Black Beast - Arctic Darkness
Chronique
Black Beast Arctic Darkness
Parmi les innombrables sorties Black Metal de 2019
« Nocturnal Bloodlust » a été une détonation foudroyante et a eu un effet incroyable au sein du milieu, tant cette galette furibarde a tout explosé sur son passage et (re)mis sur le devant de la scène une obscure formation Finlandaise de retour aux affaires après une très longue absence. Cette fois-ci elle n’a pas mis treize ans pour refaire parler d’elle mais uniquement trois années auront suffi pour pondre un successeur attendu comme le messie, vu que le trio s’est immédiatement placé parmi les ténors de son pays (qui pourtant en regorge) et qu’il a désormais juste besoin d’une confirmation pour assoir son autorité et s‘installer en bonne place pour un long moment. Et le moins que l’on puisse dire c’est que celui-ci a pris des risques (certes calculés) et cela est osé tant il aurait été facile de pondre une suite digne d’un copier-coller, tellement fréquent dans les faits mais si souvent casse-gueule. Car si ce précédent chapitre dépassait à peine la demi-heure ici on monte d’un cran avec quarante-sept minutes au compteur - lié notamment à une pièce-maîtresse qui fait pratiquement le quart du temps à elle toute seule, mais pour le reste aucune surprises n’est à attendre vu que musicalement ça reste toujours aussi incisif, primitif et inspiré.
En effet s’ils restent totalement dans la droite ligne de ce fameux opus les nouveaux morceaux ne vont pas donner la sensation de redite, tant l’écriture y est incisive et affûtée et va proposer suffisamment de variété malgré sa grande prévisibilité et simplicité apparente - où la vitesse va être prédominante. C’est en effet ce à quoi on est confronté directement une fois la douce introduction terminée, vu que « Black Magic And Witchcraft » et « Fullmoon » ne vont cesser de jouer à cent à l’heure sans ralentir l’allure, et faisant sentir d’entrée toute la furie Punk du combo sans que cela ne sonne redondant malgré que tout y soit primitif à outrance. Gardant sa radicalité et son exécution ultra-primaire (où résonne une batterie rudimentaire) la grande partie de cet enregistrement ne va pas faire dans la dentelle, et c’est tout ce qu’on demande vu que le désormais quatuor (un bassiste à plein-temps ayant rejoint les trois fous furieux) a toujours ce sens du riff ultra-addictif et un certain groove qui donne envie d’en découdre. D’ailleurs que ce soit avec « Four Days In Paradise Of Fornication », « Night Of The Arctic Darkness » ou l’ultra-court « Kuoleman Kylmästä Kosketuksesta » le résultat est le même, une musique qui pue les bas-fonds de l’underground, les cassos à clébards, la haine et l’humidité à tous les étages. Cependant s’y greffe aussi une froideur typiquement locale où la nuit hivernale côtoie la neige et les immenses forêts sur fond de férocité continue, et d’un batteur qui carbure sans doute à d’autres substances que l’eau plate.
Heureusement même si ce tabassage impressionnant offre un panard de malade les gars ne vont pas se contenter de ne faire que cela, preuve en est notamment le remuant « Sadistic Act In Demonic Lust » qui assène l’auditeur d’une variété rythmique idéale pour secouer la tête et d’un solo écorché légèrement mélodique. Et si le tempo est débridé pratiquement en permanence il sait aussi ralentir pour s’alourdir au maximum, comme on peut l’entendre sur le surprenant « Depths Of Damnation » qui ne va jamais accélérer bien au contraire, car ici on est pris dans un blizzard oppressant où la rythmique reste en raccord avec la température et reste donc bien gelée et au ralenti. Avec en rabe un lead totalement désespéré et écorché cette plage renforce ce sentiment de je-m’en-foutisme général avec son attitude radicale et à l’ancienne, qui montre que les mecs touchent leur bille même en levant sacrément le pied et sans doute qu’ils devraient plus le faire à l’avenir, tant ils arrivent à faire sonner tout ça parfaitement de manière aussi forte et frontale qu’en y allant à fond la caisse. Du coup après ce passage furibard et vécu intensément dans les immenses forêts du pays des mille lacs durant une période de météo exécrable, il est temps de revenir à la chaleur des enfers sur le très bon « I Am He » au contenu efficace et sans surprises, même si quelques relents atmosphériques viennent ajouter de la luminosité entre des rasades de virulence intensives et sans concessions. Et puis après tout cela les nordiques vont nous pondre la monstrueuse conclusion intitulée « Hymn To The Freezing Wind » qui avec un nom pareil sent l’hommage appuyé aux vétérans de la scène noire, et c’est exactement le cas ici vu que ça sent le IMMORTAL des débuts (et « Battles In The North » en particulier). Car avec ces longs moments en médium (qui nous renvoient vers « Blashyrkh » avec l’envie de cavaler torse nu au milieu des fjords) et ses breaks ponctués de notes claires et éthérées typiques du duo Abbath/Demonaz (et où se greffe un solo mélodique de toute beauté), le rendu y est incroyablement prenant sans qu’aucune lassitude ne se fasse ressentir malgré sa durée à rallonge. Entre virulence et douceur cette plage résume à elle seule tout le panel de jeu des Finnois et peut même justifier l’achat du disque rien que pour ça, vu qu’elle dévoile la quintessence de ce qu’ils sont capables de faire quand ils sont dans un grand jour, comme c’est le cas ici.
On aura donc compris que ce « Arctic Darkness » outre porter parfaitement son nom est le digne successeur du précédent volet et trouve même le moyen de le dépasser, ce qui n’était pas une mince affaire. Conservant son authenticité tout en proposant un soupçon de variations supplémentaires mais sans jamais se renier l’entité livre sans doute une des plus belles réalisations de l’année ni plus ni moins, alors que ça n’en avait pas manqué jusqu’à présent. Autant dire que parmi la redoutable concurrence de son pays elle se place définitivement parmi les ténors d’un style plus vivant que jamais là-bas et toujours aussi jouissif à écouter, preuve qu’il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes pour être efficace. Cela prouve une fois encore que la sincérité et la pureté originelle passeront toujours devant le modernisme et autres effets sonores inutiles… ceux-ci en effet ne passeront pas l’épreuve des saisons et disparaîtront de façon fulgurante de la mémoire des cerveaux les plus divers, même les plus avertis et ouverts d’esprit.
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