Le nom de
STERVELING ne parlera sans doute pas à grand-monde, à juste titre, aussi peut-être faudrait-il que je commence par préciser que
M.vdW, l’unique membre permanent, est notamment passé dans les rangs de l’excellent
WESENWILLE, le temps du premier album seulement, en tant que bassiste et chanteur. Il officie également depuis 2009 au sein de
WELTSCHMERZ, une institution
black metal fort sérieuse à qui il emprunte d’ailleurs le précédent chanteur (2009 – 2018) pour s’occuper des voix, cela augure d’un truc parfaitement intéressant… Il y a encore un troisième larron qui participe à l’aventure afin de gérer les claviers,
M.R, alias
Mercur, alias
Matthias Ruijgrok, en provenance de
PROSPECTORS où joue également
M.vdW. Tout cela sent bon l’entraide ainsi que la franche camaraderie, c’est bien légitime.
Avec toutes ces informations, aussi anodines soient-elles, en tête je suis d’emblée dans les meilleures dispositions au moment de découvrir ce premier LP éponyme qui fait suite à la démo «
In de schoot der aarde » parue en 2022. Trois compositions allant de onze à quinze minutes, ce sont des durées que l’on a plutôt l’habitude de voir dans des albums de
doom ou au sein de projets dits expérimentaux («
Time is the Sulphur in the Veins of the Saint » d’
ABIGOR par exemple), aussi sera-t-il nécessaire de s’armer de patience pour espérer apprivoiser un tel phénomène. Abnégation, volonté, résistance seront des qualités indispensables à l’auditeur s’il souhaite se plonger émotionnellement dans cette narration mais les efforts seront pleinement récompensés. Tout du moins ils le seront si l’on ne s’attend pas à écouter du
raw black complètement extrême, assujetti corps et âme au Malin. Ici, les distances à parcourir sont telles que le compositeur a régulièrement autorité pour piocher du côté du
post, la vision
BM étant en l’occurrence foncièrement inscrite dans le modernisme, avec le touché froid de
WESENWILLE comme ressenti récurrent. Encore une fois, j’adore ce groupe donc découvrir l’une de ses extensions m’emplit de joie.
Comme vous vous en doutez, de telles compositions ne peuvent pas s’écouter d’une oreille distraite en expédiant de la paperasse administrative. Nous le pourrions mais nous n’en retiendrions alors quasiment rien. En revanche, une immersion au casque, le soir, confère l’attention nécessaire à la pleine prise de conscience du travail effectué : subtilité des claviers pour une approche presque
rock progressif (« Met kalmte in het hart »), assurément jamais symphonique, sensibilité lancinante des guitares (les quatre fantastiques dernières minutes de « Verstoten »), chant délicieusement écorché tout en n’hésitant pas à s’extraire du carcan criard pour s’orienter vers le clair, l’emphatique, le hurlé… C’est dans la subtilité de ses constructions babyloniennes que «
Sterveling » se dévoile, intrigue, fascine en dernière instance. Pourtant, en dépit de ses qualités stylistiques et de sa force évocatrice, je peine à imaginer que
STERVELING puisse atteindre le niveau de reconnaissance de
WESENWILLE, à qui il emprunte somme toute beaucoup, tout en allant plus loin. Chez ce dernier, il y a une force de concision, un sens de l’épure que le premier n’a pas, pour des raisons évidentes de longueur des morceaux et, pourtant, je vois ce travail comme un prolongement nécessaire, un travail de fond impressionnant pour un restitution très personnelle, une vision du
black metal qui tranche radicalement d’avec les habitudes, loin des poncifs, ignorant la facilité.
Je terminerai en insistant toutefois bien sur le fait que nous sommes face à une musique foncièrement agressive (« Oneindige oorlog ») et que le choix d’une écriture étirée ne porte jamais préjudice aux aspects belliqueux. C’est juste qu’il y a une intelligence de chaque instant dans le choix des tempos, les jeux de climats, de tensions, qui rendent l’expérience addictive.
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