Ultra-Violence - Operation Misdirection
Chronique
Ultra-Violence Operation Misdirection
J’ai en ces pages assez régulièrement depuis maintenant plusieurs années défendu (bien souvent à contre-courant de l’avis général) ce que l’on a vite appelé ‘’
revival thrash’’, à savoir tous ces jeunes groupes apparus vers le milieu des années 2000, fortement inspirés par les grands noms du thrash (avec un fort penchant vers la Bay Area) et notamment de la scène européenne qui comptait nombre de formations extrêmement prometteuses. Parmi toutes celles-ci, deux tiraient plus particulièrement leur épingle du jeu pour moi : Crisix et Ultra-Violence. Deux groupes qui avaient affiché d’emblée un savoir-faire affûté et une maitrise pointue du riffing. Si avec leur dernier effort « Against The Odds » les Espagnols complètent une discographie pour l’instant sans aucun accroc, malheureusement « Operation Misdirection » marquera quant à lui un premier à-coup pour les Italiens après pourtant un EP et deux albums fortement recommandables.
Ultra-Violence ne bouscule pourtant pas les codes qui ont fait son succès avec une pochette moche (raccroche les crayons, Ed...) toujours emprunté à l’univers
Orange Mécanique et un premier titre qui reprend grosso-modo tous les aspects du thrash incisif que l’on appréciait tant sur
« Privilege To Overcome » et
« Deflect the Flow ». Toutefois dès cette entame d’album quelques grains de sables viendront gripper la machine et faire un peu grincer des dents, à commencer par cette basse irritante au son ultra métallique et qui finit par taper sur le système. Une autre chose qui m’agace au plus haut point (je vais essayer d’être clair) c’est cette impression que certains passages en palm mute sur la corde grave ne sont pas joués corde à vide mais sur la première case (cf passage à 2’13), ça peut paraitre un détail mais personnellement ça a tendance à me gâcher l’écoute (ce ne sont pas les seuls ça m’a déjà agacé plus d’une fois chez Pantera par exemple) ! Et quand bien même le riff à 44’’ est plutôt agréable et accrocheur le niveau général semble déjà un cran en dessous. Et pourtant « Cadaver Decomposition Island » finira par obtenir le titre de meilleure piste de l’album alors même que lors de sa publication en avant-première elle m’avait clairement laissé sur ma faim, espérant justement qu’il ne s’agissait pas là du meilleur extrait de l’opus. Malheureusement l’impression générale ne changera pas par la suite avec une « Welcome To The Freakshow » bien thrashy mid-tempo mais finalement bien trop gentillette, « My Fragmented Self » qui peine aussi à totalement convaincre malgré ses petits relents à la old-Megadeth (oui ça sent le « Sweating Bullets » par ici..), bref on reste loin de ce qu’a pu proposer le groupe par le passé. On relèvera un peu le nez sur « The Acrobat » aux relents punk dynamiques et « Nomophobia » un peu plus agressive que ses petites sœurs (malgré encore une fois un palm mute irritant !). Une reprise (nous y reviendrons) et un interlude de deux minutes (plutôt dispensable) plus tard nous voici déjà à la piste de clôture « Shining Perpetuity » qui, sur une rythmique soutenue entre d-beat enlevé et mid-tempo plus headbanguant nous amènera gentiment vers la fin avec son refrain plus mélodique, sans convaincre vraiment plus que le reste malgré un solo plutôt sympa.
Revenons donc un moment sur cette reprise du tube absolu de Dire Straits, « Money For Nothing ». Je ne sais pas si c’est parce que je l’ai écouté des milliers de fois tout au long de mon enfance (merci papa) et qu’elle commence à me taper un peu sur le système mais cette reprise m’a mis mal à l’aise. Sans être mauvaise en soi (bon il faut avouer que le titre se prête assez facilement à l’exercice, peut-être trop justement) il faut aussi avouer qu’elle arrive comme un cheveu sur la soupe aux deux-tiers de la galette… En bonus track à la rigueur pourquoi pas m’enfin sur un album qui ne contient déjà que huit titres c’est un peu abusé si vous voulez mon avis…
Si je me montre un peu dur (
qui aime bien châtie bien) c’est parce que j’attendais beaucoup de ce nouvel album et qu’Ultra-Violence pouvait (devait !) faire bien mieux que ça. « Operation Misdirection », en plus d’une qualité de composition un bon cran en dessous de ses prédécesseurs, pêche par un manque de cohésion gênant entre des ambitions plus thrash/prog (les titres plus longs et plus ‘’complexes’’), velléités mélodiques affichées (la fin de « Cadaver Decomposition Island », « Shining Perpetuity ») et un titre punk-thrash comme « The Acrobat », sans parler de la reprise de Dire Straits… On se retrouve au final plutôt avec un gros EP qu’un véritable album (panne d’inspiration ? timing serré ?), sauvé par quelques bons riffs et deux ou trois solos plutôt sympas (« The Acrobat », « Shining Perpetuity »). Malheureusement une fois l’écoute terminée on n’en retire rien d’extrêmement mémorable et l’envie est plutôt celle de ressortir
« Deflect The Flow » que de rappuyer une deuxième fois sur ‘’play’’. Ultra-Violence n’est évidemment pas le premier groupe de revival thrash à commettre un faux-pas (remember Injury, Essence ?) mais j’attends clairement un gros coup de collier pour la suite.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
4 COMMENTAIRE(S)
citer | Album écouté en retard mais bon vaut mieux tard que jamais !
Premier album "bof" pour mon groupe de thrash préféré....pourtant l'album a des qualité ! C'est très propre, il y a de bonnes idées de composition, les zicos savent bien jouer et composer c'est pas ça le problème.
Quand j'écoutes un groupe de thrash qui s'appelle ultra violence je m'attends forcément à un truc très efficace, pas bourrin en mode osef mais un truc un minimum rentre dedans !
Mais là...c'est trop calme, trop de mid tempo au milieu de chansons qui avaient commencé rapidement, en bref c'est un album passable mais rien comparé au bulldozers qu'ont été les 2 premiers albums |
citer | J'avais adoré Privilege to Overcome, mais vraiment. en 2013 c'était ma sortie préféré avec le Power Trip. J'ai tellement saigné cette album... ce parti pris du très gros son un poil synthétique ne me dérangeait pas, bien au contraire. Le groupe avait la puissance pour envoyer son Thrash très extrême.
Dés le deuxième album ça s'est gâté, peut-être une trop grosse attente de ma part je sais pas, mais j'ai pas du tout accroché.
Et la pareil, rien ne me touche. Pourtant ça bourre mais moins bien qu'avant, puis je retrouve plus trop ce feeling.
En Thrash vraiment bourrin et avec une pochette de Repka 2.0 bien moche (qui ne peut plus se passer de photoshop hélas) je recommande plutôt le "Unleashed Upon this World" de Chemicaust. Bon ok c'est plus Death. |
citer | D'accord avec toi sauf sur le dernier point car pour moi le précédent "Deflect the Flow" avait justement tout d'un très bon album du genre. Mais ici en terme de composition on reste clairement sur sa faim... |
citer | Assez partagé sur cet album, la bonne chose est que les mecs ont enfin allégé la durée de leurs compos qui s'éternisaient inutilement. Par contre les nouveaux titres ne m'ont pas spécialement plus emballé que ça, je trouve que ça tourne pas mal à vide et ça manque de riffs et passages forts. Un disque sympathique mais il manque encore aux italiens un disque sans défaut qui fera date et leur permettra de monter d'un cran dans la hiérarchie du genre |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
4 COMMENTAIRE(S)
11/05/2019 19:27
Premier album "bof" pour mon groupe de thrash préféré....pourtant l'album a des qualité ! C'est très propre, il y a de bonnes idées de composition, les zicos savent bien jouer et composer c'est pas ça le problème.
Quand j'écoutes un groupe de thrash qui s'appelle ultra violence je m'attends forcément à un truc très efficace, pas bourrin en mode osef mais un truc un minimum rentre dedans !
Mais là...c'est trop calme, trop de mid tempo au milieu de chansons qui avaient commencé rapidement, en bref c'est un album passable mais rien comparé au bulldozers qu'ont été les 2 premiers albums
12/09/2018 01:02
Dés le deuxième album ça s'est gâté, peut-être une trop grosse attente de ma part je sais pas, mais j'ai pas du tout accroché.
Et la pareil, rien ne me touche. Pourtant ça bourre mais moins bien qu'avant, puis je retrouve plus trop ce feeling.
En Thrash vraiment bourrin et avec une pochette de Repka 2.0 bien moche (qui ne peut plus se passer de photoshop hélas) je recommande plutôt le "Unleashed Upon this World" de Chemicaust. Bon ok c'est plus Death.
10/09/2018 20:09
10/09/2018 13:46