Six ans. Six putain de longues années sans nouvel album d'Incantation. Jamais la secte satanique de McEntee n'avait sevré ses disciples aussi longtemps. Ces derniers ont donc dû combler le manque de paroles blasphématoires et de riffs evil chez la tripotée de clones apparus entre-temps. Mais tout ça, c'est fini. Papa est enfin de retour avec son neuvième opus sorti fin novembre chez Listenable Records. Et au vu du titre à la Anvil,
Vanquish In Vengeance, papa n'est pas content!
Avant d'entrer dans le détail, sachez qu'Incantation a encore changé de line-up depuis le très bon
Primordial Domination en 2006. Sauf que cette fois, ce n'est pas vraiment la faute du groupe puisque le bassiste Joe Lombard s'est suicidé en début d'année. Le batteur Kyle Severn s'en est lui aussi allé en 2007, remplacé par l'ex-membre Jim Roe, mais est revenu en 2009. Sur ce
Vanquish In Vengeance, c'est donc Chuck Sherwood (Blood Storm) qui s'occupe de la basse. Autre arrivée aux côtés de McEntee à la guitare, celle d'Alex Bouks (Goreaphobia, ex-Funebrarum). Un changement de personnel qui, autant vous le dire d'emblée même si tout le monde s'en doute, n'a pas résulté en un bouleversement musical. Car mis à part quelques riffs plutôt "rafraîchissants" (notez bien les guillemets) pour les Américains sans doute composés par Bouks et quelques touches black metal comme sur "Progeny Of Tyranny" (0'33, 1'08), "Vanquish In Vengeance" (0'20) et "From Hollow Sands" (0'46), c'est à du Incantation tout ce qu'il y a de plus classique que l'on a affaire ici. Aucune surprise, on reste dans la lignée de
Primordial Domination. Soit du death metal à l'ancienne mais plus propre (surtout au niveau de la production très claire et du mix parfaitement équilibré de Dan Swanö) et moins evil que les premières productions de la formation. Très peu de blasts ("Progeny Of Tyranny", "The Hellions Genesis", "From Hollow Sands") mais la musique du groupe, qui n'hésite pas à bourrer quand il faut, reste brutale (miam ce "Invoked Infinity" en ouverture qui ne fait pas dans le détail!) avec ces riffs blasphématoires aux mélodies sombres caractéristiques du groupe que des harmoniques sifflées accompagnent parfois. Quelques bons solos font aussi leur apparition ("Transcend Into Absolute Dissolution" à 2'50 sur un riff bien lourd, "Haruspex" à 2'22, "Profound Loathing" à 4'09, etc.) et John McEntee prend toujours plus d'assurance au chant, sans toutefois égaler la profondeur de growl de Craig Pillard, à jamais le meilleur chanteur qu'aura connu le combo. Et comme d'habitude, on a le droit, parmi les tempos rapides et les mid-tempos à des passages/morceaux doomy écrasants et noirs comme sur les sympathiques "Ascend Into The Eternal" et "Transcend Into Absolute Dissolution", la plombante "Profound Loathing" et son intro abyssale à la basse et un "Legion Of Dis" en guise de fin du monde qui reprend la tradition des longs titres de clôture ultra ténébreux (on frissonne encore à l'évocation de "Unto Infinite Twilight / Majesty Of Infernal Damnation" et "Abolishment Of Immaculate Serenity"). Sans doute le meilleur moment de l'album, plus de 11 minutes d'un death/doom pachydermique à l'atmosphère suffocante et plus dark que Jeanne, Mireille et le cristal réunis.
Du bon la plupart du temps donc mais surtout du classique de chez classique en fait. Ce qui ne me dérangerait pas si l'inspiration était toujours au rendez-vous. Malgré quelques très bons morceaux, un travail intéressant sur les ambiances et même sur les paroles puisque le morceau-titre fait référence au massacre peu connu à Verdun par Charlemagne de milliers de Saxons non-convertis, on sent plutôt un Incantation en roue libre et sans grande imagination qui n'a pas réussi à nous pondre des riffs et titres suffisamment marquants. Sur plus de 50 minutes, l'opus connaît dès lors quelques longueurs dommageables. Moins percutant que
Primordial Domination, anecdotique par rapport aux trois premiers albums,
Vanquish In Vengeance passe ainsi un peu inaperçu dans la discographie de la formation. Au vu du statut du groupe et de ses six années d'absence, j'attendais plus de ce nouvel album, moi qui pensais qu'Incantation allait balayer d'un revers de la main tous ses descendants plus ou moins légitimes. Alors c'est sûr, c'est mieux que l'affligeante copie carbone du dernier Father Befouled. Mais d'autres élèves ont fait bien mieux cette année. Voilà le constat d'un fan dévoué mais sans œillères. De là à dire que le groupe n'a plus sa place? Certainement pas! Au-delà de l'impact et de l'influence qu'Incantation avait, a et aura toujours sur la scène death metal, lui conférant une légitimité à jamais acquise,
Vanquish In Vengeance reste un album très correct de DM old-school noir et vindicatif qui recèle même quelques moments de bravoure. C'est ce que je préfère retenir. Alors ne faisons pas trop la fine bouche et ne boudons pas notre plaisir de retrouver enfin cette légende exemplaire d'intégrité, tant qu'elle existe encore.
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