Nihility - Beyond Human Concepts
Chronique
Nihility Beyond Human Concepts
Si son équipe de football ne cesse de décliner progressivement depuis quelques années (certains ne s’en plaindront d’ailleurs pas du tout) c’est tout le contraire qui se produit concernant la scène Metal du Portugal, dont l’ampleur se fait de plus en plus importante quel que soit le style proposé et surtout avec une qualité qui ne se dément pas. Si l’on a pu voir émerger ces dernières années BEYOND CARNAGE, MORTE INCANDESCENTE, SEPULCROS ou encore TORN FABRIKS (dont les sorties étaient largement réussies), il va falloir aussi compter sur NIHILITY qui nous gratifie d’un Death sobre et sans prétentions mais au groove imparable, qui passe particulièrement bien le cap des écoutes. Si le quatuor de Porto a déjà dix ans d’ancienneté au compteur il lui a fallu attendre 2019 pour qu’il dévoile sa première sortie officielle en franchissant directement le cap de l’album entier, avant de revenir aujourd’hui avec son successeur et un nouveau guitariste dans les pattes. S’il est passé de deux à une seule guitare cela n’a pas eu d’impact sur l’écriture et le rendu du combo dont la musique ultra-efficace et sans excès technique s’écoute facilement tout en défoulant dans les règles de l’art, à défaut d’être en revanche véritablement mémorable.
Il faut bien avouer qu’effectivement sur la longueur tout cela va donner franchement l’impression de se ressembler et d’être prévisible à outrance, vu que ça se montre relativement interchangeable et sans qu’un titre ne se dégage véritablement des autres malgré une homogénéité quasiment constante sur toute la durée. Mais heureusement les gars ont eu l’excellente idée de ne pas s’éterniser vu qu’à peine deux morceaux dépassent les quatre minutes et que le résultat global frôle à peine la demi-heure, un temps largement suffisant pour exprimer tout leur potentiel et leur force de frappe. En effet tout ceci va apparaître au grand-jour dès le démarrage de « Martyrdom For The Herd » qui dévoile de suite toute la palette rythmique et d’influences des lusitaniens, qui vont proposer un mélange impeccable de passages mid-tempo propices au headbanging et au groove contagieux, avec d’autres plus lents et rampants ou carrément énervés quand ça lâche les chevaux (entre vitesse élevée et blasts énergiques), le tout ponctué d’un bon solo légèrement mélodique. Tout cela va d’ailleurs être une constante par la suite tant les compositions vont être basées sur un relatif équilibre des forces en continu même si quelques subtiles et légères variations leur permettent de se différencier un peu chacune par rapport aux autres. En effet on remarque sur le plus entraînant « Hubris » des passages enlevés plus actifs qu’ailleurs, à l’instar du tout aussi réussi « Human Stupidity » franchement énervé et propice au secouage de nuque en règle, histoire de monter un cran en violence vu qu’on est en présence d’une des plages les plus radicales de ce long-format qui ne montre aucune faiblesse. Ici on est donc emmené dans un déchaînement maîtrisé où les ralentissements et les passages pachydermiques n’ont pas leur place, même si l’on retrouve encore ces relents groovesques où l’on se surprend à secouer la tête et à taper du pied malgré la radicalité de façade… un constat partagé sur le tout aussi furieux « Will To Power » imposant, et où les rythmiques en médium font mouche instantanément pour éliminer tout force de résistance dans la fosse comme ailleurs.
Si tout cela reste calibré à l’extrême et sans surprises ça passe néanmoins comme une lettre à la poste, et ce même quand les gars sortent un peu de leur zone de confort comme sur l’étonnant « Beyond Human Concepts » qui nous propose un break tout en plénitude via des arpèges en réverb’ dans le néant cosmique, tout y ajoutant une voix susurrée afin de renforcer ce climat de bien-être avant l’arrivée d’un lead tout en mélodie. Si cela peut dérouter au départ il se mêle très bien au reste densifié à fond et qui prouve que les portugais peuvent être cohérents et accrocheurs même allant plus loin dans l’écriture, ce qui confirme toutes les bonnes choses déjà entrevues auparavant. Et même si on pourra reprocher au longuet et répétitif « Conflicting Vanities » de n’être qu’une simple redite et de traîner inutilement en route ça ne restera que la seule petite faute de goût de cette réalisation (où l’on peut ajouter une production qui manque franchement de puissance et de mordant), qui passera vite et bien le cap des écoutes multiples. Si tout cela reste trop générique pour passer le cap qui sépare les bons disques des grands disques, on se satisfera sans souci de cet excellent deuxième jet qui n’en fait jamais des tonnes et qui montre une réelle positivité par sa volonté flagrante de bien faire, démontrant que l’entité sera clairement à suivre dans le futur tant elle a des arguments à faire valoir. Néanmoins il lui faudra sans doute hausser son niveau de jeu à l’avenir pour réellement se démarquer de la masse et de la concurrence féroce dans un style toujours aussi saturé et qui pullule de jeunes loups aux dents longues, au risque pour elle de se faire rapidement oublier des fans comme de la presse.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo