Exorcizphobia - Spiritual Exodus
Chronique
Exorcizphobia Spiritual Exodus
Si l’on vante régulièrement la qualité des scènes Death et Black venant de République Tchèque on ne cite que trop peu le Thrash local qui a pourtant des arguments à mettre en avant, malgré son manque criant de visibilité. Parmi les meilleurs exemples on peut citer facilement EXORCIZPHOBIA qui avec bientôt vingt années au compteur fait partie des doyens du genre au niveau national, et qui après un long tâtonnement musical ponctué par de nombreux changements de line-up semble enfin avoir trouvé depuis 2019 la stabilité qui lui avait manqué. Car depuis la sortie de « Digitotality » le quatuor basé à Trutnov a clairement gagné en maturité en s’attaquant désormais à des sujets plus sérieux (société, politique, inégalités...) après des débuts plus légers où il était question de skateboard ou de fêtes d’adolescents, et cela se ressent sur ce quatrième album sans prétentions mais parfaitement efficace. En effet si le combo reste un honnête artisan de deuxième division et qu’il ne va nullement grimper dans la hiérarchie il offre ici ce disque agréable à défaut d’être mémorable, mais qui va néanmoins faire passer un bon moment malgré ses faiblesses et une voix auquel il faut s’habituer tant elle surprend de prime abord.
Cependant une fois qu’on a passé outre ce point de détail on se retrouve embarqué dans une musique agréable et rythmée qui donne autant envie de secouer la tête que d’écraser tout le monde, sans que cela ne soit d’une violence absolument débridée... comme vont le prouver « Initiation » et « Violence And War », qui reprennent tous les éléments typiquement Thrashy où vitesse enjouée et plans remuants voire écrasants se mêlent en bonne intelligence, afin d’offrir des compositions variées et efficaces. Si le groupe ne va pas hésiter à aller un peu plus à l’essentiel et en radicalité sur les simplissimes et entraînants « Reflections » et « Ring-Pass-Not » (aux accents particulièrement rageurs et qui ne ralentissent jamais la cadence) sans y perdre en accroche ni virulence, il va aussi montrer qu’il conserve sa force de frappe et son attractivité même en densifiant son propos de façon plus imposante. La preuve avec les excellents et fluides « Down The Rabbit Hole » et « Those Who Oppose » qui vont mettre en avant tout le panel rythmique de l’entité qui s’amuse ici à faire mal aux cervicales, vu qu’elle propose une écriture où le mid-tempo est plus présent et qui se révèle parfait pour le headbanging au milieu des variations nombreuses (ça accélère et ralentit fréquemment), avec toujours cette fluidité et cette facilité auditive à se mettre parfaitement dans le morceau proposé.
En revanche si jusque-là tout se passait sans accrocs et sans voir le temps défiler ça ne sera pas le cas du mitigé « Through A Glass Darkly » qui avait tout pour être efficace quand il reste dans sa veine classique, malheureusement il voit l’apport en son milieu d’un long passage posé aux doux arpèges mélodiques qui hélas n’évite pas l’écueil du mielleux et de l’ennui, tant ça se finit par être chiant et bancal. Du coup on se retrouve avec un drôle de sentiment sur cette plage qui aurait dû rester dans du classicisme efficace au lieu de vouloir s’en éloigner, et de finalement tomber à côté tout en s’étirant inutilement sur la longueur... un constat qui va se retrouver sur l’interminable conclusion instrumentale (« Tiwanaku »). Car si les mecs ont voulu ici aller plus loin dans le délire mélodique - et que l’intention était louable, force est de reconnaître qu’ils tombent totalement à côté vu que ça ne décolle jamais de par sa rythmique lente et lancinante répétitive au possible ainsi que ses arpèges certes agréables et tout en fluidité mais hélas peu inspirés et repris en boucle. N’amenant rien de plus à une réalisation malgré tout sympathique et réussie dans son ensemble cette ultime moment s’oubliera plus vite que les autres présents ici, qui offrent une écoute idéale en mode dilettante sans pour autant être totalement absent des débats. Techniquement bien en place et sans chichis la formation fait ce qu’il faut pour que l’auditoire se vide la tête comme il se doit, même s’il est certain que tout ça restera relativement confidentiel, tant ça reste quelconque et assez inégal. Bougeant juste ce qu’il faut sans pour autant être indispensable ce long-format remplira son office de façon immédiate bien qu’on retournera vite vers les indispensables, vu que tout ça bien qu’assez homogène aura du mal à se démarquer de la masse en manquant notamment d’un hymne ou d’un passage qui sorte vraiment du lot de par ce rendu très générique. Mais cependant l’essentiel est bien là et ça n’est déjà pas si mal, tant le style se montre saturé de noms bien moins enthousiasmants et qui filent directement chez les soldeurs ou promotions du net, ce qui n’est pas le cas ici et c’est tant mieux vu les belles choses qu’il y’a à entendre sur ce « Spiritual Exodus » débarqué de la région de Hradec Králové.
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