Ungfell - Demo(lition)
Chronique
Ungfell Demo(lition) (Démo)
Si me fais l’honneur et le plaisir de lire de temps à autre mes chroniques, tu sais combien j’aime les Suisses d’Ungfell. Tu sais aussi combien je suis devenu difficile en vieillissant, à quel point 99% de la production metal extrême actuelle, et depuis 10, 15 ans, m’exaspère tant elle n’est que photocopie de photocopie, originalité merdique ouvertement assumée (Imperial Triumphant, ne te cache pas !) ou retournement de veste tout aussi médiocre qu’on voudrait nous faire passer pour de la coolitude et qui m’exaspère tout autant (Darkthrone es-tu là ?).
Je suis sans doute devenu un vieux con, moi qui ne trouve plus mon bonheur, depuis des années, que dans les abysses parallèles, le dark folk, le dark ambiant, le dark/doom jazz et bien d’autres expérimentations qui ne font pas prendre à l’auditeur un peu « confirmé » des vessies pour des lanternes. Mais parfois, la lumière point. Parfois, je me surprends à me dire que tout n’est pas perdu, qu’il reste quelques personnes de goût, dont les oreilles n’ont pas été travaillées au mainstream et à la bien pensance ambiante. Vertige, dernièrement, en black metal, fut de ceux-là. Comme le retour, on en reparlera, du très grand Drudkh. Et Ungfell également, donc.
Demo(lition) n’est pas leur nouvel album après les trois pépites que furent Tôtbringære, Mythen, Mären, Pestilenz et Es grauet. Il s’agit là de leur première demo de 2015 en version remastérisée, avec un artwork légèrement remis au goût du jour mais qui demeure, finalement, très fidèle à l’original.
D’une manière évidente, cette première demo annonce clairement le très grand groupe que deviendra Ungfell. L’ambiance médiévale, que j’adore dans ce type de BM, est présente dès Auftakt (...es lebe der Pöbel), qui place l’auditeur au cœur d’un village antique, perdu dans les montagnes. Le folklore débridé qui accompagne la structure montre d’emblée combien on peut être original – vraiment – sans être putassier, en étant efficace et parfaitement dans le ton du morceau et du style pratiqué. L’enchaînement avec Hagazussa est ainsi parfait, ce second titre ouvrant sur des accords à la guitare sèche, laissant de nouveau planer une atmosphère médiévale légèrement rock, au gré d’accords ronds et confortables et d’un mid-tempo, marque de fabrique du groupe, qui laisse à entendre tous les instruments, toutes les évolutions, toute l’emphase à l’image d’un Serment ou d’un Drudkh justement. Quelques accords évoquent aussi Peste Noire (le pont central, la tonalité des accords) et cette ambiance rurale emplie de désespoir, sans horizon visible.
Ungfell est fort, dès cette première demo, parce qu’il ne doute ni de sa science, ni de la direction qu’il a choisie d’arpenter. Ex Clade Salus et Vom Menschen und Anderen Krankheiten, qui constituent le cœur de la demo, sont ainsi violents, tourmentés, remplis d’envolées lyriques et d’arrangements chaotiques qui leur offrent un visage marqué et magnifique à la fois. Ex Clade Salus rappelle ainsi fortement certains Peste Noire (Peste Noire, La Chaise-Dyable), avec ses accords thrashy-punk mais aussi cette emphase « rurale » palpable (la présence de l’accordéon apporte beaucoup de ce point de vue), ces atours médiévaux incroyablement retranscris. Vom Menschen und Anderen Krankheiten est, lui, plus contrasté, avec un départ un brin mystique et des développements plus ambiant, plus atmosphériques mais aussi beaucoup d’emphase et de structures débridées. Cette construction, typique du style « Ungfell » ne les quittera plus lors des albums suivants.
Condamné à mort conserve ses accents ruraux Peste Noire, langoureux et étirés, basse ronflante en avant, sur un rythme volontairement lent qui favorise la prise de conscience, la montée du désespoir. La basse joue encore un rôle important, comme les petits arrangements (les cloches par exemple), qui relancent souvent la dynamique du morceau. De nouveau, la structure est ultra débridée, les envolées de guitares le disputent aux ambiances médiévales et à l’emphase.
Nachtflirren (Rehearsal), qui clôture l’album, est à mettre à part, son côté punk / vieux thrash / vieux BM le plaçant dans une position atypique, comme un clin d’œil à un passé encore plus lointain, comme aux prémices du groupe helvète.
A noter également la présence, en supplément par rapport à la demo d’origine, de De Wolf vo Ringgebärg, long morceau dans la veine de ce que le combo accomplit aujourd’hui.
Cette demo présente très clairement ce que deviendra Ungfell, un très grand groupe de BM, avec un son plus adapté qui permettra à chacune et chacun d’entre vous d’entrer dans leur univers en partant du bon bout ! A acquérir, comme les autres albums, les yeux fermés mais les oreilles grandes ouvertes.
| Raziel 19 Novembre 2022 - 863 lectures |
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