Sorti en août 2019 sur Purity Through Fire,
Aasfresser n’est pas de toute première fraîcheur. Mais comme j’ai décidé de me pencher à nouveau sur le cas de Mavorim, il me fallait rattraper mon retard en reprenant tout simplement les choses là où je les avais laissé. C’était il y a déjà plus d’un an à l’occasion de la chronique de
Silent Leges Inter Arma, un premier album particulièrement convaincant distillant un Black Metal fier et conquérant empreint néanmoins d’un très fort sentiment de mélancolie.
La suite de cet album, c’est donc ce EP particulièrement généreux puisque du haut de ses dix titres (et oui, quand même) celui-ci se rapproche dangereusement des cinquante-cinq minutes ! Autant dire que vous en aurez pour votre argent si vous vous décidez à passer à la caisse. Cependant, à y regarder d’un peu plus près, on comprend mieux la durée excessive de ce qui nous est pourtant vendu comme un EP.
Aasfresser est en fait composé de six nouveaux morceaux enregistrés en 2019 auxquels s’ajoutent quatre démos datant quant à elles de 2017 et restées inédites jusque’à ce jour. Si l’homme derrière tout ceci pose en couverture de ce EP les bras croisés avec deux magnifiques cure-dents,
Aasfresser n’a donc rien d’un EP de feignant...
Comme toujours avec Mavorim, les choses débutent par une (longue) introduction servant à poser les bases mélodiques de cet univers dans lequel trempe l’allemand depuis ses débuts. Intitulé "Victoria", ce titre mené à l’orgue et à la caisse claire va amener dès les premières secondes une atmosphère de chasse à court bavaroise un brin grandiloquente. Aussi, derrière ces airs solennels (et presque militaires) on sent poindre la mort, la victoire implacable ainsi qu’une très grande fierté. Bref, tout ces sentiments qui caractérisent en quelque sorte le Black Metal de Mavorim...
Passé ces presque trois minutes d'introduction, P. va renouer avec ce Black Metal fier et conquérant marqué autant par ces accélérations jubilatoires à base de blasts soutenus (l’entame redoutable de "Aasfresser", "Geeint Im Kampf" à 2:41, les premières minutes de "Missraten Und Verkommen" et "Ein Hasserfüllter Geist") et autres tchouka-tchouka toujours aussi efficaces (l’entraînant "Ein Hasserfüllter Geist") que par ces séquences mid-tempos aussi entêtantes que contemplatives (l’excellent "Geeint Im Kampf" et son côté va-t-en-guerre plutôt évident, "Missraten Und Verkommen" à partir de 1:20 et 3:46). Mais ce qui fait surtout le sel de Mavorim ce sont ces fameuses mélodies ("Aasfresser" à 0:39, le début de "Geeint Im Kampf" ainsi qu’à 2:41, "Missraten Und Verkommen" à 2:13 ou 6:24, "Ein Hasserfüllter Geist" à 0:46) qui, en plus de ce chant guttural scandé intelligiblement dans la langue de Goethe, donnent un goût si particulier au Black Metal de l’Allemand. On sent en effet chez Mavorim une certaine nostalgie vis à vis d’une époque aujourd’hui révolue ainsi qu’une ferveur païenne pour le moins évidente qui réussiront ainsi à transporter sans aucun mal l’auditeur dans ces paysages verdoyants, brumeux et montagneux de Bavière où à choisi de s’exiler P. depuis maintenant quelques années.
Aasfresser (le EP) se conclu par une longue tirade au piano auquel vont venir se mêler à mi-parcours des violons et percussions afin d’en renforcer l’impact.
Mais comme on l'a vu, cette conclusion n’en est pas tout à fait une puisque s’en suit quatre morceaux inédits datant de 2017. Outre cette production un poil moins équilibrée et soignée (et encore, on saurait largement s’en contenter), on remarque très vite que ces titres sont moins portés sur la mélodie que leurs prédécesseurs. Bien sûr, ces derniers n’en sont pas totalement dépourvus (notamment "Hort Der Seligkeit") mais on ne va pas retrouver sur ces quelques morceaux cette flamboyance qui caractérise notamment les titres d’
Aasfresser. Non, ici l’apport mélodique est plus discret ce qui, naturellement, confère à ces quatre morceaux un aspect plus fade et surtout bien moins épique que ce que Mavorim a l’habitude de nous servir. Pour autant, ces compositions demeurent d’excellente facture (on y retrouve ces riffs nerveux et habités et cette dynamique alternant franches accélérations et passages mid-tempos entêtants) et raviront à n’en point douter les amateurs de Black Metal germanique dans tout ce qu’il a de plus noble et implacable.
Généreux EP de près de cinquante-cinq minutes,
Aasfresser s’inscrit dans la continuité de l’album
Silent Leges Inter Arma et distille avec talent tout ce qui fait la singularité du Black Metal allemand, ce Black Metal porté notamment par Absurd en son temps. Si le lien a toujours été des plus évidents, on continuera de ne pas spécialement en tenir rigueur à Mavorim qui par le biais de ces compositions nous transporte une fois encore dans ses paysages saisissants où à cette magnifique sublime se mêle histoires et traditions d’un autre temps.
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