Torn Fabriks - Mind Consumption
Chronique
Torn Fabriks Mind Consumption (EP)
Si on ne cesse de vanter à juste titre l’essor et la qualité du Black Metal local, le Portugal voit également l’émergence d’une scène Thrash intéressante et d’une grande sobriété qui gagne progressivement en visibilité grâce à plein de nouvelles formations à suivre. Parmi toutes celles-ci on peut facilement citer ce jeune trio lisboète qui a été fondé l’an dernier, et qui perpétue une certaine vision originelle du genre du fait de toute l’expérience et du vécu musical de ses membres qui ont joué dans nombre de combos locaux. De fait il n’est donc pas étonnant que les trois loustics pratiquent un style à l’ancienne qui sent bon les années 80 et la Bay Area, tant on se croirait plongé aux débuts d’EXODUS ou encore de TESTAMENT.
Car débutant directement par un lead doux et triste fortement inspiré justement par la paire Alex Skolnick/Eric Peterson « Respect » va donner le ton de ce que vont être les vingt minutes de cet Ep, à savoir une écriture directe, sobre et particulièrement groovy où la mélodie et la vitesse se mêlent à merveille. En effet après cette introduction comme un clin d’œil à Chuck Billy et ses comparses, la suite va être un enchaînement entre parties rapides propices au headbanging, mid-tempo brise nuques qui donne envie de se dandiner et passages plus lents parfaits pour écraser l’ensemble et y ajouter une touche de densité supplémentaire. Jouant sur l’alternance rythmique ce premier morceau va se révéler être impeccable dans son écriture comme son exécution, ne cherchant jamais à en faire des tonnes techniquement ni à allonger inutilement son propos (aucune compo ne dépassera les quatre minutes). C’est d’ailleurs ce schéma relativement court qui va être une des forces de cette galette qui bien qu’ayant de bons points comme cité précédemment est aussi à contrario un peu trop scolaire et dans les clous vu qu’on aimerait que le groupe se lâche parfois un peu plus, mais cela ne nuit pas à l’ensemble malgré une production relativement naturelle mais qui manque un peu de puissance.
Cependant entre l’équilibré et efficace « Idiocracy Layers », le furibard « Face It » qui ne débande pas une seconde (et montre une facette plus primitive tout aussi réussie) ou encore le groovesque et écrasant « Felt The Treason », on voit que les gars savent densifier leur propos sans y perdre en efficacité ni en feeling. Restant parfaitement calibré et sans surprises tout cela passe néanmoins facilement le cap des écoutes, tant c’est facile à mémoriser et porté par une envie contagieuse d’en découdre, à l’instar de l’excellentissime « Evil8 » tout en rapidité quasiment en continu (seulement interrompue par un passage central au ralenti pour y amener un peu de noirceur). Terminant les hostilités avec le redoutable et court « Bring Me Down » tout en variations et cassures la bande y a ajouté à son démarrage une nouvelle référence majeure des eighties de par la présence éphémère (mais reconnaissable) du fameux rire démoniaque de Vincent Price en clôture du « Thriller » de Michael Jackson.
Avec en prime une pochette qui sent bon les vhs de l’époque, les séries z décalées et les nanards improbables entre « Killer Crocodile », « Le Retour Des Tomates Tueuses » et autres joyeusetés qui font la joie des fans de Nanarland, ce disque sans excès et empreint de nostalgie (les descentes de toms nombreuses du batteur font plaisir à entendre) a tout pour faire passer un moment agréable et se vider la tête facilement. S’il est évident que ça n’est pas la sortie de l’année ça mérite néanmoins qu’on pose dessus une oreille voire les deux tant ça fait le boulot avec sérieux et application (à défaut d’être mémorable – les plans restant relativement identiques sur chaque plage), et pour une première réalisation effectuée seulement quelques mois après la création de l’entité c’est déjà plus que prometteur et intéressant. Tout ça confirme une fois encore que la simplicité a du bon et qu’un retour aux sources est toujours bénéfique et salutaire, surtout en ces temps troublés gangrénés par les délires sanitaires en tous genres et les fléaux sociaux qui imposent leurs visions et leurs lois aux moutons sans cervelle.
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