Putain qu'est-ce qu'elle est affreuse cette pochette! Destruction n'a jamais été connu pour ses artworks classes mais là c'est le pompon! Rappelons tout de même que nous sommes en 1988 et que c'est tout le charme des années 1980: des covers risibles mais des albums incroyables. Problème, ce
Release From Agony ne l'est pas vraiment. Disons aussi qu'il subit l'aura des sorties précédentes du groupe placées au panthéon du thrash.
Car effectivement,
Release From Agony a bien du mal à rivaliser avec
Infernal Overkill et
Eternal Devastation. Du moins chez moi car l'opus jouit malgré tout d'une belle renommée. En ce qui me concerne, il s'agit là d'une déception. Le troisième album de Destruction suit la nouvelle direction prise par l'EP
Mad Butcher. Seulement si la courte durée de celui-ci le rendait très efficace malgré une violence mesurée, ce n'est pas tout à fait le cas ici. Comme sur l'EP donc, les Allemands évoluent vers un thrash metal moins sauvage, plus travaillé, mélodique et technique, qui renvoie davantage à ce que font les Américains de la Bay Area qu'aux déchaînements rugueux de leur scène nationale. Le quatuor (rappelons que depuis la dernière sortie, Mike Sifringer fait désormais équipe avec Harry Wilkens et que Olly Kaiser a remplacé Tommy Sandmann derrière les fûts) a toutefois le mérite de ne pas avoir perdu son identité, la signature des Teutons étant reconnaissable dans chaque riff, et de ne pas avoir complètement oublié que le thrash, c'est à fond les ballons que ça se joue. Si le tempo s'emballe donc moins dans l'ensemble, la bande à Schmier a en effet le bon goût de nous offrir encore pas mal de parties de tchouka-tchouka endiablées. Ce, dès le premier morceau "Release From Agony", une fois passée la courte intro mi-acoustique mi-électrique "Beyond Eternity" et son shredding classieux. Ça thrashe sévère sur ce title-track qui remporte sans problème le trophée de tuerie de l'album. Il n'est heureusement pas tout seul puisque "Unconscious Ruins", "Our Oppression", "Survive To Die" (et sa fin surprenante sur un bout du génial "In The Mood" de Glenn Miller!) ou encore la deuxième partie de "Incriminated" comportent eux aussi leur lot de rythmes rapides comme on les aime. Mais vous savez là où Destruction s'est vraiment amélioré? Les solos. Mieux construits, plus mélodiques, plus de feeling, la paire Sifringer/Wilkens s'en donne à cœur joie ici. "Release From Agony" à 3'23 (ça devient carrément orgasmique à 3'47!), le ping-pong à partir de 2'37 sur "Dissatisfied Existence", "Sign Of Fear" à 4'23 qui propose une belle progression, "Incriminated" à 4'41, "Our Oppression" à 3'36, la liste est longue. Et puis il y a bien sûr Schmier qui, de son timbre nasillard et écorché ainsi que ses cris aigus jouissifs (sans oublier sa basse bien présente), pimente les morceaux comme lui seul a le secret. Il y a également tous ces refrains avec backing vocals qui font leur petit effet. On y retrouve d'ailleurs entre autre Mille Petrozza et Ventor de Kreator.
Comme quoi il y a quand même de quoi faire sur cet album, d'où une note élevée malgré la déception. Mais alors d'où vient-elle cette déception? D'une baisse globale d'inspiration déjà. Les riffs sont bons, certains excellents même, mais en deçà de ce à quoi nous a habitué Destruction. Le rythme moins frénétique me parle moins aussi. Combiné à l'inspiration moindre, ça nous donne des baisses de régime et des longueurs qui plombent un peu l'opus. "Sign Of Fear" en est un bon exemple. Ce titre down/mid-tempo aux touches atmosphériques, sombre et menaçant, joue beaucoup sur l'ambiance. Il est d'ailleurs plutôt réussi, à l'image de ces quelques accords de guitare espagnole surprenants. Mais il ne s'avère pas assez prenant et on sent bien passer les presque sept minutes. Et ce n'est pas parce que j'ai forcément besoin de vitesse pour prendre mon pied, la preuve avec ma vénération pour l'énorme "Life Without Sense". Juste que ce morceau finit par être un peu chiant et que ce n'est pas ce que j'attends du combo d'outre-Rhin. Clairement, le côté raw et débridé des premières sorties manquent ici.
Release From Agony n'est évidemment pas un mauvais album. Pris tel quel, il se range même dans les bons albums de thrash avec quelques pépites et une production exemplaire. Mais comme beaucoup de groupes de l'époque à l'approche des années 1990, Destruction devient plus mature et propose désormais un thrash metal plus mélodique, plus varié et plus ambitieux (plus de riffs, des solos mieux construits, des structures plus recherchées...). Mais la maturité n'a pas que du bon et les thrasheurs permanentés de Weil am Rhein se montrent moins convaincants dans cet exercice. Heureusement ça bourre encore pas mal et les passages rapides font remonter l'album dans mon estime, tout comme les excellents solos et un groove certain. Reste que
Release From Agony se révèle le moins bon album des Teutons de la première période avec Schmier, lui qui quittera ses partenaires deux ans plus tard. Et à vrai dire, si le groupe sortira d'autres albums corrects, il ne retrouvera jamais le niveau de 1984-1987, seule période qui vaut vraiment le coup chez Destruction. Par rapport à la seconde moitié des 90s où les Allemands se sont complètement perdus en chemin, et même en comparaison des dernières sorties médiocres du groupe, ce
Release From Agony reste royal en tout cas!
5 COMMENTAIRE(S)
29/11/2017 11:28
Après les terribles Eternal et Infernal...c'était dur de faire aussi bien faut dire.
Anecdote concernant cette fameuse pochette : j'avais le T-shirt et la petite vingtaine, dans un camping je croise un gosse qui me scrute puis se met à hurler et pleurer ! Haha !
T-shirt qui finira perdu, puis retrouvé dans un fossé en lisière de forêt après avoir été apparemment "rouché" par un sanglier !
11/11/2013 13:11
Et la pochette est super bien foutue pour ma part.
11/11/2013 01:11
14/08/2011 16:39
14/08/2011 11:29