J’espère que vous ne m’en voudrez pas mais pour cette chronique du nouvel album de Darkthrone j’ai décidé de voler la vedette à Ikea qui s’était pourtant chargé, non sans talent, des deux précédents albums des Norvégiens (
Circle The Wagons et
The Underground Resistance). Mais comme monsieur Meuble ne s’est pas montré particulièrement combatif dans sa tentative de garder la main, je ne me suis pas fait prier pour lui griller la priorité. Et le plus cool dans cette affaire, c’est que j’ai même peut-être une chance de devancer Sakrifiss au nombre de lectures par chronique, sorte de bilan que l’on dresse chaque mois comme pour mieux signifier aux chroniqueurs qui n’apparaissent pas dans ce top 5 qu’il serait peut-être judicieux de revoir leurs priorités (ainsi que leurs goûts a priori douteux car non, le Death Metal ne paie pas...).
Et oui, avec un nouvel album de Darkthrone, je suis presque certain d’être lu par tout l’hexagone et même au-delà. D’autant que ce dix-septième album a été annoncé par Fenriz comme un retour à des choses plus sérieuses et plus primitives. De quoi (re)donner espoir à certains fans de la première heure de retrouver le Darkthrone flamboyant de ses premières années. Mais au-delà de cette naïveté largement relayée par de nombreux amateurs de la formation norvégienne, cette annonce était surtout le signe d’un changement de cap, aussi léger soit-il, dans l’orientation musicale de Darkthrone après une série de quatre albums placés sous le signe d’un Black/Thrash/Heavy/Speed foutraque et surtout extrêmement rafraichissant en dépit de cette approche obsolète.
Malgré tout,
Arctic Thunder (du nom d’un obscur groupe de Thrash norvégien de la deuxième moitié des années 80) n’est probablement pas l’album de Darkthrone que certains attendaient. Loin de reprendre la formule de ce Black Metal qui l’a rendu célèbre, Fenriz et Nocturno Culto naviguent toujours sur les eaux troubles d’un Black Metal aux sonorités Punk et Heavy Metal évidentes. Car ce qui différencie ce nouvel album de ses (quatre) prédécesseurs c’est surtout la manière dont est servi ce Black Metal. Moins bordélique dans son exécution mais aussi moins épique dans ses mélodies,
Arctic Thunder se plaît davantage à instaurer une espèce d’atmosphère boréale et forestière (à l’image de cet artwork tiré des archives personnelles de Fenriz) à la fois contemplative (la répétition de certains patterns, ce faux-rythme jamais vraiment mid-tempo, jamais vraiment à fond de cale, la couleur donnée ici par Nocturno Culto à des mélodies claires/obscures qu’on ne qualifiera pas d’envoutantes - faut pas déconner, on parle quand même de Darkthrone - mais auréolées d’un je ne sais quoi d’hypnotique (le riff principal de "Burial Bliss", la première moitié de "Boreal Fiends", "Throw Me Through The Marshes" et sa première partie entêtante)...) et en même temps toujours très "catchy" (ces nombreuses séquences en mode tchouka-tchouka, ce riffing Heavy Metal/Punk simple mais des plus fédérateurs ainsi que ces breaks toujours aussi bien amenés comme celui de "Tundra Leach" à 3:19).
C’est bien sur cette ambivalence qu’est construit
Arctic Thunder. Le duo sort ainsi du schéma "ultra Punk je m’en foutiste" de ses précédents albums pour quelque chose de toujours aussi abrasif mais à l’urgence plus modérée. Ainsi, la production - tout en étant plus décente - perpétue cette idée d’un Black Metal froid et décharné. Toujours très simples, les riffs largement influencés par la NWOBHM de Nocturno Culto ("Boreal Fiends" à 4:20 "Inbred Vermin" à 1:22, "Arctic Thunder" et son groove tranquille, "Throw Me Through The Marshes" à 1:59, "The Wyoming Distance") possèdent encore ce qu’il faut pour faire taper du pied et dodeliner de la tête "like a boss". Une efficacité innée et primitive qui fait d’
Arctic Thunder un disque immédiat et sans fioriture, probablement encore trop simple et décomplexé pour certains mais finalement toujours fidèle à cette ligne de conduite que l’on pourrait résumer par un bien senti
"F.O.A.D.". Un état d’esprit qui va d’ailleurs mener Darkthrone vers des sonorités relativement nouvelles à l’image de ce passage très Rock’n’Roll presque Stoner sur "Boreal Fiends" ainsi qu’à des solos aux sonorités surprenantes comme ceux de "Tundra Leach", "Boreal Fiends", "Arctic Thunder" ou bien encore "Deep Lake Tresspass".
Ce nouvel album est également le premier depuis un très long moment (
Plaguewielder pour être exact) sur lequel Fenriz ne vient pas pousser la chansonnette ne serait que sur un seul morceau. Enfin non, ce n’est pas tout à fait exact puisqu’on peut quand même entendre l’élu municipal scander le refrain de "Broken Wings", célèbre tube des Américains de Mr. Mister dont je vous invite à vous délecter du clip sur YouTube, sur les dernières secondes de "The Wyoming Distance".
Take these broken wings - And learn to fly again.... Quant au chant de Nocturno Culto, il demeure à l’identique des derniers albums du groupe soit tout en rugosité avec quelques moments épiques d’anthologie à l’image de cette montée dans les aiguës sur le break de "Boreal Fiends".
Sans trop de surprise,
Arctic Thunder continue de perpétuer cet amour que portent Fenriz et Nocturno Culto pour le Punk et le Heavy Metal des années 80. A la différence des quatre précédents albums, la recette est toutefois distillée ici dans un esprit moins foutraque et avec surtout un certain sens "contemplatif" peut-être un peu plus développée (question de ressenti). Ceci étant dit, n’espérez pas adhérer à ce nouvel album si vous n’étiez déjà pas sensibles aux charmes (pourtant indiscutables) d’albums tels que
Circle The Wagons,
F.O.A.D. ou
The Underground Resistance. Très proche et pourtant éloigné de ces prédécesseurs,
Arctic Thunder s’impose très vite comme une franche réussite. Darkthrone continue donc de faire du Darkthrone et moi, ça me va très bien comme ça.
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