout de son nez et va continuer sur le chemin tracé par son prédécesseur, car ça va blaster fort aux deux extrémités tout en se faisant plus glacial et martial en son milieu via un tempo plus posé permettant ainsi à la guitare d’être plus vaporeuse, et d’obtenir un résultat très agréable tout en confortant l’accessibilité générale.
Cependant avec « Vigil Of The Blinds » le trio va sortir un peu des sentiers battus en montrant une facette plus épique et une musique plus élaborée, qui démarre par une longue introduction d’obédience symphonique où la peur semble être le maître-mot, tout en étant accentuée par des notes douces d’une froideur absolue et une voix claire et religieuse absolument pénétrante dans l’âme comme dans l’esprit. Avec en prime un tempo qui ne cesse de monter en pression, passant du lent vers le mid en double et explosant par une haute puis très haute vitesse à la fin, on se retrouve du coup avec une des meilleures compos du disque qui montre toute la créativité musicale de ses créateurs. Après un petit interlude « Come To The Pulpit » se fait plus direct et classique (sans être cependant indispensable), permettant ainsi à ceux-ci de revenir à leurs fondamentaux sans se poser de questions, et ainsi de servir de tremplin au très bon « Gignesthai » où le côté religieux est plus présent que jamais, notamment par des chœurs. Toujours aussi glacial et venteux, il laisse l’ambiance monacale s’installer tout du long en faisant peu de place aux parties déchaînés qui sont reléguées à peau de chagrin, l’ensemble préférant miser sur la lenteur pour créer une certaine spiritualité et introspection, où la brutalité n’a que peu de place. Pourtant l’écriture ne perd pas en puissance et réussi à garder sa cohérence sans que l’on ne décroche de ce morceau un peu à part, mais qui ne fait pas tâche avec le reste, tout comme l’ambitieux « …Sed Semper Vivit Occisus » qui fait office de conclusion. Entre deux rangées de blasts (au début et à la fin) la température toujours très basse va progressivement remonter lentement mais sûrement en offrant une musique plus aérienne et éthérée, proche d’un long voyage vers les confins de l’univers où l’on plane sans jamais totalement s’envoler, avant que le côté sombre et horrifique ne nous ramène à la réalité, et à la clôture d’une galette plus qu’agréable.
Durant quarante minutes en effet on ne s’y ennuie que rarement, certes il y’a des petites répétitions ici et là, et certaines compos valent plus la peine que d’autres, mais sans être un futur classique indémodable cette nouvelle œuvre des ibères est suffisamment bien faite et jouée pour que l’on s’y penche un peu sérieusement, et que ceux-ci soient enfin un peu plus mis en valeur. Bref sans passer leur temps à bourriner en continu ou à s’obstiner à pratiquer du train de sénateur pendant une durée trop importante, ils nous gratifient d’une bonne petite surprise qui risque certes de s’oublier assez vite avec le temps, mais qui aura au moins le mérite de faire passer un bon moment, tout en prouvant surtout que le Metal noir existe encore au pays du flamenco, et qu’il y est pratiqué avec passion et intégrité, ce qui n’est déjà pas si mal !
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