Tombstoner - Victims Of Vile Torture
Chronique
Tombstoner Victims Of Vile Torture
Formé en 2019 à New-York autour de deux fratries TOMBSTONER n’a pas perdu de temps pour faire rapidement parler de lui, sortant dès l’année suivante un Ep imparable et accrocheur (« Descent To Madness ») annonciateur du futur album qui voit le jour aujourd’hui, qui plus est chez le toujours qualitatif Redefining Darkness Records. Evoluant dans un Death Metal à l’ancienne qui sent bon le Morrisound Studio le quatuor ne s’est cependant pas contenté de jouer seulement la carte rétro, vu qu’il a ajouté à sa musique un soupçon de modernité porté par la présence discrète de claviers sympathiques… mais pas toujours du meilleur goût (on y reviendra plus tard). Si les gars ont chacun un bagage technique imposant ceux-ci ne le mettent jamais trop en avant afin de privilégier des compositions relativement sobres et directes, où un supplément de technicité intervient quand le tempo ralentit et que l’ensemble s’alourdit plus fortement. D’ailleurs tout du long de ces presque trois-quart d’heure la variété et l’équilibre des forces va être de sortie, vu que le groupe va passer la majeure partie de son temps à alterner entre les passages rapides et ceux plus écrasants, histoire de densifier une écriture finalement plus élaborée qu’elle n’y paraît de prime abord.
En effet dès que démarre « Victims Of Vile Torture » on va s’apercevoir du groove intense proposé par les américains, où le sens du riff affirmé côtoie des parties mid-tempo plus rampantes où le batteur privilégie l’efficacité et la sobriété. Certes ça donne forcément la sensation d’avoir déjà été entendu de nombreuses fois auparavant mais le groove conjugué à une envie communicative d’en découdre passe comme une lettre à la poste et nous renvoie en pleine Floride des années 90. Cette homogénéité va d’ailleurs se prolonger dans la foulée sur le tout aussi réussi « Sledgehammer » au grand-écart accentué et où apparaissent quelques blasts disséminés avec parcimonie, avant l’arrivée d’un break tribal oppressant et obscur puis le retour à un classicisme assumé qui fait bien mal aux cervicales. Sans chercher à renouveler quoi que ce soit « Grave Dancer », « Nothing’s Sacred » et « Frozen In Fear » montrent une formation en pleine possession de ses moyens, qui ne cherche pas à se compliquer la vie et elle aurait tort de s’en priver vu comment ces morceaux sont une réussite totale, à la fois remuants et entraînants où la diversité rythmique est là-encore de mise. Néanmoins il est évident que sur la durée tout cela aurait eu comme un sentiment de répétition malvenu, et pour cela le combo va heureusement proposer un peu plus de variété au milieu de cet océan de classicisme tout en n’étirant pas inutilement sa musique (un choix payant du début à la fin). En matière de densification l’excellentissime « Breaking Point » est sans doute l’exemple le plus parlant de cette galette vu qu’on y entend des accents Thrash au niveau des guitares ainsi que Hardcore via les voix haranguant la foule comme dans un meeting politique. Car n’hésitant pas à jouer sur la spécificité des tessitures vocales les deux frontmen vont régulièrement mettre l’accent sur cela et c’est parfaitement bien vu, tant elles s’agglomèrent à merveille en amenant plus de puissance et de noirceur à l’ensemble comme sur les rampants et presque Doom « Fractured Souls » et « The Witch ». Place effectivement ici à la lourdeur qui est mise à l’honneur (et ce même si les explosions de violence et de vitesse ne sont pas oubliées) afin d’amener une ambiance plus poisseuse et oppressante parfaite pour briser les nuques les plus solides, et conforter le ressenti que même en ralentissant l’allure tout cela reste addictif et cohérent.
A ce tableau pour l’instant impeccable il faut cependant ajouter quelques erreurs de jeunesse, principalement sur les plus longs « Armageddon » et « Trepidation » qui se retrouvent flingués à cause des parties électroniques et synthétiques un peu trop proéminentes… ce qui est regrettable car le reste de ces plages est attractif et surprenant via une mélodie plus affirmée pour la première, et une lourdeur plus massive sur la seconde. Cependant même si tout cela n’est pas parfait et que le rendu s’essouffle un peu au fur et à mesure que l’on avance vers la fin il faut quand même saluer le boulot effectué par les différents frangins qui mérite clairement que l’on s’y attarde, tant ce long-format bénéficie dans sa majorité d’une addiction quasi-immédiate. Si l’on chipotera aussi sur quelques longueurs et sur cette légère baisse de régime lors du dernier tiers du disque il fait néanmoins peu de doutes qu’on passera un moment tout à fait prenant en sa compagnie, et qu’on y reviendra régulièrement… confirmant encore une fois que le label de Cleveland a le nez creux pour mettre en avant sur son catalogue des jeunes loups qui en valent la peine. A eux désormais de gommer ces petits défauts (ainsi que cette volonté de parfois vouloir trop en faire) afin de gagner dans l’avenir en maturité et en simplicité, et s’ils y parviennent en épurant leur son d’éléments inutiles il est fort probable que le second chapitre de leurs aventures sera encore supérieur, et qu’il sera de fait très attendu.
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