Si vous suivez un tant soit peu l’activité du label Purity Through Fire, vous n’êtes probablement pas sans savoir que ce dernier a récemment sorti le nouveau EP de Mavorim, un one-man band allemand mené par un certain P. avec qui le label a déjà largement collaboré puisque pas moins de trois sorties ont été dévoilées entre décembre 2018 et février 2019. Outre la réédition de
Heimkehr, première démo du groupe datant de 2016 et celle du EP
Der König Ist Tot paru initialement début 2018, Mavorim a également sorti en fin d’année dernière son tout premier album intitulé
Silent Leges Inter Arma. Avec presque neuf mois de retard et après deux chroniques pour le moins enthousiastes, il était temps de se pencher avec intérêt sur ce dernier.
Bien moins porté sur les vestiges architecturaux et la nature allemande, l’artwork de ce premier album évoque davantage l’action directe d’un groupuscule armée que les pérégrinations en forêt bavaroise un dimanche d’automne. Entre ces murs en ruines, cette cagoule arborée et cette torche enflammée brandie fièrement, il y a dans cette composition tout de gris et de noir quelque chose évoquant bien plus qu’auparavant le combat et la résistance (thème néanmoins déjà abordé par le passé par Mavorim avec des paroles en lien avec le folklore et les traditions allemandes). Une impression confirmée par ce titre en latin que l’on pourrait traduire (enfin pour le coup c’est Google qui l’a fait) par « Les lois se taisent ». En attendant, ce changement de thématique dans l’artwork n’est en aucun cas le signe d’un quelconque durcissement du propos de Mavorim qui, sans surprise, continue ici de marcher dans les pas de ses sulfureux compatriotes d’Absurd.
Très certainement satisfait de ses expériences passées en compagnie de Markus Skroch, P. a naturellement repris les chemins des Kalthallen Studios pour un résultat toujours aussi impeccable qui ne manque certainement pas de caractère même s’il faut bien l’admettre, cette production n’a en soit rien de très originale. En tout cas, elle se concentre sur l’essentiel en mettant l’accent sur les deux atouts majeurs de Mavorim : ses riffs froids et abrasifs d’un côté et ses mélodies épiques et fédératrices de l’autre.
Les premiers vont apporter cette noirceur, cette hargne et cette intensité typique d’un Black Metal germanique, notamment lors de ces séquences les plus rapides qui, rappelons-le à toute fin utile, ne constituent pas l’essentiel de la musique de Mavorim portée ici à part égale sur de puissantes tirades mid-tempo chargées en mélodies évocatrices. En effet, comparé à ses sorties précédentes et notamment celles abordées ici-même, il semble que P. ait quelque peu revu les proportions de sa formule comme pour mieux séduire un auditoire pas toujours très enclin à souper du mid-tempo plus que de raison (Passé cette introduction qu’est "Einklang", l’album s’ouvre par un "Das Fleisch Der Engel" ne laissant aucun doute sur les intentions de Mavorim). En attendant,
Silent Leges Inter Arma ne donne pas à s’ennuyer avec justement beaucoup de passages menés le couteau entre les dents. Des séquences particulièrement soutenues où P. n’a de cesse de cavaler avant de finalement nous prendre à revers avec ces nombreux moments de grâce dont il a le secret.
Car en effet, ce qui fait probablement le charme de Mavorim tient davantage dans ces passages mélodiques que dans ces attaques frontales plus communes. A moins que ce ne soit justement la combinaison des deux qui fasse tout le charme du one-man band allemand ? En tout cas une chose est sûre, c’est bien la juxtaposition de ces mêmes séquences qui va apporter ce contraste absolument nécessaire pour ne pas faire de cette formule quelque chose de trop linéaire et donc de fatalement ennuyeux.
Évoquant tour à tour cette nature boisée et vallonnée, ces mythes et légendes d’un autre temps ou bien encore cette espèce de noblesse et de grandeur toute germanique, ces mélodies sont assurément les moments les plus forts et les plus poignants de l’album et du Black Metal proposé par Mavorim en règle générale. Difficile ainsi de ne pas avoir le poil qui se hérisse à l’écoute de moments aussi épiques que ceux de "Das Fleisch Der Engel" à 0:27, 1:49 et 2:29, "Waffenträger" à 0:34 et 2:03, "Heimatboden" à 4:12, "Feind Geworden" à 2:30 et 4:03 ou "Kolosse Aus Stahl" à 1:30 et 3:08 ou de ne pas sentir cette espèce de fierté teutonique lorsque P. se met à entonner ces quelques séquences particulièrement puissantes et fédératrices comme sur "Waffenträger" à 5:29 ou bien encore "Kolosse Aus Stahl" à 3:38. Bref, il y a dans ces moments suspendus quelque chose de pur et de sincère qui ne manquera pas d’émouvoir.
Après une première démo et un EP qui avaient su me mettre l’eau à la bouche, Mavorim confirme ici sans mal et même avec encore davantage de succès qu’il est effectivement l’un des dignes héritiers d’Absurd et surtout que sa formule, même s’il elle n’a en effet rien de très originale, possède ces mêmes facultés à évoquer tout un tas d’images et de sentiments puissants qui risques de la rendre absolument incontournable pour quiconque présente un tant soit peu de dispositions pour ce genre de Black Metal épique et fédérateur. Assurément une belle découverte en ce qui me concerne.
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