Amputé d’une partie importante de ses anciens disciples, l’arrivée de Gaahl et King Ov Hell n’y est pas étrangère :
Incipit Satan était le signe avant coureur d’une mutation potentielle,
Twilight Of The Idols (encore une référence à Nietzche) confirmera la chose. Le line-up subira encore quelques changements radicaux. Le guitariste Tormentor entré en conflit avec le bassiste King Ov Hell, quitte le groupe, quant au batteur Sersjant, il laisse sa place à un certain Kvitrafn (Wardruna). Le fondateur Infernus est donc seul à la guitare, pourtant il n’aura aucune influence musicale, King Ov Hell et Kvitrafn seront désormais les deux compositeurs principaux. Outre ces chamboulements importants, les célèbres polémiques autour de Gorgoroth débutent par l’emprisonnement de Gaahl (neuf mois fermes pour des actes de violence). Pour leur sixième album, Gorgoroth n’ira pas cette fois au Sunlight Studio (surprise d’
Incipit Satan) et retournera dans sa ville d’origine qu’est Bergen (au Shimmer Recordings).
Le disque lancé, un constat clair et amer pour leurs adorateurs passé, le « true raw melodic black metal » des débuts ne reviendra pas. Gorgoroth reprend ce qu’il avait laissé sur
Incipit Satan, les Norvégiens continuent ainsi à alterner passages mid-tempo et morceaux plus furieux sous le feu d’une production puissante et chaude (hérésie à laquelle on s’habituera assez vite). Infernus n’écrira ici que la courte (et curieuse) conclusion aux claviers « Domine in Virtute Tua Laetabitur Rex » (une passion certaine pour le latin). C’est King Ov Hell qui aura composé presque entièrement l’album, tentant parfois de rappeler l’esprit antérieur du groupe en imitant Infernus (l’unique titre mélodique « Blod Og Minne »). Mais c’est dans un registre moins direct et plus expérimental sur lequel il officie ici (surtout en comparaison à
Ad Majorem Sathanas Gloriam). Sauf que là où le mid-tempo d’
Incipit Satan arrivait à créer une atmosphère sombre particulière et prenante, ici on s’ennuie plutôt par intermittences (« Teethgrinding », « Exit Through Carved Stones ») et ce ne sont pas les quelques poussées violentes qui changeront la donne (« Forces Of Satan Storms »). Osés et pas mauvais en soit mais assez éloignés de la qualité d’un groupe de cette prestance et manquant cruellement de saveur.
Non ce qui alertera d’avantage l’auditoire, ce sont les deux titres composés par le batteur Kvitrafn. Deux morceaux phares de
Twilight Of The Idols à placer indubitablement dans le panthéon des Scandinaves. Le premier est imparable et bon nombre l’associe par réflexe à Gorgoroth, il s’agit de l’hymne à l’Armageddon « Procreating Satan ». Tout simplement l’un des meilleurs morceaux de Gorgoroth (et l’un des plus brutaux), à l’introduction culte pour tous les adulateurs (je reste encore scotché à chaque écoute). Le chant possédé de Gaahl (inhumain) déjà impressionnant de puissance sur
Incipit Satan, vous hantera par ses modulations étonnantes et ses vers haineux contre le Christ. Bourré d’effets il est vrai, mais à l’efficacité redoutable. L’ancien frontman (irremplaçable) Pest semble avoir trouvé un digne successeur. Le glacial et terrifiant « Of Ice And Movement... » demeure l’autre sursaut de la galette. Il y a bien longtemps que le groupe n’avait pas pondu un titre aussi perturbant par ses riffs redondants et mystifiants (qui me rappellent beaucoup Dawn). Quel dommage que Kvitrafn n’ait pas plus été impliqué dans la composition de
Twilight Of The Idols, je pense que l’on aurait eu droit à un opus magistral (cet homme a un don pour trouver les riffs annihilateurs). Assez frustrant car il ne participera qu’à cet album de Gorgoroth.
Twilight Of The Idols ? Les adeptes de Gorgoroth hurleront instinctivement « Procreating Satan ». Car hormis ce titre majeur (l’un des meilleurs du groupe tout simplement) et l’inquiétant « Of Ice And Movement », le reste ne marquera pas tant que ça les esprits. Un bon album certes (quelques très bons passages parsemés), mais trop inégal et plat (une « folie » en dents de scie) pour pouvoir prétendre à concurrencer le reste de la discographie.
Ad Majorem Sathanas Gloriam saura corriger le tir.
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