Un an après le mémorable
Infernal Overkill, le trio allemand permanenté revient avec la lourde tâche de donner un digne successeur à son premier full-length. Destruction frappe déjà très fort avec une pochette kitch ridicule qui représente pourtant bien le contenu. Même line-up, même label, même musique, la tornade Destruction emporte tout sur son passage!
Pas de grands changements depuis
Infernal Overkill, Destruction propose toujours un thrash metal inspiré et personnel mais approfondit son style grâce à des titres plus travaillés et une production un peu plus léchée. En cela, les sept compositions de cet
Eternal Devastation sont plus abouties que celles du grand frère. Une écoute suffit pour dire que les Teutons ont relevé le défi haut la main. Si
Eternal Devastation ne récolte qu'un 9/10, soit un demi-point de moins qu'
Infernal Overkill, c'est uniquement par ressenti personnel car les deux albums, de qualité similaire, sont le doublé gagnant de la bande à Schmier qui ne ressortira jamais plus de tels chefs-d'oeuvre.
Chef-d'oeuvre, c'est bien de cela dont il s'agit ici. Tous les morceaux sont de véritables tubes (mis à part peut-être l'instrumental "Upcoming Devastation" légèrement en-dessous), des usines à riffs qui servent encore de référence aujourd'hui (demandez donc à Witching Hour ou Witchtrap). Ca commence d'ailleurs sur les chapeaux de roues avec "Curse The Gods", l'un des nombreux hymnes du combo, et son intro acoustique typique de l'époque, sa rythmique effrénée (chuka-chuka), ses putains de riffs et le génial Schmier nous vrillant les tympans en couinant le refrain. Quel frontman! Si je suis souvent en désaccord avec mon vénérable collègue TJ, il y a bien une chose sur laquelle je partage son avis c'est qu'on en fait plus des comme ça, qui braillent d'un timbre particulier que l'on reconnait à la première intonation! Il y a tout sur ce premier titre, tout ce qui fait l'intérêt de Destruction et qui le place au dessus de la mêlée: des riffs mémorables à la patte identifiable entre mille, des structures bien avancées pour l'époque, des rythmiques relativement variées du batteur Tommy Sandmann allant du chuka-chuka thrashy classique au mid-tempo jouissivement headbangant en passant par quelques séquences plus calmes, un long solo de Mike Sifringer (même si ça n'a jamais été l'atout principal du trio, ils restent de qualité), de longs passages instrumentaux et bien sûr la voix géniale de Schmier et sa basse discrète mais un peu plus présente que sur
Infernal Overkill (elle s'exprime pleinement lors de la magnifique intro du dernier titre "Confused Mind").
Si "Curse The Gods" représente parfaitement Destruction entre chuka-chuka rageur et variations plus élaborées, ce n'est toutefois pas le meilleur titre de l'opus. Arrive en effet en piste 3 la gigantissime "Life Without Sense", le meilleur morceau de toute la discographie du combo d'outre-Rhin avec "Bestial Invasion" et sûrement le riff mid-tempo le plus génial de toute l'histoire du thrash (ouais rien que ça!). Un pur moment de jouissance! Il faut de toute façon savoir que si
Eternal Devastation est globalement assez rapide, peut-être plus que le premier full-length d'ailleurs ("Curse The Gods", "United By Hatred", "Eternal Ban", ça déboite!), il comporte quelques perles de riffs mid-tempo. Mis à part "Life Without Sense", on citera aussi "Confound Games" et l'énorme final "Confused Mind" qui me met dans tous mes états à chaque fois.
Si je garde malgré tout une légère préférence pour
Infernal Overkill, Destruction remplit sans peine son contrat avec cet
Eternal Devastation pratiquement génial de bout en bout, rempli de riffs monstrueux, de compositions variées et mémorables aux structures travaillées sublimées par le chant jouissif de Schmier, éraillé et nasillard. On parle souvent de l'année dorée 1986 en citant
Reign In Blood,
Master Of Puppets,
Darkness Descends et
Pleasure To Kill mais il ne faudrait pas oublier cet album qui tient largement la comparaison (surtout face à
Darkness Descends que je trouve bien inférieur). Après par contre, ce ne sera plus la même histoire puisque Destruction n'atteindra plus jamais le niveau de sa doublette impie
Infernal Overkill/
Eternal Devastation.
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03/10/2009 10:45