Incipit Satan ou l’un des albums les plus controversés parmi les disciples de Gorgoroth. Au-delà de ça, une œuvre importante dans l’histoire des Norvégiens car elle marque l’arrivée de Gaahl comme nouveau frontman et du bassiste King Ov Hell, deux membres qui prendront les commandes du groupe par la suite. Pest ayant quitté la bande juste avant l’enregistrement de
Destroyer (présent en tant que « guest ») pour se consacrer à Obtained Enslavement (pour finalement partir aux Etats-Unis après la séparation de ce dernier), c’est donc Gaahl qui le remplace après un caméo sur
Destroyer (une introduction vénérée par beaucoup). L’inconnu au pseudonyme King Ov Hell remplacera T-Reaper à la basse. Quant aux fûts, il s’agira de Sersjant (Erlend Erichsen) pour succéder à Vrolok. Terminé le mythique Grieghallen Studio, Gorgoroth part à Stockholm, au Sunlight Studio (de maître Tomas Skogsberg, gourou du death metal suédois, vous avez bien lu) pour engendrer son cinquième méfait dédié à son défunt batteur Grim.
Une nouvelle ère débute pour Gorgoroth. Car même si le duo Infernus/Tormentor composera entièrement cet album, on sent que la venue de Gaahl et King Ov Hell a influencé indirectement un changement de direction musicale. Infernus leur laissera d’ailleurs carte blanche sur les deux opus suivants. Un Gorgoroth plus expérimental, n’hésitant pas à pondre des compositions mid-tempo plus ambiancées qu’à l’accoutumé voire carrément ambient (« A Will To Power »).
Destroyer laissait quelques pistes mais certainement pas à ce point. Les influences heavy antérieures ne sont plus seules, l’écoute de titres limite « indus » comme « Litani Til Satan » (à chaque fois je pense à Rammstein) et « An Excerpt Of X » (touchant) laissera les anciens adeptes circonspects, l’écart avec
Destroyer est étonnant. Et que dire de ce son ? Plutôt original de la part de Gorgoroth d’enregistrer au Sunlight Studio, pas vraiment réputé pour ses productions black metal nous en conviendrons. Point de pédales Boss HM-2 ou quelconque son de scie sauteuse du début des années 90, mais plutôt un son massif, rond et chaud, à des années lumières des productions « raw » habituelles. Une description qui servira de modèle pour le reste de la discographie de Gorgoroth.
L’esprit du groupe n’a pourtant pas changé. Une thématique toujours ancrée dans un antichristianisme exacerbé et une rage guerrière. La violence dégagée sur
Destroyer n’est pas complètement effacée, « Incipit Satan » ou le furieux « Ein Eim Av Blod Og Helvetes » (l’un des morceaux les plus brutaux de Gorgoroth) sauront satisfaire les plus intransigeants. La transition avec Gaahl se fera plutôt aisément, le nouveau frontman vomissant ses vers satanistes avec un coffre impressionnant (aussi bien dans les aigus que les graves) même si on regrettera l’aspect « aliéné » de Pest malgré quelques timides escapades (« A World To Win »). Un chant black qui n’a rien de révolutionnaire mais dont l’efficacité est redoutable, c’est un fait. Pest restera toujours pour moi « le » frontman de Gorgoroth. La force mélodique de Gorgoroth elle, est bien présente. Car parler d’
Incipit Satan, c’est avant tout citer le hit « Unchain My Heart!!! » (rien à voir avec Joe Cocker, nous sommes d’accord), morceau imparable aux set-lists de leurs concerts : une perle (une intro et un break cultissimes). Mais c’est aussi le final poignant « When Love Rages Wild In My Heart » (porté par le « crooner » Mikey Faust) confirmant le talent d’Infernus pour dénicher des melodies plus qu’entêtantes.
Alors « expérimental » oui, trop peut-être ? Ou mal exploité. La dérive heavy à paillettes de « A World To Win » par exemple. Pas mauvais en soit mais qui n’a absolument rien à avoir avec l’ambiance général de l’album (et à fortiori entre un primitif « Incipit Satan » et un « Litani Til Satan » placés comme tel). Des leads mélodiques pour fêter l’arriver du printemps incompréhensibles… Les aspects ambient utilisés ici arrivent à faire effet et à créer une atmosphère savoureuse assez authentique. Il est bien dommage que Gorgoroth n’ait pas plus poussé la chose au détriment de son format leitmotiv d’une petite demi-heure. On reste clairement sur sa faim.
Gorgoroth sort des sentiers battus et délivre certainement l’album le plus « original » de sa discographie, expérimentant dans divers horizons (« indus » et « ambient »). L’époque du « true raw melodic black metal » semble révolue. Des compositions contrastées, trop ? Inutile de dire qu’
Incipit Satan aura été sujet à débat... Mais cette aura singulière s’y dégageant (sous-exploitée) et la présence de quelques tubes auront indubitablement le dernier mot. Un album qui marque la dernière participation d’Infernus en tant que compositeur au côté de Gaahl et King Ov Hell.
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