Chronique
Balmog Laio
Si elle prend toujours son temps pour publier un nouvel opus à contrario la formation de Galice est quand même souvent dans l’actualité, vu qu’elle publie fréquemment des Split et Ep afin de ne pas se faire oublier et aussi de proposer quelque chose d’un peu différent du point de vue musical. Car si quatre ans se sont écoulés depuis la sortie du très bon
« Eve » on a eu droit mine de rien à une Démo ainsi qu’à l’étonnant « Covenant Of Salt » (formé d’un seul titre d’une durée de dix-huit minutes), ou encore à une surprenante reprise de Leonard Cohen... montrant que les gars aiment sortir des sentiers battus sous ses formats courts en proposant une musique plus ambitieuse et créative. En revanche quand revient l’heure des albums complets ceux-ci retournent aux fondamentaux, et même si quelques relents originaux subsistent il faut bien reconnaître qu’on retrouve une musique plus classique et calibrée mais finalement plus en phase avec la durée proposée, tant il serait compliqué de reproduire l’expérience sur une temporalité plus longue sans se casser la gueule.
Du coup sans se renouveler outre mesure le combo conserve néanmoins sa force de frappe avec son mélange d’ambiances sombres et occultes où le froid et la neige ne sont jamais très loin, la preuve avec « Mud To Gold » qui d’entrée offre un rendu glacial et brumeux où le chaos de la tempête approche en continu, tant les blasts déchaînés donnent la sensation d’être perdu au milieu de nulle part. Ajoutant à cela des passages et ambiances tribales sur fond de mid-tempo enlevé la bande nous gratifie en plus d’un solo décharné et d’un rendu dense et homogène, où la guerre et la résistance hivernales sont bel et bien là prouvant donc qu’on est en présence d’une réalisation impeccable et pénétrante. Si « Tongue In Pieces » va ensuite nous envoyer dans une météo capricieuse et venteuse de par une écriture plus rudimentaire et débridée, ça ne va cependant pas oublier les accalmies pour éviter toute redondance en proposant notamment une voix qui harangue la foule comme pour la motiver à aller au combat. Sans concessions et jouant donc sur un grand écart simple et redoutable cette plage où quelques relents médium émergent délicatement offre un Black plus dur et cru typiquement scandinave, plus classique dans son exécution mais toujours parfaitement mené tant ça a la bonne idée de ne pas s’éterniser sur la durée... à l’instar du dynamique et redoutable « Like God Who Knows » où toute la palette rythmique va être dévoilée sur un pied d’égalité, et idéale avant l’arrivée de l’interlude. Car avec son agressivité marquée plus fermement (notamment via des riffs écorchés et un ensemble désespéré) et ses montagnes russes permanentes cette composition a tout ce qu’il faut pour emmener l’auditoire dans des contrées inexplorées et inquiétantes, vu qu’on est déboussolés par le manque de repère où seule la musique fluide et directe nous permet de trouver un point d’appui... et l’on en redemande vu que malgré son classicisme et le manque de nouveauté ça fait impeccablement le travail.
Et pour commencer cette seconde partie c’est le chaotique et religieux « Mashalam » qui va être à l’honneur, en proposant en guise de démarrage un rendu solaire au milieu du brouillard avec une montée en pression progressive avant que l’ensemble ne s’accélère et offre des ambiances où le désespoir est roi et la mort omniprésente... vu que tout y est moins furieux au profit d’un profondeur renforcée. Néanmoins il ne faut pas croire que les Espagnols en ont oublié leur virulence vu que « The Silence Of The Trumpets » va se faire plus obscur et opaque via une explosivité revenue aux avant- postes pour une ambiance qui sent le soufre, même si ça ne fait pas que tabasser en continu... car quelques passages tribaux impeccables se font entendre au milieu de ce déluge haineux qui débute tranquillement avant de lâcher les chevaux sur fond d’écriture frontale qui ne fait pas de quartier. Mais comme pour prendre à rebours tout le monde la longue conclusion intitulée « Getsemaní » va miser sur quelque chose de différent tant ça sent le Post Metal apaisant et planant, car outre une rythmique rampante et lente hypnotique à souhait les guitares vont proposer nombre d’harmonies apaisantes tel le jour sortant de sa longue nuit. Si ça reste froid à en donner des frissons on ressent clairement ici un départ vers l’au-delà tant on est léger et apaisé au milieu de ce mur sonore agréable et diurne où la pression est constamment dans la retenue, montrant que ses auteurs n’en ont pas fini dans cette vision musicale et vu le résultat impeccable ils auraient tort de ne pas persévérer dedans... confirmant qu’il faudra encore compter sur ces influences la prochaine fois.
Nul ne s’en plaindra d’ailleurs mais ce mélange des genres équilibré est clairement ce qui fait la force de l’entité qui met le noir et le blanc sur un pied d’égalité, proposant donc un style à la fois classique mais légèrement personnel qui lui sied parfaitement tout en poussant ici plus loin le travail vocal affûté et prenant. A la fois simple et travaillé ce nouveau chapitre des Ibères ne changera pas la donne pour eux mais va leur offrir sans doute de nouvelles perspectives scéniques comme auprès du public, qui découvrira avec plaisir leur marque de fabrique... les autres eux se contenteront facilement de cela en retrouvant les mêmes éléments que ceux qui leur ont plu précédemment. Comme quoi ils sont aujourd’hui un des noms les plus intéressants de la scène extrême de leur royaume qu’on a pu souvent (et justement) critiquer sur son manque d’intérêt comme d’ambition, mais dont le niveau et l’attractivité sont en train d’augmenter via des noms qui ne demandent qu’à être connus... ce qui est bon signe. Et à l’heure actuelle BALMOG se place aisément dans son pays comme un étendard valeureux et fier, ravi de transmettre la bonne parole malgré son manque de notoriété mais dont la motivation reste intacte avec le temps, pourvu que ça continue car on en redemande.
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