Tantara - Based On Evil
Chronique
Tantara Based On Evil
Hormis les intouchables Américains de Hexen, c'est bien en Norvège qu'il faut aller cette année pour du thrash de qualité. Après le sauvage Nekromantheon, l'efficace en diable Aura Noir et le Deathhammer plus old-school tu meurs, le premier album de Tantara vient compléter le quarté gagnant scandinave. Sortis de nulle part si ce n'est de leur ville d'origine Vestfold en 2009, les Norvégiens signent avec Based On Evil, débarqué fin août sur Indie Recordings, un remarquable essai longue durée.
Si ses compatriotes cités plus haut donnent dans le thrash primaire, Tantara évolue lui dans des sphères plus mélodiques et techniques, tout en sentant bon la vieille veste à patches usées. Ne vous fiez pas au riff d'ouverture à la Pantera de "Based On Evil", le quatuor voue en fait un culte acharné à la scène thrash de la Bay Area, deuxième moitié des années 1980. Le choix du producteur danois Flemming Rasmussen n'est ainsi pas anodin. Résultat, la production de Based On Evil évoque un mélange savoureux entre la clarté de Master Of Puppets et la lourdeur de ... And Justice For All. Logique pour un groupe dont Metallica est une des plus grosses influences aux côtés d'Exodus (riffs et chœurs), Heathen (mélodies et structures), quelques bouts de Megadeth ("Based On Evil" à 2'15!) et un petit groove à la Evildead ("Mass Murder" à 4'47). En s'appuyant sur des modèles aussi prestigieux, la formation ne pouvait pas se tromper et effectivement, ce Based On Evil est un hommage réussi à cette période dorée, même si encore une fois on pourra reprocher un manque de personnalité et d'originalité, qualités intéressantes mais de toute façon peu recherchées dans le thrash metal.
Du tchouka-tchouka en pagaille, du mid-tempo à vous décrocher la nuque, des riffs bétons sortis tout droit de la paire Hammett/Holt, d'excellents solos mélodiques de shredder, Tantara a bien appris sa leçon et sait clairement s'y prendre dans chaque secteur du jeu. Attention cependant pour les amateurs de violence gratuite, le thrash des Scandinaves, malgré une bonne proportion d'agressivité, se base davantage sur de longues compositions à tiroirs un poil progressives. Avec 7 minutes en moyenne par morceau dont une pointe à près de 10 pour l'excellent "Prejudice Of Violence", l'opus laisse les musiciens exprimer pleinement leur aisance technique pendant pas loin d'une heure. Une durée que je trouve souvent trop excessive pour le genre mais, à l'instar de Metallica (... And Justice For All) et Heathen (Victims Of Deception), Tantara a le talent pour captiver l'auditeur tout du long, l'opus ne subissant que quelques baisses de régime facilement pardonnables car toujours au-dessus de la moyenne ("Human Mutation", "The Killing Of Mother Earth"). Tout ce temps, le groupe le partage entre thrash frontal aux rythmiques typiques montrant son potentiel d'efficacité et séquences plus calmes et mélodiques non dénuées de feeling à base d'arpèges, d'acoustique ou de belles leads (miam ce break divin à la 6ème minute de "Prejudice Of Violence" après le discours samplé de ce cher Georges W. Bush sur le terrorisme). Doté également d'une basse pas timide, le groupe semble savoir tout faire.
Tout, sauf le chant. Car s'il y a un point sur lequel Tantara va devoir faire des efforts, c'est bien les vocaux de Fredrik Bjerkø. Éraillés, bancals et surtout irritants, les vocalises du bonhomme font penser à une sorte de Mille Petrozza dans ses mauvais jours. Une pointe d'allemand dans le thrash Bay Area dont on aurait très bien pu se passer même si on finit par s'habituer. C'est que les bons albums de thrash avec un chant pas top ne manquent pas après tout (Vio-Lence, Toxik...). Le bon côté aussi, c'est que ce chant farfelu apporte malgré tout un peu d'identité à Tantara. J'irais même jusqu'à dire un certain charme pour peu que vous accrochiez. Quoiqu'il en soit, les vocaux vont diviser, c'est certain.
Pas la musique, qui devrait satisfaire tous les fans de Metallica, Exodus, Heathen et du thrash metal des années 1980 made in San Francisco. Peut-être un poil trop long et manquant de personnalité en raisons d'influences trop flagrantes, Based On Evil n'en demeure pas moins une très bonne surprise. Des rythmiques entraînantes, du groove, des putain de solos, des riffs faisant faire un bon en arrière de 25 ans, de la mélodie, du feeling, Tantara m'a rapidement convaincu de son potentiel. Et s'il n'y avait pas ce chant énervant qui vient un peu gâcher la fête, comme un bouton mal placé sur le visage autrement enjôleur d'une belle femme, nul doute que la note aurait pu aller plus haut histoire de titiller Being and Nothingness, le meilleur album thrash de l'année. En tout cas, ça promet pour la suite!
| Keyser 5 Septembre 2012 - 2802 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | arrackattack 12/04/2013 01:36 | | Bonne revue, malgré des remarques concernant le chant ou la musique que je trouve très subjectives ! Ainsi je peux dire bravo à Keyser qui a réussi à cité mes 3 groupes préférés en disant que le chant était "pas top", c'est à dire Kreator, Vio-lence et Toxik. C'est avant tout une question de goût, mais pour moi des groupes qui se démarques par un chant incisif, agressif saccadé c'est largement mieux que les groupes à voix gutturales ou les hurlements et le growl reviennent sans cesse et ou la patte vocale n'existe plus !! Je serai d'accord sur la partie "n'est pas très original" mais concernant mes goûts musicaux c'est largement suffisant, Tantara ont prouvé qu'ils étaient techniquement presque aussi bon qu'un testament ou un Megadeth, et cela en un album; tout en y ajoutant l’agressivité du thrash du debut des 90's, en gros un thrash bien old school, qui vous fait headbanger même devant votre pc, avec une production vintage, que faut il de plus ? 9,5/10 pour cet album ! |
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12/04/2013 01:36