J'hésite. Parmi les pochettes d'albums cultes, laquelle est la plus moche, celle de notre trio satanique permanenté ou celle d'
INRI de Sarcófago? Choix difficile tant les deux sont risibles. Mais contrairement à aujourd'hui où les pochettes d'albums sont en général belles et travaillées mais la musique souvent mauvaise, c'est ici inversement proportionnel à la qualité du produit. Cette photo représente de toute façon bien l'état d'esprit de l'époque et c'est toujours mieux que casquette sur le côté et baggy!
Pas encore d'albums de Destruction chroniqués sur Thrashocore? Il était donc temps de retourner en cette glorieuse année 1984 qui a vu ma naissance, et ainsi dépoussiérer ce vieux classique de
Sentence Of Death, première sortie des Allemands et une des toutes premières du thrash teuton. Bref, cet EP fait partie de l'histoire, "25 years of German Thrash Metal" comme ils disent.
Même si encore un peu immature et son potentiel destructeur pas tout à fait à plein régime, Destruction sort avec
Sentence Of Death un premier essai plus que convaincant. La patte Destruction est déjà bien présente malgré les influences revendiquées (tout le monde veut faire comme Venom et Slayer après tout) et un logo différent du classique. Destruction c'est quoi alors? C'est du thrash, plutôt extrême pour l'époque (quoique moins que Kreator et Sodom même si certains n'hésitent pas à parler de thrash/black, mouais) à la fois typiquement allemand pour son côté "raw" mais aussi emprunt d'un parfum plus typé Bay Area par une certaine virtuosité mélodique (beaucoup de soli de shredder avec une apogée sur l'énorme intro de "Black Mass" ou à partir de 2'43 sur "Satan's Vengeance" démontrant un certain touché/feeling), des structures plus complexes que la moyenne (du chuka-chuka mais pas seulement, Destruction n'ayant jamais été le groupe le plus pressé), des riffs incisifs mémorables signés Mike Sifringer (rha ce "Total Desaster" de folie!), un attirail vestimentaire outrancier fait de pantalons ultra moulants, de perfectos, de clous et de cartouchières, des paroles satanistes à mort, et bien sûr la voix jouissive, écorchée et nasillarde de Marcel "Schmier" Schirmer qui donne tout son caractère extrême au groupe. L'un des meilleurs chanteurs thrash de tous les temps, qui ne pousse toutefois pas encore ici ses cris aigus pour lesquels il deviendra célèbre. La production, typique des 80s avec la batterie surmixée de Tommy Sandmann, le chant au léger effet d'écho trop mis en avant, la guitare en manque de volume mais dont le son rappelle bien pourquoi cette musique porte le nom de métal, donne aussi ton son charme à l'EP. Avec aussi un bon point bonus grâce à la basse de Schmier qui ressort bien de temps en temps, notamment sur l'ouverture de "Devil's Soldiers", néanmoins le titre le plus faible de l'album avec sa rythmique quelque peu bancale. Dernier ingrédient qui rend définitivement culte ce
Sentence Of Death, la présence de
"Mad Butcher", l'hymne de notre trio infernal avec son génial riff mélodique encore dans toutes les têtes. Pas le meilleur morceau du combo allemand toutefois pour moi (ce serait plutôt "Bestial Invasion" ou "Life Without Sense") ni même de l'opus (ma préférence allant à "Total Desaster").
Sentence Of Death peut sonner vieillot aujourd'hui, immature même (une "Intro" assez ridicule et caricaturale notamment), il n'en demeure pas moins un classique du thrash, une partie de l'histoire que tout bon thrashos se doit d'avoir dans sa collection. Le talent de composition de Destruction n'est pas encore exploité à fond avec encore quelques riffs qui se ressemblent mais la bande à Schmier sort déjà du lot en posant les bases de son style. Et putain quelle voix de dément! "Total Desaster", "Black Mass
", "Mad Butcher": que des classiques intemporels encore joués en live par les Teutons qui sortiront dès l'année suivante leur chef d'œuvre,
Infernal Overkill.
3 COMMENTAIRE(S)
30/06/2009 22:55
30/06/2009 13:48
30/06/2009 13:41