« Yaaaaaaaah !» Ah oui, pas de doute, le gros Johnny et sa bande sont de retour. SPV ayant fermé boutique pour cause de banqueroute, Unleashed trouvera vite refuge chez le mastodonte Nuclear Blast : arme des plus redoutables pour promouvoir le death metal viking des Suédois. Deux années après leur neuvième album (!!!)
Hammer Battalion, la bande reste identique et la production est toujours attribuée à leur prodigieux (et messie) lead guitariste Fredrik Folkare. Pour ouvrir cette année 2010 en attendant les frères de guerre Grave, Dismember et Entombed, le brûlot se nomme
As Yggdrasil Trembles. « Yggdrasil » étant l'Arbre-Monde dans la mythologie nordique où repose neuf royaumes : milieu (hommes), Ases (dieux principaux), morts, glaces, feu, géants, elfes de la lumière, elfes obscures et enfin Vanes (autre groupe de dieux). Voilà, c'était l'instant Wikipédia. Retournons, si vous le voulez bien, à notre fétiche death metal.
Il fallait s'en douter mais le constat est sans appel. Unleashed a viré au deathcore… Vous imaginez Johnny Hedlund passé du gros biker
Hell's Angels à du méchu « slimé » ? Pas moi. Non il n'y a vraiment aucune frayeur à avoir,
As Yggdrasil Trembles reprend ce qui a été fait sur
Hammer Battalion, lui-même reprenant
Midvinterblot, lui-même reprenant (et améliorant)
Sworn Allegiance… Comme ses voisins de Stockholm, bis repetita Unleashed conserve ses bases death metal lancées par son lead guitariste en 2002. Refrains atomisateurs (titre éponyme, l'énorme « Wir Kapitulieren Niemals » ou « This Time We Fight »), leads mélodiques enivrants, soli monstrueux et passages « chevelure hélicoptère » sont toujours de vigueur. Le penchant limite black/death mélodique (aux faux airs d'un Necrophobic) devient de plus en plus flagrant, une oreille sur « So It Begins », « This Time We Fight » (splendide intro acoustique) ou « Return Fire » (clin d'œil à Mörk Gryning ?) alertera l'adepte de « Suédoiseries ». Evidemment donc, tout repose encore sur les épaules du lead guitariste Fredrik Folkare même si le chant et les paroles bien caricaturales de Johnny valent leur plaisir d'écoute décérébrée.
Tout comme
Hammer Battalion, l'album semble au mieux rodé et de plus en plus technique en faisant abstraction de la longue discographie d'Unleashed. Mais l'impact commence à perdre en efficacité... Contrairement à un Dismember à l'évolution aussi proche du zéro absolu, le groupe ne fait pas l'effort de surpasser son prédécesseur et ne propose uniquement que les ingrédients suffisant à sa recette imparable. A trop de moments, l'impression de chutes des albums précédents se fait sentir la moitié de
As Yggdrasil Trembles enfilée. Ajoutez à ceci une musique semblant nettement moins puissante et agressive que sur les précédentes galettes (je pique du nez sur certains passages…). Vous comprendrez mon jugement les trois quart d'heure écoulés : bon album finement composé mais moins inspiré et prenant que ses aînés.
Neuf albums déjà dans les archives de Thrasho (par qui ? Par bibi !), alors forcément difficile de ne pas faire la fine bouche à chaque nouvelle offrande d'Unleashed. Ce dernier perd malheureusement de sa force et de son inspiration depuis
Midvinterblot et je vous avouerai que cela commence à me peser. Bien sûr leur death metal viking affûté fait toujours autant mal aux cervicales (certains passages étant même orgasmiques dans le genre), mais rien n'y fait, je décroche, j'oublie ce
As Yggdrasil Trembles et je m'en retourne à un bon
Midvinterblot.
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