Mörbid Carnage - Night Assassins
Chronique
Mörbid Carnage Night Assassins
Parmi tous les pays de l' Est qui alimentent depuis longtemps déjà la scène metal européenne, la Hongrie n'est assurément pas le plus prolifique (comparé notamment à l'Autriche ou à la Pologne). En outre le style venant le plus facilement à l'esprit à l'évocation de cette terre où coule le Danube reste le black metal. Et pourtant c'est bien de thrash dont il sera question ici avec ce premier opus de Mörbid Carnage, « Night Assassins », sorti il y a deux ans sur le label singapourien Pulverised Records qui s'est surtout illustré ces derniers temps par ses sorties revival death. Alors si vous ne jurez que par le Kreator de « Terrible Certainty » et qu' « Arise » reste depuis plus de vingt ans l'un de vos albums de chevet, cette galette pourrait bien vous faire les yeux doux.
Malgré une tromperie sur la marchandise évidente avec ce logo et ces pseudos (ridicules) qui nous ferait jurer nos grands satans qu'il s'agit bel et bien d'un obscur groupe de black metal ou encore la dégaine de nos lascars qui nous ferait les requalifier illico et sans doute possible en combo black-thrash, Mörbid Carnage évolue bel et bien dans un thrash metal assez classique dans sa forme comme dans son fond, point d'influence black à l'horizon. La comparaison avec le terrible troisième opus des allemands sus-cités s'impose d'emblée comme une évidence tant dans la qualité du riffing affûté qui élague allègrement tout ce qui dépasse sans faire trop dans le détail (on parle de thrash tout de même!) que dans la voix du batteur/chanteur Blasphemy, sorte de Mille Petrozza qui s'essaierait à quelques digressions Tardyesques. Et si l'album est globalement d'assez bonne facture, inutile de préciser que toute l'eau qui a coulé sous les ponts (et la bière dans les gosiers) depuis la sortie de l'énorme « Terrible Certainty » (il y a déjà vingt cinq ans de cela!) atténue immanquablement l'impact de ce « Night Assassins » qui peut toutefois s'enorgueillir de qualités indiscutables. Outre les guitares ouvrières débitant à la chaîne riff sur riff, certains se révélant particulièrement goûtus (headbanging assuré sur « Empty Graves » à 3'24 ou sur le titre éponyme à 36''), la maîtrise des changements de rythmes permet à nos quatre hongrois d'agrémenter l'inévitable tchouka tchouka de quelques accélérations bien senties dont certaines risquent de laisser les plus inattentifs d'entre vous sur le carreau (le lattage en règle sur « Funeral Pyre » à 1'51 en particulier, mais aussi « Warlust » à 1'41, « Slaughtering » à 1'43 ou encore « Castle In pain » à 1'05) ou de parties plus posées, trébuchant une seule fois sur un break quelque peu incongru (« Warlust » à 2'15). On peut heureusement compter sur le fameux Blasphemy pour éviter les rechutes, le gus vous ayant de toute façon coupé les jambes d'entrée de jeu façon viande hâchée à grands renforts de double pédale hystérique (le début de « Warlust » justement). Extrêmement balisé certes, « Night Assassins » n'hésite pourtant pas à bouffer à plusieurs râteliers, réservant de ci de là quelque maigre surprise comme ces back vocals lui conférant d'un coup un petit air de crossover assez surprenant (« Funeral Pyre », « Deviant »).
Mais malgré toutes leurs qualités, nos jeunes hongrois souffrent inévitablement de la comparaison avec leurs aînés et au titre des scories venant tirer l'album vers le bas les soli se placent malheureusement sur la plus haute marche du podium. Peu inspirés, péchant par un manque évident de technique et donc finalement assez dispensables, ils ne parviennent pas du tout à rehausser des compos qui mériteraient bien meilleurs pinacles. Autre écueil à éviter dans ce contexte: le plagiat pur et simple. Cette fois-ci Mörbid Carnage joue parfois avec le feu et se brûle même franchement les doigts sur un « Empty Graves » donnant honteusement à 2'35 dans le rip off d' « Arise », quand d'autres le font de façon moins flagrante (le début de « Deviant » calqué sur celui de « Captor Of Sin » ou les francs relents Slayer/Sepultura plus loin à 1'27). Deux ou trois passages un peu moins intéressants et une légère impression de redondance vers la fin finiront de venir ternir doucement ce tableau sinon recommandable en tout point.
Bien mis en valeur par une production parfaite, les sept titres de « Night Assassin » (dont la plupart dépasse les cinq minutes) s'enfilent sans problème en guise d'apéritif avant d'attaquer pourquoi pas l'un des deux classiques cités plus haut. Un album sans prétention dont le plus gros défaut reste finalement une pochette absolument horrible, mais qui fait honneur au style avec une dévotion quasi palpable de bout en bout.
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