Déjà un nouveau Incantation?! S'il avait fallu attendre 6 ans entre
Primordial Domination et
Vanquish In Vengeance, la bande de McEntee n'a cette fois-ci pas traîné pour composer une nouvelle offrande au Malin. Et on ne va pas s'en plaindre, même si les Américains n'avaient pas époustouflé fin 2012 sur un
Vanquish In Vengeance très correct mais loin d'être indispensable. Je n'en attendais d'ailleurs pas plus de ce
Dirges Of Elysium, troisième album pour les Français de Listenable Records qui voit Incantation redevenir un trio suite au départ du guitariste Alex Bouks.
Dans le mille Émile! Je pourrais ainsi reprendre ma chronique de
Vanquish In Vengeance et simplement remplacer les titres tant les deux albums se ressemblent. Rien d'étonnant après tout, les deux œuvres ayant été écrites dans un laps de temps rapproché et Incantation n'ayant de toute façon jamais dévié de son chemin (prenez l'Autoroute de l'Enfer puis c'est tout droit!). On retrouve toutefois quelques légères différences qui feront qu'on préférera l'un ou l'autre (en ce qui me concerne, je penche un peu plus vers ce
Dirges Of Elysium). D'abord la pochette. Un détail peut-être mais je trouvais les artworks du groupe médiocres depuis de nombreuses années alors que celui-ci se place comme le plus réussi depuis la fin de l'ère Miran Kim. Bravo donc à Eliran Kantor (Satan, Atheist, Evile, Iced Earth, Kataklysm...) pour sa splendide peinture morbide illustrant à merveille les abominations sonores de la formation. Autre différence, la production. Le son de
Vanquish In Vengeance se montrait déjà un peu trop propre pour le death sale et blasphématoire d'Incantation,
Dirges Of Elysium fait pire, surtout au niveau de la batterie synthétique à l'opposé de ce que représentent les Américains. J'en ai même été déstabilisé à la première écoute avant de finir par m'y habituer, le son n'étant pas non plus plastifié à 100%. Pas très opportun donc mais on n'ira pas jusqu'à dire que ça en devient inécoutable ni même désagréable. Après tout,
Diabolical Conquest souffrait du même problème à l'époque, ce qui ne l'a pas empêché de s'imposer comme le meilleur album du combo. Bien sûr,
Dirges Of Elysium ne connaîtra pas le même destin. Niveau musique pure et dure, la seule et vraie petite différence que propose ce nouvel opus par rapport à son grand frère est en fait la plus forte présence d'influences doomies. Ça commence d'ailleurs dès le titre d'ouverture "Dirges Of Elysium", introduction chargée aux leads menaçantes qui nous plonge avec brio dans une ambiance funèbre aussi jouissive qu'immersive. Le titre de l'album annonçait déjà la couleur (noire), il faut dire. Le sympathique "Carrion Prophecy" et son riff de départ ultra plombé à la Celtic Frost, l'excellente "From A Glaciate Womb", longue ode de 7 minutes des plus sinistres, "Portal Consecration" et son intro funeste, qui s'alourdira et s'assombrira plusieurs fois ainsi que l'interlude "Charnel Grounds", dans un esprit majestueux similaire à "A Once Holy Throne" (en moins réussi toutefois) avant de se laisser abattre sur une basse terrifiante, sont eux aussi très marqués par le sceau doom. L'exemple le plus frappant arrivera toutefois en fin de parcours sur un impressionnant "Elysium (Eternity Is Nigh)" de plus de seize minutes, hymne post-apocalyptique ultra déprimant qui viendra enlever tout espoir à l'humanité à la manière d'un "Unto Infinite Twilight / Majesty Of Infernal Damnation" de sinistre mémoire, avec cependant un peu moins de réussite en raison de quelques longueurs. Il faut néanmoins noter qu'Incantation a toujours été doué pour doomiser son death metal et que même si tout cela n'atteint pas le même niveau que lors de ses heures de gloire (rha ce "Abolishment Of Immaculate Serenity"!), il n'a pas pour autant perdu son talent pour obscurcir l'horizon et plomber nos journées déjà mal engagées de cet été 2014 qui s'annonce poisseux et orageux. Ces morceaux et tous les autres parsemant les différents titres sont ainsi ce qu'il y a de mieux sur ce
Dirges Of Elysium. J'irais presque jusqu'à dire qu'Incantation ne devrait désormais plus faire que du doom/death tant il excelle dans ce domaine.
Presque, parce qu'il ne faut pas déconner non plus. Incantation, ça doit surtout bourrer sauvagement et piétiner la sainteté. Ce que le groupe continue de faire sur la plupart des compositions ("Debauchery", "Bastion Of A Plague Soul", "Impalement Of Divinity", "Dominant Ethos"...). Le groupe ne se pose pas de questions ici et balance sa recette old-school blasphemous death metal à base de riffs evil, de tremolos dark, de blastouille, d'harmoniques sifflées, de solos chaotiques en vibrato, de basse qui fait vibrer les entrailles et de growls caverneux dont s'occupe toujours John McEntee, très à l'aise dans l'exercice désormais. Une recette ultra classique qui a fait ses preuves et qui a été et est toujours copiée en masse par des suiveurs plus ou moins talentueux. Le problème c'est qu'elle prend ici le mauvais sens de classique. Incantation n'a plus la capacité de la sublimer. On sent un groupe en pilotage automatique sur trop de séquences. Ça va encore sur "Debauchery" et "Bastion Of A Plague Soul" au début mais arrivé vers la fin, "Impalement Of Divinity" et "Dominant Ethos" sentent trop le réchauffé. Même "Portal Consecration" au milieu ne paraît pas de toute première jeunesse même si l'accélération bien sentie à 1'50 et 2'51 ainsi que les touches doomies arrivent à masquer un minimum le manque d'inspiration.
Dirges Of Elysium souffre aussi d'un mauvais timing. Ce neuvième full-length du combo de Pennsylvanie a ainsi la malchance de sortir juste après un autre album du même genre, le gigantesque
Promulgation Of The Fall de Dead Congregation. Et le pauvre ne soutient pas la comparaison. Il paraît même bien inoffensif à côté. Ironie du sort,
Dirges Of Elysium contient un titre appelé "From A Glaciate Womb" renvoyant forcément au "From A Wretched Womb" qui clôture l'œuvre des Grecs. Tous les deux ne sont bien sûr pas dans la même optique, celui d'Incantation se voulant écrasant et glaçant quand celui de Dead Congregation annihile tout par sa sauvagerie et sa haine pure, mais justement, cela conforte l'idée que les Américains font "petits bras" face aux Hellènes.
N'oublions pas une chose toutefois. Même si le maître un peu fatigué se voit dépassé aujourd'hui par l'élève vigoureux, il reste le maître. À l'origine de tout un pan du death metal et auteur de glorieux classiques (ses trois premiers méfaits), Incantation n'a plus rien à prouver. S'il veut se mettre en pilotage automatique pour se reposer sur ses acquis à cause d'une inspiration moindre, grand bien lui en fasse. Le résultat est de toute façon loin d'être mauvais et bien supérieur à tout un tas de copycats sans talent, comme l'était son prédécesseur
Vanquish In Vengeance avec lequel il joue dans la même catégorie. Celle de l'album plutôt anecdotique au regard d'une discographie brillante qui a marqué le genre, mais qui prouve qu'Incantation est encore là et a toujours ce qu'il faut pour venir défendre sa vision du true death metal. Et rien que ça, ça suffit à mon bonheur!
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