Ma relation avec Destruction est... étrange. Celle avec les autres groupes du "teutonic big 4" l'est beaucoup moins. Sodom? Mon groupe de thrash préféré. Kreator? Beurk (allez-y, tapez-moi). Tankard? Globalement un grand "oui". Je ne pourrai pas être aussi décisif pour Destruction. Ayant découvert ce groupe suite à un traumatisme visuel au vénérable âge de 14 ou 15 ans avec la pochette de
"Release From Agony" (qui, ironie du sort, est devenue ensuite une de mes préférées du genre), j'ai pendant longtemps fui le trio allemand avant de le regarder, circonspect, et d'enfin franchir le pas avec
"Eternal Devastation" quelques années plus tard. Depuis, j'écoute régulièrement ce groupe. Alors, qu'est-ce qui cloche? Peut-être un riffing très caractéristique qui ne me parle pas et qui a vite tendance à me faire avoir une "overdose de riffs" comme sur le pourtant très bon
"Infernal Overkill" que je ne peux pleinement apprécier uniquement si je fais une pause entre-temps. En effet, malgré un potentiel maintes fois démontré à coller mandale sur mandale, j'ai toujours trouvé une certaine répétitivité chez Destruction qui me gênait plus que chez ses comparses. C'est sans doute pour cette raison que
"Release From Agony" est devenu mon disque préféré du groupe, de par ses nuances, sa temporisation, ses différentes atmosphères...
Quant à "Born to Perish", il représente le quatorzième (!) disque des Teutons si l'on exclut les deux "Thrash Anthems" ainsi que les lives et les récents nombreux splits avec leurs collègues de scène. Vous le constatez comme moi: Destruction aime rester actif et productif et les paroles de Schmier en sont une preuve, lui qui commentait la longévité de son groupe dans une courte interview pour ZTMag en se comparant avec dérision aux Rolling Stones et en annonçant qu'il comptait continuer de produire des disques ou de monter sur scène jusqu'à ce que sa santé l'en empêche. Lui et Mike Sifringer ont donc encore quelques tours dans leur sac... sans être moi-même convaincu que cette détermination suffise.
Parce qu'à force de produire encore et encore sans trop se reposer vient fatalement le moment où la fatigue se fait sentir. Et pour des musiciens comme nos deux compères, cela se ressent d'abord au travers de leurs productions studio. Quand on sait également que l'enregistrement de ce nouveau disque a été fait le plus vite possible - pour ne pas dire "à la hâte" - car le groupe souhaitait le terminer avant d'embarquer dans leur tournée avec Overkill, on n'est pas forcément en droit de s'attendre à quelque chose de remarquable et de très poussé. Et le résultat ne trompe pas.
J'ai écouté ce disque deux ou trois fois avant de me lancer dans l'élaboration de cette chronique. J'ai ressenti, à chaque fois, la même sensation de lassitude et d'abandon qui me prenait vers la moitié du chemin et qui m'a presque fait dire "allez, fais iech, ça me soule trop, flemme d'aller jusqu'au bout, je préfère parler d'autre chose". Mais j'aime à coeur mon passe-temps de parler musique et j'ai néanmoins décidé de prendre la plume - quel homme! - essentiellement pour vous dire de ne pas vous attendre à quelque chose de nouveau, ni même de renversant, avec cet énième disque. Nuclear Blast aura beau user de tous les adjectifs mélioratifs du monde pour faire le faire passer pour quelque chose de varié mais le constat se fait entendre par lui-même: ce disque est très, très répétitif. On en fait une overdose, mais pas du même type que l'overdose dont je parlais en intro, pas une overdose parce que les riffs sont trop nombreux et efficaces et qu'on croule dessous, non! Overdose d'ennui et de lassitude.
Quels sont les intérêts de cet album, alors? Qu'est-ce qui peut encore redonner envie aux fans, après un "Under Attack" assez médiocre et un "Spiritual Genocide" sympa sans plus? Pas grand-chose. Le duo se mue cette fois-ci en quatuor avec l'arrivée du batteur Randy Black et de son jeu bien dynamique comme sa carrière au sein de Primal Fear ou de Rebellion peut le démontrer ainsi que du soliste Damir Eskic, qui constitue cette fois-ci un vrai changement pour le groupe puisqu'il faut remonter jsuqu'en 1998 avec le... truc? qu'est "The Least Successful Human Cannonball" pour avoir deux guitaristes au service de la destruction. On sent cet ajout, plutôt bénéfique pour le groupe, au travers des soli assez costauds de "Tyrants", "Betrayal", et "Born to Perish" qui relèvent l'intérêt de titres, tout comme le jeu de batterie lourd et direct de Randy Black avec l'intro assez martiale et plutôt catchy de "Born to Perish" et le début assez dynamique de "Betrayal". Mais mis à part l'arrivée de ces deux nouveaux musiciens... pas grand-chose à l'horizon.
C'est ce que je disais plus haut: on sent que, progressivement, le groupe abandonne, qu'il n'a plus envie de convaincre. Il part pourtant plutôt bien, avec un "Born to Perish" avec un refrain aux riffs et aux choeurs assez marquants, continue sur une lancée intéressante avec "Inspired by Death", ses tierces et sa petite vibe heavy gentil à la Saxon avant de sombrer dans un heavy/thrash insipide qui fait penser à une mauvaise version d'Overkill avec "Rotten" et s'effondre pour de bon avec la semi-balade totalement dispensable "Butchered for Life" Quant au reste... si vous n'avez pas laissé cet album tomber, "Tyrants" saura redonner un peu d'intérêt à l'ensemble de par son côté plus pêchu et direct, qui réveille bien, mais c'est tout. Le reste ne mérite pas que je m'attarde dessus.
Séparément, tous ces morceaux réussissent quelque part à convaincre, le talent des teutons pour tout détruire n'étant plus à démontrer. Seulement, d'une traite, sur un album de cinquante minutes, on aura bien plus de mal à tenir sans soupirer ou - pire! - couper. Réservé aux die-hard fans.
8 COMMENTAIRE(S)
04/09/2019 15:39
11/08/2019 21:32
C'est pas commun de voir Tankard en numéro 1, quand on sait que certains ne l'incluent même pas dans le big 4. Je les aime beaucoup, je trouve qu'ils sont assez sous-côtés sur bien des aspects.
11/08/2019 14:44
11/08/2019 14:21
Aucune variation, toujours ce Thrash bourrin surproduit et stérile qui fatigue très vite. Moi aussi j'adore "Release from Agony" et surtout "Cracked Brain" où le groupe variait sa recette.
Qu'est ce que j'aimerais que Destruction refasse au moins un seul album où il lève le pieds.
Mais oui, tellement!
11/08/2019 14:13
Aucune variation, toujours ce Thrash bourrin surproduit et stérile qui fatigue très vite. Moi aussi j'adore "Release from Agony" et surtout "Cracked Brain" où le groupe variait sa recette.
Qu'est ce que j'aimerais que Destruction refasse au moins un seul album où il lève le pieds.
11/08/2019 13:19
11/08/2019 13:09
J'étais certain que cette phrase allait faire réagir mais désolé, à part les débuts bien raw et agressif j'ai vraiment du mal.
11/08/2019 07:25