Incantation - Blasphemy
Chronique
Incantation Blasphemy
Quand on parle d'Incantation, on mentionne d'habitude Onward To Golgotha, Mortal Throne Of Nazarene ou encore Diabolical Conquest. A juste raison d'ailleurs. Mais rarement il est fait mention de Blasphemy, sorti en 2002 sur Candlelight Records (Europe) et Necropolis Records (Amérique du Nord). Pourtant, cet album mésestimé est ce qu'a fait de mieux Incantation cette décennie et il fait partie de mes réalisations préférées de la bande à McEntee aux côtés de ses trois premiers opus.
On commence par les changements de line-up, une vilaine habitude chez Incantation par lequel à peu près tous les musiciens de la scène death américaine ont dû passer au moins une fois. Rob Yench fait place à Joe Lombard à la basse et Kyle Severn fait son retour derrière les fûts, The Infernal Storm ayant été enregistré par Dave Culross. John McEntee, le maître à penser, reste bien sûr en place tout comme Mike Saez, cette fois uniquement crédité des sessions d'enregistrement du chant, sans les guitares. Concernant la musique par contre, pas de véritable changement à déclarer, Incantation ayant suivi tout au long de sa carrière une ligne droite presque parfaite sans se soucier des modes. Ce Blasphemy, à la pochette ultra clichée mais que j'adore et qui porte bien son nom vu le nombre de fois où le mot "blasphemy" apparaît, se pose donc dans la continuité des albums précédents, notamment de The Infernal Storm qui s'engage dans une voix plus féroce que par le passé. Blasphemy est peut-être d'ailleurs l'oeuvre la plus brutale du combo US (sans doute l'apport à la composition de Kyle Severn). Au programme donc, beaucoup de parties rapides et même des blasts ("Crown Of Decayed Salvation", "Rotting With Your Christ", "Deceiver (Self-Righteous Betrayer)", "Misanthropic Indulgence"), Kyle Severn matraquant les peaux comme un dératé, même si on trouve facilement plus rapide dans le genre. Cette brutalité accrue (et foutrement jouissive, je dois dire!), renforcée par une excellente production, puissante, pesante et nerveuse, ne se fait néanmoins pas au détriment de l'ambiance. Celle-ci reste en effet toujours la quête principale de la formation. On retrouve donc avec plaisir cette atmosphère blasphématoire, diabolique, démoniaque, satanique, anti-chrétienne, appellez-ça comme vous voulez mais moi je ne m'en lasserai jamais, le brutal dark evil DM étant ma mort favorite. Riffs méchants typiques en tremolo pour faire frissonner les bien-pensants, harmoniques sifflées qui font saigner les tympans des pathétiques croyants, parties doomy suffocantes et sombres comme les abysses servant à écraser les misérables culs-bénits ("Once Holy Throne" à 1'13, le début de "Rotting With Your Christ", "His Weak Hand" à 0'58 ou sur sa fin oppressante presque hypnotique par sa répétitivité, "Deceiver (Self-Righteous Betrayer)" à 1'20, pratiquement tout "Uprising Heresy", "Misanthropic Indulgence" à 2'03 et 4'14...), paroles anti-chrétiennes haineuses et chant du mésestimé Mike Saez diablement efficace avec son growl puissant, convaincant et intelligible agrémenté d'écorchures histoire d'invoquer la Bête avec son growl puissant et convaicant afin qu'elle nous accompagne dans l'écoute d'un Blasphemy à l'aura incroyable: voilà ce qui contribue à cette ambiance dantesque (Satan Is Amongst Us!). D'autres exemples? Le début en fanfare de "Blasphemy", l'intro à la basse de "The Fallen", le côté mélodique et sombre de la géniale "Once Holy Throne" sublimée par une lead limite mélancolique à 2'18, la transition brutale avec le titre suivant "Crown Of Decayed Salvation", le riff génialissime de "His Weak Hand" à 0'18 au motif mélodique vicieusement addictif, le riff super evil à 0'09 de "Deceiver (Self-Righteous Betrayer)" qui semble avoir été composé par Satan en personne et qui contraste bien avec l'instrumental précédente assez pépère "The Sacrilegious Apocalypse Of Righteousness And Agonizing Dementia (The Final Defilement Of Your Lord)", le riff mélodique d'"Uprising Heresy" qui apparaît sans qu'on s'y attende...je pourrais citer tous les titres tant Blasphemy regorge de séquences d'exception qui me font dresser les poils (pas que les poils d'ailleurs!) et placent l'opus dans les profondeurs les plus sombres et bouillantes des Géhennes.
Maintenant, c'est vrai que Blasphemy n'est pas non plus parfait et je peux comprendre qu'il soit souvent mis de côté (enfin sur certaines séquences parce que sinon, non, je ne comprends pas!). L'impression d'un gros bloc monolithique impossible à digérer malgré les variations rythmiques peut faire peur (plutôt aux profanes d'ailleurs) notamment. Mais le défaut principal de la galette, c'est sa longueur. On sent bien une baisse de régime sur la fin avec par exemple "Misanthropic Indulgence", morceau assez banal heureusement sauvé par une partie plus lente géniale sur laquelle la basse se fait mieux entendre. Mais c'est surtout les deux outros qui plombent la conclusion d'une oeuvre au demeurant fantastique. Blasphemy referme en effet la bouche de l'Enfer sur une outro de 23 minutes ultra minimaliste puisque seul un bruit de fond légèrement vrombissant se fait entendre. De quoi se tirer une balle dans la tête tellement c'est chiant (et comme je n'ai pas envie de me suicider, je zappe à chaque fois)! La deuxième outro est plus courte et il se passe plus de choses (des voix samplées notamment) mais ce n'est pas non plus la joie. Deux outros complètement inutiles qui rallongent artificiellement la durée de l'album mais qui sont en fait des coups de gueule de John McEntee à l'encontre de son ancienne maison de disque Relapse Records qui l'a jarté comme un malpropre, le label préférant se consacrer à des groupes plus expérimentaux...le but est donc atteint!
Rarement reconnu à sa juste valeur tout comme un Mike Saez impérial, Blasphemy se pose pourtant en oeuvre majeure dans la carrière d'Incantation, le mélange parfait entre la brutalité des années récentes et l'ambiance sombre et blasphématoire des premiers jours. Il est certes handicapé par quelques défauts mais qui ne sont que du menu fretin comparés à la grandeur et l'excellence de 90% de ce cinquième full-length. Incantation, véritable institution du death metal, a encore frappé fort et démontre une nouvelle fois que, malgré des clones toujours plus nombreux, personne ne l'égalera jamais.
| Keyser 22 Novembre 2009 - 4533 lectures |
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