Pagan Megalith - Viharjárás
Chronique
Pagan Megalith Viharjárás
La scène black hongroise n’est pas la meilleure au monde. Elle n’en recèle pas moins des groupes talentueux, touchants ainsi que vous avez pu le lire dans ces mêmes colonnes sous la plume de l’ami Sakri. Pagan Megalith est de ceux-là, de ces ouvriers de l’obscur, appliqués, un brin exotiques, toujours authentiques. Viharjárás est leur second album longue durée, écrit dans la langue de Bartok, qui propose un BM pur, débarrassé de toute fioriture inutile, qui reprend là où Darkthrone s’est arrêté, entre riffs dissonants et rythmique élevée (Alakmás).
La différence ? Elle vient du son, mon ami, elle vient du son. Sourd, crade, un son issu du tombeau, une batterie qui sonne comme sortant du fond d’un caveau lointain, qui pilonne et dresse un mur impénétrable alors que les grattes tissent lentement de belles arabesques (Virrasztásban et ses petits lead entêtants qui « sortent » littéralement de la structure, comme s’ils la dominaient du dessus ; Színtelen). Un ensemble un poil cheap… qui colle parfaitement à la musique et qui la met étrangement en relief ! Car si les structures sont simples, si la batterie sonne à bien des égards presque punk, le tout n’est pas simpliste et les mélodies se détachent fort agréablement de la structure pour marquer l’audition (Mennykövek ; Kéneső). Un boulot juste, bien exécuté, très agréable.
Et lorsque la rythmique ralentit la cadence, l’effort sur les mouvements, sur les cassures et sur la progression des morceaux ressort davantage encore, simple mais pertinent (Viharjárás et son alternance de passages lents et d’accélérations soudaines ; même procédure sur Virrasztásban ; Magvaszakadtak). Parfois, c’est le feeling très rock’n’roll d’un titre qui apparaît, comme dans les vieux Darkthrone où la rythmique punk se faisait déjà sentir (A siralmas énekből ; Alakmás). Le groove qui s’en dégage apporte un relief supplémentaire au morceau concerné, enrichissant d’autant la structure.
Pagan Megalith ne révolutionne pas le black metal. Il en fait toutefois ressortir l’essence de manière appliquée, souvent intéressante, particulièrement lorsqu’il en accentue les ambiances (Kéneső) ou en modifie les codes à sa sauce (Kéneső encore et ses belles mélodies suicidaires ; Alakmás et ses atmosphères jusqu’au-boutiste, quasi punk). Les transitions sont étudiées et apportent autant de respirations entre les titres (Szívnémaság, joli mid-tempo qui permet de basculer dans la dernière partie de l’album autour d’une construction élaborée à partir de la mélodie et d’accélérations brutales « mouvantes » ; Rex Saturnalis).
Si tu aimes l’exotisme, le BM UG venant des profondeurs et que tu recherches l’authenticité du genre, sans sacrifier aux belles mélodies, cette petite prod’ pourrait bien te séduire comme elle m’a séduit.
| Raziel 22 Avril 2017 - 495 lectures |
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