Phobia représente probablement pour beaucoup la quintessence même du Grindcore. Le groupe californien délivre maintenant depuis plus de vingt deux ans une musique furieuse, politiquement et socialement engagée et qui n'a jamais failli une seule seconde, restant fidèle aux codes établit quelques années auparavant par des groupes comme Napalm Death, Brutal Truth ou Repulsion. Ainsi Phobia poursuit son petit bonhomme de chemin, album après album, split après split, EP après EP, sans jamais ne rien changer à sa formule depuis longtemps éprouvée. Une rigueur et une dévotion à l'épreuve du temps qu'on ne peut que saluer.
Depuis la sortie de son album précédent, le très bon
22 Random Acts Of Violence, Phobia n'a pas chômé. En plus du EP intitulé
Unrelenting chroniqué sur ces mêmes pages, on compte également plusieurs splits en compagnie de Gadget, Extinction Of Mankind ou encore Abaddon Incarnate. Et malgré toutes ces participations, Phobia a tout de même trouvé le temps de nous pondre dix huit nouveaux morceaux pour une durée totale ne dépassant même pas les vingt minutes. Qui a dit expéditif? Dès la pochette, le groupe ne laisse planer aucun doute quant au contenu de son nouvel album. Un artwork à l'ancienne, en noir et blanc relevé par quelques touches de rouge sur fond de religion, d'armes à feu et de croix du chaos. Ça sent bon le Grindcore old school et effectivement, il n'y pas de tromperie sur la marchandise.
Avec une moyenne d'une minute par titre, Phobia ne s'embarrasse d'aucune fioriture. Tout juste retrouve t'on à quelques occasions des samples en guise d'introduction. Pour le reste c'est pied au plancher, médiator dans l'angle et caisse claire en mode marteau-piqueur. D'ailleurs Danny Walker s'en est allé (parti rejoindre Exhumed) et à depuis laissé sa place à Bryan Fajardo, un batteur tout aussi redoutable, ne déméritant pas une seule seconde, et qu'on a déjà pu entendre précédemment sur l'album
Subvert The Dominant Paradigm de Noisear. Certes, son jeu est ici un peu moins intéressant car un peu moins varié, mais cette rapidité d'exécution et cette rigueur dans la frappe suffisent pour comprendre que le monsieur n'est pas le dernier des manchots. Ça cogne donc dur et fort mais avec tout de même un soupçon de finesse et finalement pas mal de groove (rien que les premières trente secondes de "Assertion To Demean" suffisent à le prouver). Un jeu donc exemplaire venu appuyer des riffs toujours aussi redoutables et expéditifs. C'est là toute la force de Phobia, réussir avec des riffs d'une simplicité déconcertante à faire ployer le genou de n'importe quel auditeur. Ainsi, malgré les années, le constat reste le même: c'est simple mais toujours aussi terriblement efficace. Une succession de riffs tous plus punitifs les uns que les autres qui puisent leurs influences dans le Punk à crête vindicatif et revanchard des années 80. Des influences Punk qui se ressentent aussi lorsque le groupe se décide à calmer le jeu, comme par exemple sur les harmonies mélodiques délivrées sur "Deaden To Believe". Mais surtout, de ces influences Punk découle ce très fort sentiment d'urgence. Un sentiment de haine et de rage envers le Capitalisme et l'individualisme palpable à chaque seconde. Une vision du monde acerbe et critique que Shane Mclachlan continue de dépeindre avec violence et conviction. Le bonhomme éructe toujours avec autant de force et de puissance, épaulé de temps à autre par un second chant plus crié, moins gras, qui en renforce encore davantage l'effet.
Pas de surprise donc, Phobia nous sert ici ce qu'il sait faire de mieux depuis déjà plus de vingt ans. Une recette efficace qui ne trompe pas pour un Grindcore fidèle aux standards du genre qui réussit le tour de force de ne jamais lasser. Car même si la durée relativement limitée de ce genre d'album permet de ne pas voir le temps passer, on constate que derrière cette simplicité évidente, c'est surtout l'efficacité, l'intensité et la virulence du propos qui prennent le pas sur le reste. Produit par Scott Hull, ce nouvel album de Phobia ne se démarque pas spécialement de son prédécesseur mais continue d'offrir son lot de pépites Grindcore. Et c'est absolument la seule chose que l'on demande à Phobia.
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