Phobia - 22 Random Acts Of Violence
Chronique
Phobia 22 Random Acts Of Violence
En ces temps de « crise » et de misère, où l'économie n'est pas dans la période la plus florissante qui soit, où le chômage est toujours plus présent que jamais, où on parle de nous faire travailler jusqu'à 70 ans si on veut, où la télé continue à nous abreuver d'absurdités, où parfois on a vraiment l'impression d'avoir encore moins de considération qu'un étron négligemment parachuté sur un trottoir, en ces temps difficiles où pas grand chose ne va dans le bon sens, en ces temps où personne n'est foutu de savoir quel est le bon sens, il est des gens qui se sentent investis d'une mission. Il est des gens qui en viennent à se sentir obligés d'exprimer leur mécontentement de la manière la plus radicale. Et comme les choses qui dérangent et qui énervent existent encore et existeront certainement pendant un paquet de temps, certains n'arrivent toujours pas à garder leur langue dans leur poche.
A travers 18 années de furie grindcore et de tournées, 18 années de bons et loyaux services, Phobia a dégueulé sa haine comme on pourrait hurler dans une cinquantaine de mégaphones mis bout à bout. Que pourrait-on dire de plus après une carrière exemplaire. Pire encore, Phobia a-t-il encore quelque chose à prouver ? Là n'est pas l'intérêt fondamental des 22 brulots composants cette nouvelle galette des californiens, le but de la démarche est de prouver que le groupe est toujours prêt à se battre à coup de tessons de verre et à défendre son bout de pain comme un lion qu'on aurait nourri pendant 3 semaines avec une feuille de laitue par jour.
Une chose est sure Phobia reste Phobia, c'est à dire un groupe de grindcore particulièrement furieux et remonté puisant ces racines dans des formations emblématiques telles que Disrupt ou encore ExNxT, le tout avec une grosse touche de punk bien gueulard. Donc niveau agression sonore, cette nouvelle livrée remplit parfaitement son contrat en nous proposant un véritable concentré de violence bilieuse, expéditive et très rythmé. Le jeu de batterie de Danny Walker est d'ailleurs tout à fait admirable, le gaillard variant les tempos avec une grande habileté entre blast-beat supersoniques, breaks judicieux et autres d-beats assassins. Le son est tout bonnement haine-orme, d'une puissance redoutable avec des guitares abrasives et sévèrement burnées, une bonne basse ronflante et un mixage qui colle chacun à la place où il doit se trouver. Le chant empreint d'un nihilisme punk assourdissant (je ferais n'importe quoi pour qu'on évite de me gueuler dessus comme ça) vient couronner le tout soutenu par des backings incisifs. Bref, c'est du grand art (ça c'est pour la rime).
Nos quatre teignards savent lever le pied de temps à autre au détour de quelques passages punk fédérateur ou encore avec une poignée de riffs qui fleurent bon le rock'n'roll appuyés par un son toujours aussi énorme. Les titres s'enchainent vite et bien, avec un hargne qui me ferait presque penser à Repulsion (même si ces derniers étaient plutôt intéressés par le sang et la tripaille de nos chers con-citoyens plutôt que de leurs conditions au sein de la société). Tout ça donnerait presque envie de déclarer le lancé de parpaings sur poussette comme futur sport olympique pour le 23eme « random act of violence ».
Au final le nom de l'album sied à merveille au contenu, le tout passe comme une lettre à la Poste car vite expédié (désolé pour les renvois de lapin jaune) vu le peu de temps mort. Les années passent, Phobia est toujours là et entend bien le rester. Et avec un album de ce calibre, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait résister à une des formations les plus enragées et authentiques de la sphère grindcore.
| Scum 4 Novembre 2008 - 2569 lectures |
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