Incantation où l'un des groupes les plus cultes du death US. Depuis sa formation en 1989, Incantation, et son légendaire fondateur John McEntee, n'ont cessé de promouvoir un death métal traditionnel entièrement dévoué au culte du Malin et à l'éradication pure et simple de la chrétienté. Véritable icône de la scène underground, John McEntee n'a pourtant jamais eu la partie facile, notamment en ce qui concerne l'instabilité de son line-up, virus tenace que traîne le groupe depuis ses premiers méfaits. Pour ne pas changer les bonnes habitudes, le chanteur Mike Saez quitte le navire fin 2001 juste avant la sortie de l'excellent
Blasphemy (2002), heureusement déjà enregistré. Se rattachant au proverbe selon lequel on est jamais mieux servi que par soi-même, John McEntee décide finalement de prendre le micro. Ce nouvel album, baptisé
Decimate Christendom, était ainsi l'occasion de tester le guitariste à son nouveau poste et de voir si il restait au groupe encore un peu de haine anti-chrétienne à déverser après le chef-d'oeuvre qu'était
Blasphemy.
Avant d'aller plus en détail dans ce nouveau pavé blasphématoire, procédons d'abord à une sélection. Si vous cherchez un groupe ultra bourrin qui blaste à tout va, inutile de perdre votre temps, je vous renverrais tout de suite vers un Hate Eternal. Non pas qu'Incantation pratique une musique calme et paisible bien au contraire mais il privilégie l'ambiance dégagée à une démonstration de technique et de vitesse. Incantation propose ainsi une alternance de passages rapides brutaux (mais n'atteignant jamais des vitesses supersoniques), blastés comme il se doit par un Kyle Severn aussi puissant que chauve ("Decimate Christendom", "Blaspheme The Sacraments", Feeble Existence") avec des séquences mid-tempos à la double ("Oath Of Armageddon", "Thorns Of Everlasting Persecution", "No Paradise Awaits") et des passages très lents et très lourds, presque doom ("Horns Of Eradication", "Eternal Darkness Under Conquered Skies"), qui sont un peu la marque de fabrique du combo américain.
Decimate Christendom, dont la pochette d'une laideur redoutable a une nouvelle fois été dessinée par Miran Kim (Sven d'Aborted s'occupant lui de la décoration intérieure), ne fait pas exeption à cette règle et ne montre aucun signe d'évolution, ce qui serait considéré comme un parjure impardonnable. Pas de souci à se faire avec McEntee, on sait à quoi s'attendre. Incantation fait du Incantation, point barre. Si vous n'avez jamais aimé, il est fort probable que
Decimate Christendom ne vous fasse aucun effet, si ce n'est de grands baillements de profanes.
Les albums d'Incantation ont également tous un autre point commun: un son bien particulier. La production de
Decimate Christendom est comme les autres, sale, poisseuse, lourde (quoique beaucoup moins que
Blasphemy), souillée par le vice et le blasphème. C'est un death métal ancré dans la tradition old-school, ne cherchez donc pas le moindre compromis commercial, aucune tentative de mélodie par exemple (mis à part un léger égarement sur "Blaspheme The Sacraments). Non, la musique d'Incantation respire le blasphème (mot qui revient souvent mais qui décrit ce groupe à la perfection) et la haine d'un Dieu méprisable. Tout est dans ces riffs maléfiques, ces harmoniques démoniaques, ces dissonances d'hérétiques, cette basse plombante tout droit sortie de la croûte terrestre, et ces passages lents, envoûtants qui semblent nous inviter à rejoindre le côté obscur. Il y a aussi cet interlude occulte d'une minute, "Unholy Empowerment of Righteous Deprivation", dont l'étrangeté malsaine me fascine et m'envoie directement dans les profondeurs de la Terre. L'ambiance dégagée est ainsi très forte et on a vraiment l'impression de se trouver au beau milieu des Enfers, n'importe quel album d'Incantation serait ainsi une parfaite BO pour un barbecue géant dans les géhennes. Si le Diable existait, nul doute que c'est cette musique qu'il jouerait.
L'ambiance hautement blasphématoire est également retranscrite par le chant et les paroles. McEntee n'a pas pris de risques et prend la même voix que tous les chanteurs du groupe ont prise, notamment Mike Saez avec qui la ressemblance est frappante: un chant caverneux, bas et monocorde (seuls quelques cris écorchés viennent parfois se greffer) qui peut sembler peu varié mais qui colle parfaitement à l'atmosphère de l'album et qui éveille les sentiments les plus noirs.
Tout ceci, chant monocorde, concept traditionnel, production lourde, fait de
Decimate Christendom un album difficile d'accès, comme tous les autres de toute façon. Beaucoup d'entre vous n'y verront qu'un bloc monolithique extrêmement répétitif et ennuyant (c'est une critique qui revient souvent) mais si on se donne la peine de s'imprégner de l'ambiance, croyez-moi, vous deviendrez vite fan. Il faut cependant avouer que certains passages sont un peu poussifs et soporifiques et que
Decimate Christendom reste en dessous du précédent opus
Blasphemy, où la haine, la brutalité et le blasphème atteignait des sommets. En comparaison à celui-ci,
Decimate Christendom est donc une petite déception mais il reste néanmoins un très bon moyen de découvrir un groupe majeur à l'intégrité admirable.
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