En élève studieux et appliqué c’est en novembre 2021, quelques mois seulement après la sortie de sa première démo intitulée
Denn Die Todten Reiten Schnell, que nous vous présentions Kerasfóra en ces pages. Pour rappel ou si vous avez malheureusement loupé la chronique d’Erzewyn, il s’agit d’un one-man band chilien mené par un individu opérant derrière ce même patronyme et s’adonnant à la pratique d’un Black Metal atmosphérique et mystique particulièrement engageant, notamment grâce à un travail mélodique original et pour le moins hypnotique.
Trois ans plus tard, le Sud-Américain est aujourd’hui de retour avec
Six Nights Beyond The Serpent's Threshold, un premier album paru le mois dernier chez Iron Bonehead Productions et dont la sympathique et mystérieuse illustration aux traits symptomatiques d'une époque lointaine et aujourd’hui révolue devrait à vue de nez avoir poussé les néophytes et autres curieux bien inspirés à la lecture de ce nouvel écrit. Enregistré entre 2021 et 2023 entre le Chili et l’Autriche, ce disque de trente-et-une minutes compte six nouvelles compositions. Certes, ce n’est pas avec ce genre d’album que l’on ira s’étouffer mais n’ayant rien d’autre à lui reprocher, ce sera là le seul potentiel grief que l’on pourra donc dresser à son écoute…
En effet, tant pis pour le suspens, mais
Six Nights Beyond The Serpent's Threshold est un album incroyablement prenant dont le premier atout, outre cette gravure ancienne dont je n’ai pas réussi à retrouver l’auteur/trice qui se cache derrière, est assurément cette production tout à fait à propos. Le Chilien nous offre effectivement matière à se réjouir grâce notamment à un son de guitare particulièrement épais et abrasif ainsi qu’une approche globalement dépouillée et un brin spectrale. Alors rassurez-vous, nous sommes ici très loin de ces productions décharnées qui pullulent dans les bas fonds de la scène Black Metal mais pour autant celle-ci ne manque absolument pas de caractère et participe grandement aux charmes de cette musique ô combien hypnotique.
Car c’est là le principal atout de Kerasfóra et une fois encore de ce premier album. Des mélodies particulièrement atypiques et entêtantes dispensées tout au long de ces trente-et-une minutes qui d’une certaine manière vont rappeler celles déjà entendues chez un groupe comme Inquisition. Étranges, mystérieuses et envoutantes, celles-ci possèdent la capacité de vous hypnotiser et de vous transporter ailleurs, dans des contrées lointaines et inexplorées. Un travail qui bien que répété inlassablement sur chaque titre s’avère particulièrement subtil et convaincant puisqu’il participe à faire ici toute la différence et à rendre finalement le Black Metal de Kerasfóra absolument unique. Ces mélodies vénéneuses, si elles semblent être nées d’un instrument à corde (distendues) passablement mal accordé, sont régulièrement soutenues par des nappes et autres petites touches de synthétiseurs qui viennent adroitement renforcer leur effet pour une immersion encore plus savoureuse. À noter également ces quelques arrangements proposés sous la forme de séquences acoustiques servant soit d’introduction ("Of Night And Fire") ou bien de conclusion ("Of Enlightenment And Fall" et "Of Serpent And Return"). Des passages une fois encore particulièrement bien troussés qui confèrent une aura et un charme supplémentaires à la musique décidément irréprochable du Chilien.
Qualifiée de Black Metal atmosphérique, celle-ci ne conviendra d’ailleurs probablement pas à ceux qui cherchent un groupe menant sa barque tambour battant. Car si ces six morceaux s’avèrent relativement courts (cinq minutes en moyenne), ces derniers sont néanmoins marqués par un rythme lancinant et quelque peu répétitif qui va effectivement largement contribuer au caractère atmosphérique dont se revendique la formation. Loin de poser un quelconque problème, cette approche pour le moins entêtante permet naturellement d’entretenir la nature hypnotique de ces compositions aux charmes définitivement multiples et singuliers. Qui plus est, du haut de sa petite demi-heure,
Six Nights Beyond The Serpent's Threshold n’a pas le temps d’ennuyer et c’est bien souvent pris de cours que l’on voit la fin du voyage malheureusement se profiler... Et puis surtout, il y a malgré tout de la nuance même lorsque ces fameuses mélodies semblent tourner en boucle. De légères variations dynamiques (avec en toile de fond une batterie synthétique qui étant donné la cadence modérée ne souffre pas de sa condition), quelques solos ponctuels, des changements de tessitures... Bref, de quoi nous donner du grain à moudre.
Probablement voué à demeurer dans l’ombre malgré une collaboration avec Iron Bonehead Productions qui lui aura tout de même permis d’appâter quelques clients désormais dévoués, Kerasfóra poursuit ici son petit bout de chemin avec toujours autant de réussite et de succès. Hormis ces trente-et-une minutes un brin frustrantes, il n’y a absolument rien à reprocher à cet excellent
Six Nights Beyond The Serpent's Threshold (pas même cette boîte à rythme finement programmée) qui brille une fois de plus par sa singularité et le caractère particulièrement hypnotique de ses mélodies étranges et atypiques. Attendu au tournant (par ceux ayant eux la chance de découvrir la formation en 2021) après des débuts prometteurs (l’excellent
Denn Die Todten Reiten Schnell), Kerasfóra confirme l’ensemble des bonnes choses adressées à son égard à travers six nouvelles compositions finement écrites et interprétées. Comme quoi, il est encore possible de sortir du lot et d’offrir quelque chose d’assez original sans pour autant faillir aux codes du genre. Bref, voilà un album chaudement recommandé.
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