Nightside - Death From The North
Chronique
Nightside Death From The North
Si on connait la productivité record de la scène Black finlandaise il avait néanmoins fallu dix-sept années à BLACK BEAST pour pondre son premier album, un record aujourd’hui battu avec ce second volet de NIGHTSIDE qui aura mis vingt-trois ans à voir le jour... même s’il y a eu une longue interruption entre les deux opus. Car si le combo avait fait son petit effet avec l’excellent « The End Of Christianity » publié en 2001 il avait fini par se séparer corps et biens quelques temps plus tard, avant de reprendre vie en 2021 autour du chanteur Jerry Kurunen et du batteur Harri Hakala. Ayant recruté toute une nouvelle équipe autour d’eux le binôme originel s’est entouré de membres expérimentés qu’on a pu entendre notamment dans SEIDUR ou encore NORRHEM, histoire que ce retour se fasse sous les meilleurs auspices... ce qui est totalement le cas. Car sans chercher à se renouveler le groupe a repris les choses où elles en étaient restées, bien décidé visiblement à rattraper le temps perdu et de ce point de vue-là on n’est pas déçu tant cette galette se place qualitativement dans la droite ligne de ce qui est produit en Finlande depuis déjà pas mal de temps.
Pourtant le démarrage va être un peu laborieux avec les longueurs évitables de « Death From The North » qui s’éternise inutilement et se montre de fait assez répétitif, vu que le tempo reste quasiment en permanence sur du blast minimaliste à l’instar des riffs joués en boucle. Si l’ensemble montre de bonnes idées et des ambiances neigeuses et éthérées impeccables, il manque ici un petit truc pour vraiment se laisser embarquer... ce qui heureusement va être le cas dès la plage suivante (« The Crumbling Tower »). Plus condensée celle-ci va montrer plus de variété en jouant sur l’habituel grand-écart rythmique tout en y ajoutant un léger côté martial et une simplicité plus affirmée, pour obtenir ainsi un rendu où la lumière hivernale se mêle aux longues tempêtes de cette période sans que l’obscurité y soit trop présente. Car si tout ça reste sombre l’opacité n’est non plus totale vu que la musique de la formation mise plutôt vers le gris tout en voyant des ambiances guerrières apparaître progressivement, à l’instar de celles proposées sur l’excellent « Disciples Of Darkness » où le mid-tempo bien présent au milieu du long tabassage amène un supplément épique joyeux et implacable. Porté en prime par quelques nappes éthérées de clavier (qui d’ailleurs n’est jamais trop présent sur ce disque - préférant la parcimonie à l’excès pompeux) qui ajoutent à la densité générale, ce morceau donne clairement l’envie de prendre les armes (malgré la couche de neige et les journées très courtes) aidé par une mélodie qui n’est jamais loin... preuve en est la doublette réussie « There Won’t Be Another Dawn » / « The Dying Sun ».
Car ici l’entité va miser sur une rêverie plus intense tout comme une certaine tristesse d’après-bataille, tant l’on compte ici les braves guerriers tombés l’épée en main sans pour autant effacer complètement toute trace sanglante... vu qu’elle est simplement plus discrète. Si sur cette première composition ça va encore s’énerver sec (tout en offrant un vrai moment d’alternance musicale régulière) pour que la virulence ne soit pas mise au rebut, sur la seconde en revanche ça reste tranquillement posé en médium avec de légers accents Heavy, et même si c’est bien fait et très mélancolique ça finit par ronronner un peu du fait d’un manque de couilles préjudiciable à la longue. Rien de rédhibitoire heureusement tant cela est bien fait et montre que l’équilibre proposé par les gars est globalement réussi, même s’il est parfois à la limite de l’instabilité... cependant après ce chapitre aux accents plus doux et délicieusement aériens le débridage et la virilité vont revenir en force sur les redoutables « Gates Of Hell » et « Lions ». En effet ici pas de quartier semble être le crédo initié vu qu’entre la nuit mystérieuse et glaciale et les accents tempétueux tout ici est propice à une violence en règle, et c’est ce qui se passe ici où malgré la présence de quelques plans plus ralentis et lourds la priorité est donnée à un rendu plus frontal et musclé, et où l’écriture elle-aussi s’est radicalisée et simplifiée. Si tout un disque joué comme cela aurait été vite lassant ici les nordiques arrivent parfaitement à leurs fins en donnant autant envie de secouer la tête que de tout exploser sur leur passage, avec toujours cette exécution propre et sobre sans fioritures qui leur sied parfaitement. Du coup pour terminer dignement tout cela « In Solitude I Wander » est le parfait exemple d’une galette qui ne cesse de gagner en puissance au fur et à mesure qu’elle s’écoule tranquillement, vu qu’ici tout est de sortie une ultime fois et l’on s’embarque donc vers un démarrage mené tambour-battant qui s’amenuise ensuite pour voir l’espoir et la tristesse apparaître doucement. Portée par un long solo qui emmène les guerriers vers le Valhalla cette conclusion est à la fois pleine d’espoir et glaciale, grâce notamment à des arpèges acoustiques tout doux qui servent à clore la bataille comme un disque absolument réussi et bien plus profond qu’il n’y paraît au départ.
Sans jamais tomber dans l’écueil du kitch et du plaintif insupportable le sextet réussit parfaitement son retour même si on aurait aimé qu’il se lâche un peu plus, tant on sent qu’il est capable d’élever son niveau de jeu. Si l’on pourra un peu tiquer sur la production trop légère qui manque de puissance et d’épaisseur (la batterie est clairement molle et sèche) pour le reste il n’y a rien à signaler tant l’ensemble est d’une grande densité, et convaincra sans peine autant les fans de radicalité que ceux aimant les ambiances fantasmagoriques. A la fois propre, professionnelle et jouée avec soin par des musiciens maîtres de leurs instruments respectifs, cette mort du nord confirme la suprématie du pays des mille lacs dans le genre et que tout ce qui vient de là-bas se transforme généralement en or. Pas besoin d’alchimie ou de rites occultes pour y parvenir mais un vrai savoir-faire d’une nation où la musique extrême est une religion, et nul doute que ce disque fera partie des tous meilleurs originaires de là-bas en 2024... tant il a suffisamment d’arguments positifs pour faire passer un bon moment. Cependant pour faire de ses auteurs des futurs incontournables il faudra encore légèrement hausser le niveau, tant parfois ça tombe un peu dans la facilité et la prévisibilité... mais bon ça n’est que de l’ordre du détail finalement et qu’il y a bien plus de positif que de négatif au final.
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