Si l’on s’intéresse un peu au Canada, on sait la qualité de sa scène
metal. Il y a certes le versant
death, sur lequel on ne fera jamais assez d’éloges, mais il y a aussi le
black et, de ce côté, ça fait aussi des lustres que ce pays nous régale en la matière. Aujourd’hui, c’est
ACEDIA qui fait son grand retour chez
Les Acteurs de l’Ombre après environ dix ans de silence. Encore un gros coup réalisé par ce label décidément très actif et toujours aussi à la pointe en termes de qualité et d’innovation.
Pour resituer un peu
ACEDIA, dites-vous qu’il se compose notamment de deux membres de
CANTIQUE LEPREUX et qu’il a déjà sorti deux LPs : «
L’exil » en 2012 et «
Les supplices de l’apathie » en 2015. Oui, le trio chante en français et il poursuit cette belle tradition via «
Fracture », que l’on espère ne pas être sociale tant elle nous emmerde depuis le temps qu’on nous la rabâche, à nous Français. En revanche, ne cherchez pas à comparer les deux formations sous peine de fortes désillusions, les registres étant foncièrement différents.
Bon, je fais le mec qui a l’air de s’y connaître mais jusqu’à ce jour,
ACEDIA m’était totalement inconnu, je l’avoue sans honte. En revanche, ces six longues compositions me foutent à l’amende, je regrette alors cruellement mon ignorance passée tout en louant le divin de m’avoir donné l’opportunité de corriger cette faute. Car oui, ce trio déboîte.
Alors c’est sûr, il faut aimer son
black metal lorsqu’il est dans la dissonance, la technicité. Il y a un peu d’
ULCERATE là-dedans, un peu de
FROZEN SHADOWS également, voire du
VOIVOD évidemment, si ce n’est, en dernière instance, du
KRALLICE mais je ne voudrais pas réduire la formation à une suite de référence. En effet, elle a sa propre personnalité, forte et foncièrement perturbante, pour ne pas utiliser le terme « malaisant » qui me fait tant vomir.
Mais il reste que le niveau de technicité déployée ici est simplement faramineux, d’autant que comme la majorité des titres font entre six et huit minutes, ils laissent le temps à chaque instrumentiste de s’exprimer, de déployer tout un arsenal jamais purement démonstratif, toujours au service de l’ensemble. C’est sans doute pour cela que la basse est aussi distincte, elle est habitée d’une vie qui lui est propre, ne suivant ni la guitare, ni la batterie et propulsant le tout au-dessus de la mêlée crasseuse. Ici, ce sont les hautes sphères, on côtoie les étoiles.
Bon, en vrai, il m’a foutu une branlée ce disque parce que j’adore ce genre de
black metal extrême, peut-être un peu intellectuel mais complètement tordu, distordu et pourtant toujours radical. Car oui, n’allez pas croire à un énième truc de poseurs où ça se la raconte en enculant Euclide, c’est bien de
black metal pur qu’il s’agit, juste amené à un autre niveau, peut-être plus ambitieux, peut-être moins normé mais systématiquement glacial et mortifère.
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