Sorti fin novembre sur le label Terratur Possessions,
Winds Of Wrath est déjà le troisième album de Whoredom Rife, entité norvégienne qui depuis ses débuts en 2014 enchaîne les sorties (albums, split, EPs...) avec une régularité sans faille. D’ailleurs à l’heure où j’écris cette chronique, le duo vient d’annoncer à la surprise générale en avoir déjà terminé avec l’enregistrement de son prochain album qui ne sortira néanmoins que dans le courant de l’année prochaine (la faute à des délais de production qui ne cessent de s’allonger dans les quelques usines à vinyles en activité à travers le monde). Une productivité débordante qui pourrait laisser supposer à ceux de peu de foi une éventuelle baisse de qualité sauf qu’à vrai dire il n’en est rien puisqu’après un
Nid - Hymner Av Hat légèrement en deçà de son prédécesseur, le très bon
Dommedagskvad, le groupe originaire de Trondheim revient aujourd’hui faire parler de lui (après deux EPs et un split) le temps d’un
Winds Of Wrath particulièrement convaincant.
Toujours en charge d’illustrer l’essentiel des sorties de Whoredom Rife, José Gabriel Alegría Sabogal livre ici une oeuvre particulièrement flamboyante dont émanent des odeurs de mort, de souffre et de blasphème. Loin de cette vision brumeuse et guerrière ayant servi d’illustration à l’album
Nid - Hymner Av Hat, l’artiste allemand exilé depuis au Pérou livre à l’occasion de ce troisième album une oeuvre infernale et profondément anti-chrétienne qui constitue probablement l’un des plus beaux artworks de 2021 avec, en tout cas pour la version digipack, l’usage d’un vernis sélectif permettant de mettre en lumière certains éléments de cette somptueuse réalisation. À titre personnel il ne m’en fallait pas davantage pour avoir envie de me plonger avidement dans la découverte de ce nouvel album plein de promesses et peut-être effectivement un petit peu plus engageant visuellement parlant.
Pourtant rien n’a changé dans la formule employée par le duo qui se livre une fois encore à une relecture fidèle de ce qui se faisait dans son pays et chez ses voisins (la Suède) pendant les années 90 ainsi qu’au début des années 2000. De ces trémolos épiques et sombres à ces accélérations soutenues et quasi-ininterrompues en passant par ces changements de rythmes nécessaires et surtout très bien amenés ou bien encore ces atmosphères glacées et malfaisantes, il suffit de fermer les yeux pour y déceler aisément une pointe de Mayhem, une touche de Watain, un soupçon de Satyricon ou bien encore une pincée de Dissection. Alors non, c’est un fait que personne ne cherchera à nier, Whoredom Rife n’a effectivement rien inventé mais de toute façon ça on le savait déjà. Aussi comme bon nombre de formations estampillées Black Metal, la position des Norvégiens est claire et consiste simplement à rendre le plus bel hommage qui soit à cette scène à laquelle ils ont d’ailleurs contribué. Eh oui, bien qu’il soit considéré comme un groupe relativement récent, les membres de Whoredom Rife ne sont pas de jeunes bambins inexpérimentés. Derrière chaque instrument se cache ainsi monsieur Vegar Larsen dont les premiers enregistrements documentés remontent à la seconde moitié des années 90 lorsque celui-ci martyrisait ses fûts chez un certain Keep Of Kalessin (une position qu’il a occupé jusqu’en 2016) alors que derrière le micro c’est Kjell Rambeck du groupe Bloodthorn (celui du split avec ...And Oceans) qui pousse la chansonnette depuis plus de huit ans. Il n’y a donc rien d’anormal à constater dans le Black Metal de Whoredom Rife le même respect pour certaines traditions scandinaves en la matière.
Sans surprise mais d’une grande élégance, la musique de Whoredom Rife se déroule donc à coup de riffs noirs particulièrement majestueux, épaulés comme toujours par une section rythmique toujours aussi entrainante menée pour l’essentiel à coups de blasts soutenus n’ayant naturellement de cesse de nous matraquer le crâne. Une dynamique particulièrement haletante qui pourrait sembler un brin répétitive (surtout vue la durée des morceaux et leurs huit minutes de moyenne) mais qui heureusement est contre-balancée dans un premier temps par un très grand effort mélodique opéré tout au long de ces quarante-cinq minutes. De ce riffing harmonieux qui va venir régulièrement doubler la guitare rythmique à ces nombreux leads et autres incursions mélodiques ("Curse Of The Moon" à 3:31, "A Thousand Graves Endured" à 0:52, 1:55 et 5:21, "Gospel Of Hate" à 3:12 et 6:24, "Winds Of Wrath" à 1:19, "Einride" à 4:17...),
Winds Of Wrath baigne dans une atmosphère qui dans un jeu de clair/obscur va évoquer à chaque instant une certaine idée de grandeur et de noblesse qui sied à merveille au Black Metal des Norvégiens et que jusque-là nous n’avions jamais sentie aussi intensément. Cette cadence très marquée est également contrastée par quelques changements de rythmes qui comme évoqué un petit peu plus haut sont amenés intelligemment et servent parfaitement le propos du duo. Des séquences comme celles constatées sur "A Thousand Graves Endured" à 3:39, "Gospel Of Hate" à 2:25 avec ce riffing qui rappellera au geek comme moi le thème principal de Kamino dans l’épisode 2 de Star Wars, "Hav Av Sykdoms Blod" à 2:34 ou sur l’excellent "Einride" qui clôture l’album de manière bien plus posé permettent ainsi d’aérer ces longues compositions menées le couteau entre les dents et ainsi par un contrepied très simple de varier les plaisirs tout en amenant l’auditeurs vers d’autres horizons un poil moins obscurcis mais tout aussi menaçants...
Si ce troisième album n’est donc fondamentalement pas bien différent de ses prédécesseurs, on y décèle néanmoins deux choses. La première et la plus évidente est tout simplement que ces six nouvelles compositions se montrent plus efficaces et mémorables et que l’envie d’y revenir est indéniable même après de nombreuses écoutes. La deuxième est que l’on note également des sonorités et ambiances plus élégantes, plus nobles qui lui confère une aura et un charisme que ses deux prédécesseurs n’ont pas. Bref, derrière son grand classicisme et les hommages évidents qui sont rendus aux scènes norvégiennes et suédoises des années 90,
Winds Of Wrath est probablement le meilleur album de Whoredom Rife à ce jour. Une petite pépite d’une grande noirceur et d’une efficacité incontestable qui assoit le duo comme l’une des plus intéressantes formations issue de la prolifique scène de Trondheim.
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