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Illdisposed - Submit
Chronique
Illdisposed Submit
Personne n’ayant pris la relève de l’assidu Thomas Johansson concernant la carrière d’ILLDISPOSED, un énième éternel second couteau comme on les aime, je vais m’autoriser un petit plaisir en parlant de mon disque favori de sa discographie fournie : « Submit ». Certes son entrée en scène avec « Four Depressive Seasons » (1993) avait été, à raison, fort remarquée et c’est plutôt « There’s Something Rotten… In the State of Denmark » qui est cité comme étant son album de référence mais, à mon goût, ce deuxième LP est ce qui définit le mieux ce qu’aurait toujours dû être la formation : un monstre de groove triple épaisseur molletonnée, incarné dans la voix grasse, bien qu’un peu modifiée en l’occurrence, de Bo Summer (oui, le mec s’appelle « bel été », ça te défrise ?).
Neuf titres, neuf hits, neuf mandales. Nine Shots, Nine Kills, histoire de faire un clin d’œil appuyé. Pas un pet de lard, pas l’ombre d’un déchet, chaque note se transforme en un coup de marteau asséné sur la tronche. Il est vrai, les tempos sont toujours peu ou prou les mêmes mais, d’une, le batteur Ross Rognvard-Hansen abat un boulot monstrueux pour varier, pulser les rythmes, de deux il y a dans chaque composition un plan spécifique qui apporte une couleur particulière, une singularité. Il vous faut des preuves ? Soit.
« Purity of Sadness » : déjà, le riff introductif butte tout ce qui vit à cinquante kilomètres à la ronde mais ce ralentissement soudain à 01:03 n’est-il pas délicieux ? Et l’accélération à 01:47 suivie du hachoir à viande à partir de 02:02, c’est de la gnognotte ? Je ne le pense pas.
« A Frame of Mind » : le solo magnifique à 02:18 démontre à lui tout seul qu’ILLDISPOSED ne s’adresse pas qu’aux gros neuneus du fond de la classe et, évidemment, ce titre contient une collection de crochets imparables dont la simplicité n’a d’égal que l’évidence.
« Vesuvio » : une minute et trente-sept secondes exactement de trépanation. Court, certes, mais ce moment quasiment grind procure un bien fou, d’autant qu’il se fond idéalement dans le paysage, les messieurs n’étant jamais avares d’intensifications brutales.
« The Hidden Ache » : lui aussi, son introduction me tue à chaque fois que je l’entends et comme en plus le chanteur y adopte quelques tonalités « Asphyxiantes », quel régal ! Cela, ainsi que ce moment à 01:33 où l’arrivée d’une nappe de clavier te cueille à froid, sans que tu ne la voies venir. Mais ce n’est pas tout puisqu’à compter de 03:50 il y a encore un putain de riff pas death pour un rond qui se pointe, un autre solo superbe… Une chanson mémorable !
« Memories Expanded » est ambitieux du haut de ses six minutes, il est pourtant à la hauteur des attentes. En effet, on ne compte plus les leads de guitares, les variations de tonalités vocales, les changements de rythmiques et ça groooove nom de dieu !
« Slow Death Factory » : la composition pourrait paraître plus anodine que les autres mais entre le batteur qui se démène pour balancer des blasts titanesques et un Bo qui donne le meilleur de lui-même, c’est déjà fort. Mais si tu ajoutes cette guitare acoustique flamenco à 02:40 dont le thème est ensuite repris façon rouleau-compresseur, on frise le génie ! Finalement, une perle à l’état brut.
« Submit » : les éponymes, ils se doivent d’être au-dessus du lot. Le premier punch te baisse le pantalon aux chevilles et tu es fin prêt à t’astiquer le nœud comme un forcené. Surprise à 01:38, un chant clair complètement épique, une mélodie venue de nulle part vient te coller la petite chair de poule… Qui n’aimerait pas hein ? Sincèrement ?
« Flogging a Dead Horse » : bon, je reconnais qu’il s’agit un peu d’une redite de « Vesuvio » de prime abord sauf que non puisque le tempo finit par redescendre brutalement en cours de route et que ça cause de sérieux dégâts aux hanches de se faire ainsi casser en deux.
« Die Kingdom » : chant monastique en gimmick récurrent du morceau, rythmiques poilues à tous les étages, je n’aurais pu concevoir meilleure conclusion.
Avec ce petit travail de défrichage, je ne cherche pas à dire que « Submit » est génial, j’espère juste clarifier le fait que si ce que l’on retient des primes écoutes, c’est le sentiment d’écrasement total, les Danois se montrent en réalité bien plus fins que cela dès lors que l’on pousse un peu l’attention et que l’on se montre réceptif aux détails.
Oui, évidemment, ce qu’il y a de plus notable sur ce disque ce sont les riffs. Grâce au choix d’une production ultra sourde, ILLDISPOSED entend bien s’affirmer comme le numéro un du death groove metal européen, une approche encore peu prisée et dont ces musiciens ont finalement tout dit en trois efforts majeurs (les trois premiers donc). Mais, sous les tonnes de goudron, il y a la limpidité des solos, l’aisance du batteur dont les patterns transfigurent les plans les plus anodins, faisant de chaque instant une tarte au béton.
Il resterait encore à parler du choix vocal. Il surprend, certainement, Bo Summer n’ayant pas vraiment besoin de tous ces effets pour être à l’époque l’un des plus féroces vocalistes du circuit. Aussi, ce growl dénaturé, synthétique, peut repousser et sans doute qu’il a contribué à donner mauvaise presse à « Submit ». Pourtant, si je peux comprendre qu’à l’époque (1995), il devait y avoir une espèce de code de pureté qui impliquait que la gutturalité devait être exempte de modifications pour sonner authentique, autant la question ne se pose plus vraiment aujourd’hui. Mais moi, même à sa sortie, j’ai toujours adoré ce timbre glitché, il colle totalement à l’aspiration globale du LP, à savoir développer une atmosphère brutalement cotonneuse, un truc qui t’enserre, t’étouffe. Donc oui le chant est trafiqué, rien n’est mis en place pour le cacher d’ailleurs, il y a néanmoins suffisamment de passages sans effets pour se rendre compte que même sans cela, le frontman reste un seigneur.
Rien à ajouter, je l’écoute régulièrement depuis sa parution, dans dix ans encore il m’accompagnera. Album culte ? Evidemment. Le réécouter aujourd’hui me donne d’ailleurs une forte envie de partir à la découverte d’« In Chambers of Sonic Disgust » (2024).
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