Perverted Ceremony - Sabbat Of Behezaël
Chronique
Perverted Ceremony Sabbat Of Behezaël
La Belgique ne serait-elle pas une terre d’esprits dérangés ? De gens malades, inquiétants, étranges et torturés ? Les producteurs et réalisateurs de l’émission Strip-Tease semblaient déjà le penser en 1985 et n’ont eu de cesse de nous le montrer à grand coup de reportages tous plus improbables les uns que les autres mettant souvent en avant une certaine misère sociale/humaine crue et assez dérangeante. Bien entendu, je grossis ici volontairement le trait afin de mieux appuyer mon propos dans le cadre de cette introduction. Néanmoins, il faut bien avouer que l’on est en droit de se poser la question à l’écoute de la musique de Perverted Ceremony.
Formé en 2011 à Bruxelles, cette mystérieuse entité opère sous la forme d’un duo composé de Morbid Messiah et Baron Cimeterre. Le groupe enregistre sa première démo en 2012 qu’il diffuse alors sous le manteau à destination de ses proches ainsi qu’à quelques labels/distros judicieusement sélectionnés. Ce n’est que courant 2016 que le nom de Perverted Ceremony commence alors à se répandre, d’abord grâce à la sortie sur Nuclear War Now ! de cette même première démo rééditée au format "pro-tape" puis cette année avec la parution, toujours sur le label californien, d’un premier album intitulé Sabbat Of Behezaël.
Si certains artworks sont parfois trompeurs, celui de Sabbat Of Behezaël ne l’est absolument pas et se conjugue ainsi très bien avec ce patronyme - Perverted Ceremony - aussi repoussant qu’attirant. Une fois le regard posé sur cette inquiétante photo qui sert de cover, on est alors happé par l’atmosphère crasseuse et interdite qui s’en dégage ainsi que par certains aspects plus naïfs (ce logo ainsi que cette typographie qui semblent réalisés à main levée) et dépouillés (ces maigres bougies vacillantes, cette lumière de cave bétonnée, ce sang âcre et dégoulinant, ces attitudes cérémonielles...). Par cette mise en scène visuelle, Perverted Ceremony souhaite clairement mettre en garde l’auditeur quant au contenu de ce premier album. A vous auditeurs qui souhaiterez poser vos oreilles sur ce disque, vous voilà donc prévenus.
A l’image de cette photographie, Perverted Ceremony propose donc un Black Metal particulièrement primitif et dépouillé faisant notamment échos au premier album des Finlandais de Beherit, Drawning Down The Moon. Un retour en arrière comme pour rappeler qu’il y avait à l’époque quelque chose de malsain et de dérangeant dans le Black Metal. Quelque chose qui s’est estompé au fil des années mais que quelques groupes continuent de faire vivre à travers une approche particulièrement exclusive. Non pas d’un point de vue technique mais plutôt parce que Perverted Ceremony fait ici tout son possible pour laisser les non-initiés sur le bas-côté. Comment ? Et bien pour commencer à travers une production particulièrement crade et bancale. Captation sur un magnéto à bande Fisher Price, souffle et saturation des plus excessifs, mix totalement inexistant et déséquilibre évident dans le rendu de chaque instrument... Une démarche tout à fait volontaire dans laquelle le duo ne cherche clairement pas à séduire le plus grand nombre mais bel et bien à capter l’attention de tous ces dépravés qui nourrissent leurs esprits et leurs corps du vice et des immondices de ce monde.
Cette production dégueulasse va servir un Black Metal tout aussi rudimentaire fait de riffs à trois notes répétés ad nauseam, de lignes de basse fiévreuses et hypnotiques, d’une multitude de voix vomit sous forme d’incantations ou de cris maladifs et décharnés ainsi que de séquences de batterie toutes plus répétitives et binaires les unes que les autres. Certaines accélérations infernales (les premières mesures de "Black Fur Demoniac", "Necrolactation Unborn Goat" à 2:38, le début de "Woods Of The Black Offering", "Crypt Of Behezaël" à 2:08...) ainsi que quelques leads diaboliques (le début de "Black Fur Demoniac", "Necrolactation Unborn Goat" à 3:29 et 5:04, "Crypt Of Behezaël" à 1:58, "Whips Of Impurity" à 2:39, etc) vont toutefois venir rompre cette espèce de routine aliénante mais l’air n’en demeure pas moins vicié et suffocant pour autant. Encore une fois, le duo derrière Perverted Ceremony ne sert qu’un seul but : la mise en place d’une ambiance délétère sous la forme de rituels auditifs obscurs et malfaisants. Un travail qui ne brille ni par son originalité ni par sa technique mais qui possède l’essentiel, une âme dramatiquement corrompue.
Aussi surprenant que cela puisse paraître et en dépit de certaines références particulièrement évidentes, ce premier album de Perverted Ceremony s’avère pourtant des plus rafraîchissants. On ne peut pas dire qu’avec une telle recette et surtout une telle production le duo ait néanmoins cherché à rendre son propos le plus accessible mais de toute façon là n’est certainement pas le propos. Il y a en tout cas sur ce Sabbat Of Behezaël un je ne sais quoi qui fait toute la différence et qui malgré la crasse, la maladie et la perversion qui le caractérisent e le rend terriblement irrésistible. C’est bancal, mal produit, exécuté avec l’impression que tout le monde s’en fout royalement mais putain, ça vous prend juste aux tripes. Point barre.
| AxGxB 14 Juillet 2017 - 1194 lectures |
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