Il leur aura quand même fallut trois albums mais voilà enfin une illustration à peu près décente. Comme quoi, tout finit par arriver... Alors une fois de plus, ce n’est pas que je n’apprécie pas le coup de pinceau du Néerlandais Marald Van Haasteren (16, Baroness, Lucifuge, Mortuous, Slutvomit...) mais plutôt que ses choix en matière de couleurs, notamment en ce qui concerne les oeuvres réalisées pour les Californiens de Necrot, laissaient jusque-là quelque peu à désirer… Et même s’il me parait évident que cette nouvelle réalisation ne fera toujours pas l’unanimité, elle est clairement celle que je préfère comparée aux deux autres qui ornent
Blood Offerings et
Mortal.
Pas loin de quatre années auront donc été nécessaires à Necrot pour revenir nous secouer les puces avec la sortie encore toute fraîche de
Lifeless Birth, un troisième album paru pour la troisième fois consécutive chez Tankcrimes (Ghoul, Dystopia, Deathgrave, Cannabis Corpse, Mortuous...), petit label d’Oakland tenu par monsieur Scotty Heath (ex-Vöetsek). Vraisemblablement adeptes de l’adage
"on ne change pas une équipe qui gagne", les Californiens ont une fois de plus sollicité l’expertise de monsieur Greg Wilkinson pour l’enregistrement de ces huit nouvelles compositions alors que le mastering, après être passé la fois précédente entre les mains d’Alan Douches, à cette fois-ci été confié à nouveau à Brad Boatright dont la première collaboration avec Necrot remonte à 2017. Bref, autant d’indices suffisamment équivoques quant à l’absence de nouveauté dont fait effectivement étalage ce troisième album.
En effet, ce ne sera une surprise pour personne, mais les Californiens se contentent de poursuivre ici leurs aventures sans rien changer à leur formule. Une recette qui continue ainsi d’emprunter autant à Bolt Thrower qu’à Vastum et dont l’efficacité déjà démontrée ici-même à plusieurs reprises est une fois encore au rendez-vous. Naturellement, ce sont donc les mêmes atouts mais aussi les mêmes (petits) défauts qui caractérisent aujourd’hui
Lifeless Birth. Et comme je suis plutôt du genre à voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide, vous ne m’en voudrez pas si je m’étale davantage sur ce qui une fois de plus fait de ce troisième album un indispensable pour tous les amateurs de ce genre de Death Metal dénué de finesse et de subtilité.
Ce qui une fois de plus fait la force de Necrot sur ce nouvel album ce sont ces riffs va-t-en-guerre qui à chaque nouvelle écoute poussent à tout détruire. Un riffing qui n’a rien de bien compliqué mais dont l’intensité et la nature belliqueuse et dominatrice entretiennent en effet quelque chose de terriblement implacable à laquelle il semble vain de vouloir résister (les premières secondes bien débiles de « Cut The Cord » suffisent amplement à nous mettre dans le bain). Mais ce n’est pas là le seul atout de ces riffs puisque Luca Indrio et Sonny Reinhardt possèdent effectivement plus d’un tour dans leurs sacs. En effet, les deux guitaristes savent faire preuve de nuances et de diversités grâce par exemple à de nombreuses séquences au groove particulièrement indécent comme c’est le cas sur "Lifeless Birth" à 0:34, 1:52 et 3:54, "Superior" à 3:36, la première moitié de "Drill The Skull", "Dead Memories" à 3:14 ou "The Curse" à 5:30. De la même manière, on appréciera également ces petites touches mélodiques dispensées le plus souvent sous forme de solos ("Cut The Cord" à 3:46, "Lifeless Birth" à 2:51, "Drill The Skull" à 4:44, "Dead Memories" à 3:46...) et qui permettent d’aérer le propos des Californiens et de renforcer la mémorabilité de chaque composition.
À l’instar de ses deux prédécesseurs,
Lifeless Birth est un album mené plutôt bon train avec là encore une succession de cavalcades thrashisantes à la fois dynamiques et entrainantes ("Cut The Cord" à 0:15, 1:03, 1:49, 2:23 et ainsi de suite, "Superior" à 2:42, "Drill The Skull" à 4:33, "Winds Of Hell" à 2:49...) et de coups de boutoirs bien plus virils (l’entame en fanfare de "Lifeless Birth" puis un petit peu plus loin à compter de 1:10, "Superior" à 0:24, 1:01, 1:50 et 4:17, "Dead Memories" à 1:01...). Pour autant, cela n’empêche pas le trio de lever le pied en quelques occasions. Outre "The Curse" qui à l’image de
"Mortal" sur l’album précédent vient clôturer ce troisième album en prenant le temps de s’étirer sur plus de huit minutes, on trouve également quelques titres plus pondérés d’un point de vue rythmique tels que "Drill The Skull" ou "Dead Memories" qui en dépit de quelques secousses bien placées sont essentiellement menés à coup de mid-tempo chaloupés.
Comme en 2020 et en 2017, le revers de la médaille avec une formule comme celle de Necrot est le caractère un brin répétitif qui peut parfois se dégager de certaines compositions (et c’est d’autant plus vrai dans le cas de
Lifeless Birth où la moyenne par titre se situe au-delà des cinq minutes). Alors oui, effectivement, certaines séquences tendent à se répéter d’une manière que certains pourraient juger exagérée mais on l’a vu, il y a chez les Californiens suffisamment de changements de rythme, d’accélérations et de passages débordant de groove pour que cela ne soit finalement pas un problème. Ajoutez-y qui plus est une touche de mélodie bien sentie et surtout une efficacité de tous les instants et vous obtenez une fois de plus un disque rondement mené qui du début à la fin ne manque pas de ravir. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil d’Oakland mais ça ne nous empêchera pas une fois de plus de passer un excellent moment en compagnie de ces trois garçons qui entre l’esprit belliqueux de Bolt Thrower et la nature primitive et frontale de Vastum continuent de toucher juste.
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