Gharmelicht - Gharmelicht
Chronique
Gharmelicht Gharmelicht
Au même titre qu’Ancient Necromancy (voir la chronique de Diabolical Forest Alchemy), Gharmelicht fait lui aussi partie du Cultus Caliginous Circle. D’ailleurs, on retrouve dans cette entité formée en 2020 monsieur Eldrinacht accompagné pour l’occasion par deux autres musiciens, un certain Hierophant Of The Void au chant et rien de moins que Vercingetorix à la guitare et à la basse. Tous les trois ont décidé de ne pas passer par la case démo, préférant ainsi sortir en guise de préambule ce premier album éponyme. D’abord au seul format cassette chez Cultus Caliginous Records en décembre 2020 puis en vinyle en mai dernier grâce à Nuclear War Now! Productions qui, on l’a vu, se chargera également de rééditer en LP d’ici la fin de l’année la première démo d’Ancient Necromancy.
Vraisemblablement porté lui aussi sur l’architecture médiévale, le trio derrière Gharmelicht a choisi d’illustrer son premier album comme à peu près tous les groupes estampillés "Raw Black Metal" de ces dernières années (artwork en noir et blanc, logo indéchiffrable, entrelacs épineux et atmosphère moyenâgeuse). Pour autant, malgré cette absence flagrante d’originalité, je continue à trouver du charme à ce genre d’artworks qui bien souvent réussissent d’un simple regard à me transporter ailleurs...
Composé de six titres (contrairement à ce que laisse supposer la page Bandcamp de Nuclear War Now! où l’introduction a été pour une raison que j’ignore dissociée du morceau "Arcane Relics Of The Ancient Night" auquel elle est pourtant rattachée sur la version LP), Gharmelicht joue sans surprise la carte d’un Black Metal décharné puisant l’essentiel de son inspiration du côté de la scène norvégienne des années 90. En effet, passé ces deux minutes d’introduction plutôt immersives entre nature apaisée et apaisante (ces oiseaux qui sifflotent gaiement) et mélodie solitaire, Gharmelicht va embrayer sur un titre aux très forts relents de Burzum, notamment pour ce riff particulièrement sinistre et lancinant que Vercingetorix va choisir de répéter un petit moment avant que le rythme ne s’accélère sensiblement à coup de fulgurances plus ou moins soutenues (alternance de blasts et de patterns hérités de la scène Punk).
Si la musique de Varg demeure à coup sûr l’influence principale du Black Metal de Gharmelicht, sa formule se fait néanmoins plus accessible car bien moins portée sur le caractère répétitif et hypnotique que celle du Norvégien. Au contraire, si on trouve bel et bien quelques séquences durant lesquelles le trio se plaît effectivement à jouer la répétition et à entretenir un petit peu de ce côté aliénant ou en tout cas à travailler davantage sur la notion d’atmosphère ("Noxious Blades Thrust Into The Womb Of Solace" à 1:17 et ce jusqu’à la fin ou presque, la première moitié de "Crimson Banners Of Everlasting Scorn", quelques passages sur "Ornate Daggers Of Ritual Death"), l’essentiel de ces six morceaux est ici mené bon train grâce justement à ces accélérations entrainantes et dynamiques entre blasts exécutés tête dans le guidon ("Ruinous Death Rides Under The Weeping Moon" à 0:13, "Crimson Banners Of Everlasting Scorn" à 2:52, l’entame musclée de "Elder Shades Of A Regal Past"...) et passages Punk plus chaloupés ("Ruinous Death Rides Under The Weeping Moon" à 0:52, "Elder Shades Of A Regal Past" à 0:27, "Ornate Daggers Of Ritual Death" à 0:27 également...). Une dualité qui permet comme toujours d’apporter du relief à une musique pourtant simple et rudimentaire n’ayant clairement pas pour but affiché de révolutionner quoi que ce soit. Du relief que Gharmelicht va également apporter grâce à quelques séquences beaucoup plus atmosphériques tranchant quelque peu avec la dynamique du reste de l’album (l’introduction d’"Arcane Relics Of The Ancient Night", la dernière minute de "Noxious Blades Thrust Into The Womb Of Solace" sur fond de pas dans la neige, les touches mélodiques de "Ornate Daggers Of Ritual Death" à 3:05 puis à 4:24 pour une conclusion aux sonorités bien différentes grâce à ces nappes de synthétiseurs crépusculaires et fantomatiques).
Si vous n’êtes pas déjà fatigués de cette résurgence Black Metal particulièrement primitive et dépouillée dans laquelle on trouve du bon mais aussi du moins bon, ce premier album de Gharmelicht s’avère extrêmement convaincant et surtout particulièrement agréable. On y trouve tout ce qui fait le charme de ces groupes qui se foutent bien de savoir s’ils possèdent une production digne de ce nom où si leur formule révolutionnera le genre ou y apportera ne serait-ce qu’un soupçon de fraîcheur. Non, tout chez Gharmelicht s’accorde à respecter à la lettre un cahier des charges imaginé il a une trentaine d’années par quelques Norvégiens en quête de quelque chose qui n’appartiendrai qu’à eux. Une musique dangereuse et fascinante qui trente années plus tard continue de faire parler les petits chroniqueurs comme moi et ravir les petits auditeurs comme nous.
| AxGxB 19 Juillet 2021 - 1184 lectures |
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