Ultra-Violence - Privilege To Overcome
Chronique
Ultra-Violence Privilege To Overcome
Je le répète assez souvent l’Italie possède une scène métal vraiment intéressante, que ce soit en matière de death ou de thrash. Et s’ils n’ont pas participé à l’émergence du style qui nous concerne ici (malgré quelques bons groupes au début des années 90 comme Broken Glazz) on peut dire que les transalpins se rattrapent plutôt bien dernièrement avec le revival thrash qui sévit depuis quelques années, ayant produit des albums parmi les plus recommandables (« Unleash The Violence » d’ Injury pour n’en citer qu’un). C’est donc une fois de plus au pays de Silvio que je vous emmène aujourd’hui et plus précisément à Turin, chef-lieu de la région du Piémont, d’où sont originaires nos quatre gus d’Ultra-Violence. Fort d’un EP cinq titres très prometteur l’an passé (« Wildcrash ») et dont aucun titre n’est repris ici, le quatuor rempile dès cette année avec un premier effort longue durée (nous y reviendrons…) toujours sur le label national Punishment 18 Records à qui l’on doit la plupart des (bonnes) sorties thrash ritales. Et malgré quelques défauts « Privilege To Overcome » assied Ultra-Violence comme l’un des groupes à suivre pour tout amateur de cette scène revival qui se respecte.
Il est donc question ici de thrash d’inspiration essentiellement américaine dont les influences vont d’Exodus (« Restless Parasite ») à OverKill (« Metal Milizia ») en passant par Testament ou encore Death Angel (bah oui leur patronyme n’est pas seulement un clin d’œil à Kubrick comme voudrait nous le faire croire Ed Repka !). Un thrash véloce donc mais ne crachant pas sur l’aspect groovy et déversant les riffs power chords / palm mute d’obédience old school à la pelle incitant même le plus arthrosique des auditeurs à headbanguer frénétiquement (le début de « L.F.D.Y. », « Stigmatized Reality » et ses petites réminiscences brésiliennes ou encore ce passage irrésistible sur « Turn Into Dust » à 2’17). Attention toutefois à ne pas prendre Loris Castiglia et ses droogies pour des enfants de chœur récitant sans le moindre recul leur abécédaire Bay Area , nos quatre lascars n’ayant eu aucune pitié pour l’auditeur en agrémentant un thrash somme toute classique d’influences bien plus noires à l’image de ces quelques passages en tremolo sur fond (bien souvent) de blasts frisant le black (« Stigmatized Reality » à 1’53, le début de « Ride Across The Storm »). Et de blast il est question ici bien plus souvent qu’à l’accoutumée en la matière et même si je ne suis pas toujours convaincu par leur utilisation dans le style pratiqué ici force est de reconnaitre que leur usage s’avère plutôt judicieux et apporte une réelle touche de brutalité permettant à « Privilege To Overcome » de se démarquer un brin de ses concurrents en plus d’élargir l’assise rythmique d’un album essentiellement dominé par le tchouka-tchouka mais surtout ces cavalcades tellement entrainantes. A ce titre saluons la performance du marteleur Simone Verre au jeu puissant et tapissant des murs de double pédale tout au long de ces treize titres. Emmenés par un vocaliste n’hésitant pas non plus à changer de registre passant d’une voix thrash virile classique à des cris d’écorchés vifs (tentant même un refrain plus chanté assez convaincant sur le titre de clôture) , les Italiens se permettent même une petite incartade thrash-punk sur une « You’re Dead ! » survitaminée.
Tableau alléchant s’il en est que quelques défauts viendront malheureusement entacher. Passons sur une prod moderne, certes claire et puissante mais totalement impersonnelle, pour désapprouver l’utilisation un peu trop régulière de rythmiques saccadées que l’on ne serait pas surpris de retrouver chez le groupe de deathcore lambda mais faisant assez mauvaise figure ici. Regrettons également des soli souvent trop courts et manquants de mordant (exception faite de « Stigmatized Reality » et des excellentes leads bouclant l’album). Mais venons-en à la principale faiblesse de « Privilege To Overcome » : sa durée. S’il est vrai que l’on crie parfois à l’album trop court qui laisse l’auditeur sur sa faim, pécher par excès n’est pas plus recommandable et difficile de comprendre pourquoi Ultra-Violence s’est obstiné ici à remplir jusqu’à plus soif un album qui aurait mérité une coupe franche d’une bonne vingtaine de minutes. Car aussi bon soit le thrash des turinois, cinquante-sept minutes c’est trop ! On s’interrogera ainsi sur l’utilité d’un titre comme « The Voodoo Cross » et ses presque neuf minutes d’un thrash rampant offrant une respiration pour les plus chétifs d’entre nous mais rallongeant surtout sans grand intérêt une galette qu’on pourrait bien encore amputer d’un titre ou deux. C’est d’autant plus dommage que l’impact général en est pour le coup amoindri.
Mais ne faisons pas trop la fine bouche, ces quelques scories viennent diminuer un album possédant par ailleurs suffisamment de qualités pour qu’on le recommande à tout amateur de thrash. Car en mélangeant influences Bay Area, thrash plus moderne et même sonorités limite black, Ultra-Violence vient de confirmer avec « Privilege To Overcome » tout le bien que l’on pensait d’eux. Encore un groupe italien avec qui il va falloir compter !
Ce qu'il nous fallait à présent, c'était une p'tite visite surprise, ça c'était super, la grande fête avec le piment de l'ultraviolence !...
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Un petit album bien agréable en effet, même s'il est plombé par une longueur excessive. Du bon Thrash qui fait le job, ni plus ni moins, et mention spéciale à la magnifique pochette inspirée par "Orange Mecanique" |
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1 COMMENTAIRE(S)
23/07/2018 13:54