Blut Aus Nord - The Work Which Transforms God
Chronique
Blut Aus Nord The Work Which Transforms God
Que dire sur cet album qui n'ait été déjà acclamé ailleurs ? Qu'il enferme la musique de Blut Aus Nord dans les tréfonds après la césure de The Mystical Beast Of Rebellion ? Qu'il préfigure des années à l'avance toute une scène metal allant voir ce qui se trame en dehors d'elle pour pervertir, intensifier, mystifier, magnifier d'une fielleuse fierté ce qu'elle touche ? Oui, une bonne partie de la nouvelle scène black metal devrait apprendre à remercier mais pas besoin de s'interroger quid de l'ombre et du corps à la lueur de The Work Which Transforms God… Alors quoi ? Burzum meets Godflesh ? Noirceur, spectre, cendre, négativité ? Oui oui, tout cela à la fois et ajoutons « esthétisme » tiens, ça veut pas signifier grand-chose mais allonge d'un mot le dithyrambe !
…En fait, je le trouve sexuel moi. Me regarde pas comme ça, vois plutôt « The Choir Of The Dead » et ses va-et-vient vagissants, cette voix haletante déglutissant ses borborygmes. Si The Mystical Beast Of Rebellion te poussait dans une chute luciférienne des Carpates, The Work Which Transforms God t'atterre avec « Axis », te colle par l'humidité à un sol poussiéreux raclant ton dos au fur et à mesure de guitares montantes et descendantes. Implacable envers sa proie, il interpelle, séduit puis subjugue lors d'un de ces moments-déclics dont ont besoin les œuvres profondes pour laisser leur trace. Une épiphanie qui clôt ta bouche d'une main assurée, méthodique, aidée d'une rythmique aussi martiale que lancinante, ahu-hu-hu-hu-rie, Vikernes qui aurait abandonné ses jeux de rôles d'ado fan de Tolkien pour la traque nauséeuse (et que l'on peut entendre susurrer lors d'un « Our Blessed Frozen Cells » jouant fugacement les accords de « Dunkelheit »). Les dissonances des morceaux tranchent de leurs aigus turgescents, leurs lames ravivant les plaies causés par ces os gris comprimés en arpèges. Là où d'autres s'en servent pour figurer la volupté, Blut Aus Nord refroidit les caresses de « Metamorphosis » et « Inner Mental Cage » par une langue luxuriante, généreuse en couches, micro-variations, débattements virant au dub/trip-hop à l'image de « The Howling Of God » (une manière de rappeler que l'œuvre des Français est bourrée de ramifications la faisant une puisque ces influences reviendront sur Thematic Emanation Of Archetypal Multiplicity).
Comme je te connais, tu vas certainement me rétorquer que The Work Which Transforms God n'est pas si malsain que ça, qu'il y a la jouissance finale de « Our Blessed Frozen Cells », « Procession Of The Dead Clowns » et ses neufs minutes d'exaltation où les notes s'élèvent et larmoient, la batterie pulsant avec une impérieuse paix. Tu vas même me citer les plages ambiantes le parcourant, histoire d'appuyer qu'en plus d' « esthétisme », on peut ajouter « spirituel » aux autres mots clinquants. Idiot, réfléchis deux minutes : comment éprouver un repos à l'écoute de « End », « The Fall », « Devilish Essence » ou l'horrible silence de « Density » alors que les tensions précédentes te mettent dans une attente apeurée de la suite ? Comment penser que c'est toi qui ressent la victoire conclusive alors que tu n'es qu'une victime de plus d'un fou convulsif prenant plaisir à molester, déchirer, concasser, lécher, enfoncer, modeler, se faire Dieu, te faire marionnette ? C'est SON dernier orgasme qu'il partage avec tes yeux embrouillés, celui du fauteur rejoignant la foule inconsciente du crime, t'abandonnant à la ruelle, seul témoin des sévices subis. Toi. Assommé. Sale.
Un viol, ce disque est un viol.
| lkea 2 Mars 2011 - 6879 lectures |
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