L'évolution de Pig Destroyer, et la régularité avec laquelle la troupe de Scott Hull s'échine, méthodiquement, à détruire sa légende, est à la fois triste et fascinante.
Triste, forcément. Faut-il le rappeler ? Pig Destroyer s'est formé en 1997 pour, je cite,
"que le Grindcore redevienne ce qu'il était". Un mantra respecté à la lettre durant la première décennie d'existence du combo de Virginie. Du fantastique
"Prowler in the Yard" en 2001 jusqu'à
"Phantom Limb" en 2007, passant, bien entendu, par le sommet qu'est
"Terrifyer" entre ces deux monolithes, Pig Destroyer a grandement contribué au Grindcore, lui conférant parmi ses plus belles lettres de noblesse. Et depuis ? C'est la dégringolade. Un
"Book Burner" en demie-teinte, pas forcément mauvais mais sans grande conviction, un EP bourré de bonnes intentions mais inintéressant (
"Mass & Volume"), pour finir en fanfare avec le désastreux
"Head Cage" il y a deux ans - que j'ai, avec le recul, généreusement noté. Une longue et douloureuse descente dans les tréfonds de la médiocrité, pourtant soutenue avec force marketing par Relapse qui, malgré un moteur flingué, un habitacle en feu et une trajectoire dirigée droit dans le mur, continue pourtant d'y croire.
Forcément, quand le label a annoncé, durant l'été, que le groupe reviendrait avec un EP, promettant
"A blistering dose of grindcore, harsh noise, and industrial swagger,", j'ai accueilli la nouvelle avec scepticisme, et un grand soupir. Après tout, les grandes phrases et les fausses promesses accompagnaient également la sortie de
"Head Cage", avec le résultat que l'on connaît. Pourtant, j'entretenais encore une maigre lueur d'espoir. Après tout, ce disque, même si catastrophique, comportait encore quelques petits sursauts, maigres rappels à une époque définitivement révolue - quand le groupe était encore bon. Et puis, vous savez ce qu'on dit : on oublie jamais vraiment ses premiers amours. Alors,
"The Octagonal Stairway", l'arc de la rédemption tant attendu, ou on continue de creuser ?
Disons simplement que cet EP aurait pu être drôle, très drôle, s'il ne finissait pas de chier sur une discographie bourrée de merveilles.
"The Octagonal Stairway" est fainéant, lacunaire, carencé, bref, du Grindcore qui bande mou. Je ne vois pas comment interpréter autrement la terrifiante machine à recycler que Pig Destroyer fait ici tourner à plein régime. C'est un festival de riffs réchauffés, d'auto-caricature, à l'image de ce sempiternel motif "double pédale / riffing tournoyant" répété sur les trois premiers titres, tentant de singer "Thumbsucker" sans jamais vraiment y arriver. Ce pauvre JR, qui n'a vraiment plus un broc de coffre, tente vainement de relever cette sauce fadasse en meuglant par dessus une section rythmique aux stéroïdes, insupportable. Blake Harrison, éternel
running-gag de la formation, bat le cheval mort (vous l'avez ?) en maculant les trois derniers titres de Noise bien proprette, entre beats que l'on croirait sortis des pires brouillons de Skrillex (le ridicule "News Channel 6") et flagrant-délit de remplissage éhonté sur l'interminable "Sound Walker", en featuring avec Igor Cavalera... Qui aurait aussi bien pu aller prendre un demi au bar du coin, tant son intervention est transparente. Qui sait, peut-être que sur le prochain EP, on aura Bryan Fajardo au djembe et Jon Chang au
yodel...
En parcourant les quelques chroniques disponibles sur internet, j'ai pu voir cet étron en barquette cellophanée encensé, et même comparé aux fulgurants débuts du groupe... Je ne sais pas combien Relapse paie les encarts publicitaires sur vos canards, les gars, mais pour réussir à me faire écouter plus de deux fois de suite
"The Octagonal Stairway", il me faudrait quelques chiffres à la suite.
"The Octagonal Stairway" est une sortie médiocre, sans inspiration ni saveur, se contentant d'empiler paresseusement les poncifs et de tartiner trois samples sur la face B. Gageons que cessent enfin les frais, qu'on puisse enterrer dignement le cadavre, raide et froid depuis plus de dix ans, de ce qui fut une légende. Le roi est mort, vive le roi... Mais pitié, qu'il se taise !
3 COMMENTAIRE(S)
18/10/2020 12:30
Et puis cette pochette sérieux, quelle horreur
18/10/2020 12:17
Pour les masochistes, l'EP s'écoute sur Bandcamp.
18/10/2020 11:33