"Thrashocore, le webzine qu'on ne sait pas pourquoi il s'appelle comme ça". "Thrashocore, le webzine qui ne chronique ni de thrash ni de hardcore". Histoire de faire mentir les nouveaux slogans auto-dérisoires de la page d'accueil (vous les aviez remarqués au moins?!), on va terminer la trilogie de rééditions Razor par Relapse avec
Open Hostility sorti à l'origine en 1991 sur Fringe Product. Même traitement que
Violent Restitution et
Shotgun Justice: le son se voit remasterisé et l'artwork subit un ravalement de façade, pour une fois réussi grâce à l'ajout de couleurs plus chaudes et vives, de feu, de sang et de flics en uniforme plus fascistes, décuplant ainsi la violence visuelle en adéquation avec la violence musicale.
Parce qu'évidemment, Razor ne s'est pas calmé sur ce
Open Hostility. Il y avait pourtant gros danger de plantage avec la non-participation du bassiste Adam Carlo (le frère de Dave), remplacé par un certain Jon Armstrong, et surtout l'utilisation d'une batterie programmée en lieu et place de Rob Mills, dans l'impossibilité d'enregistrer à cause d'un accident de voiture. Mais non! Razor, c'est un groupe de mecs, des vrais, qui écartent les obstacles placés par la vie à grands coup de rangeos! Résultat, la basse tient son rang et on ne sent pas trop la différence au niveau de la batterie. Le désormais trio balance ainsi son thrash virulent comme s'il ne s'était rien passé.
Du coup, difficile de parler d'évolution avec les deux derniers opus. Les Canadiens tracent tout droit sur la route empruntée depuis
Violent Restitution, délaissant celle du speed de bikers des débuts pour celle du thrash à toute berzingue, ajouté au côté urbain de
Shotgun Justice qui trouve son apogée sur ce
Open Hostility, la bande-son parfaite d'une bonne grosse émeute. La cover n'a pas été faite par hasard après tout! Et l'album ne s'ouvre pas sur des bruits d'éclats de verre et ne se termine pas par des sirènes d'alarme pour rien! Si on doit vraiment trouver quelques différences, je dirais que
Open Hostility se révèle légèrement plus varié que ses deux grands frères, dégage plus de groove et propose un peu plus de mélodie ("Mental Torture" et surtout "End Of The War" en clôture, le plus évident). Certains solos se font aussi plus aboutis et développés que d'habitude (surtout sur la première partie, "In Protest", "Sucker For Punishment", "Road Gunner" puis "I Disagree" dans la seconde), même si la plupart restent dans le pur style Razor à savoir courts, à l'arrache et distordus à mort à base de vibrato cacophonique. Tout ça est à prendre avec des pincettes toutefois car on reste loin du thrash à la mode en ce début des années 1990, plus poli et technique. Razor reste Razor. Soit du thrash de tough guys sans compromis (rha "Iron Legions"!) qui a les crocs et sort les brass knuckles, prêt à en découdre avec n'importe qui. "Cheers" s'avère d'ailleurs un putain d'hymne de hooligans avec son riff punky qui tourne en boucle et ses chœurs fédérateurs (il y en aussi sur "Mental Torture" et "I Disagree"). Un véritable appel à l'alcoolisme et au brotherhood! "Free Lunch" est un peu dans le même genre après son intro thrash plus typique. Deux morceaux un poil différents (surtout "Cheers") des autres mais qui collent tellement à l'identité du combo canadien! Pour le reste, c'est 80% de tchouka-tchouka sur des riffs incisifs à la Exodus, le tout porté par le chant râpeux et teigneux de Bob Reid, très bon remplaçant de Sheepdog dans un style plus grave mais moins psychopathe, et une production sèche et nerveuse on ne peut plus adaptée au style. Bref, ça riffe sévère, ça thrashe jusqu'à la mort et ça castagne à n'en plus finir, avec cependant un peu plus de groove pour encore davantage d'efficacité. Dès le début d'ailleurs sur "In Protest" qui nous fait tout de suite comprendre que Razor reste affûté puis sur l'enchaînement avec "Sucker For Punishment" et son riff principal ultra entraînant, mon morceau préféré du disque avec "Cheers". Quelques mid-tempos bien headbangants font aussi pas mal d'effets à la nuque. "Sucker For Punishment" encore, sur sa deuxième partie, mais aussi "Bad Vibrations" notamment.
Ce qui ressort comme d'habitude néanmoins, c'est bien sûr le festival de tchouka-tchouka et le jeu pied au plancher de Razor qui ne fait à nouveau pas dans la dentelle. Est-ce que ça ne finit pas par lasser? Non! Car l'ambiance de guérilla urbaine dégagée, la hargne qui en ressort et la qualité des riffs de la part d'un Dave Carlo en grande forme occultent le côté répétitif de l'ensemble qui existe bel et bien malgré quelques variations. Oui, c'est un peu toujours pareil mais on ne s'ennuie pas, d'autant que l'opus ne compte que 37 minutes réparties sur douze morceaux. Il n'y a guère que "Red Money" et "Psychopath" que je trouve plus anecdotiques. Par contre la réédition de Relapse, même si bienvenue car elle permet de déterrer un groupe connu uniquement dans les milieux avertis et de se procurer un album difficile à trouver à prix correct, prolonge la durée de l'œuvre à plus d'une heure. Et vous savez ce que je pense des albums à rallonge depuis le temps que je m'en plains! Rien moins que huit titres bonus. Alors c'est bien de proposer des trucs en plus mais franchement, seuls trois s'avèrent utiles. Les trois inédits en fait, "Tow The Line" et "Taking The Strain" (production raw mais tout à fait audible) et "Violent Propensity" (au son plus clair). À la rigueur, la version rehearsal de "End Of The War" avec Rob Mills aussi. Mais le reste, des versions instrumentales de compositions déjà présentes sur l'opus n'ont que peu d'intérêt et font perdre de l'efficacité à un opus dont la réussite réside principalement dans cette qualité.
Heureusement, on a inventé la touche stop! Mais je ne vais pas faire la fine bouche de toute façon. Relapse a très bien fait de rééditer
Open Hostility et ses deux frangins de la trilogie vénère de Razor, même remplis de bonus inutiles. Razor n'a pas le même statut ni l'influence de plus gros noms comme Slayer, Kreator ou Exodus mais il mérite aussi sa place au panthéon du thrash. Il y a bien sûr ce côté groupe méconnu ou injustement considéré comme de seconde zone qui pousse à l'encensement mais pas que. Razor avait vraiment du talent et ce
Open Hostility le prouve avec brio (et beaucoup de bleus!). Il fait d'ailleurs partie de mon trio magique de la formation aux côtés de
Violent Restitution et
Executioner's Song. C'était en 1991, il y a déjà 24 ans. L'année d'après, les Canadiens, réduits au duo Dave Carlo / Jon Armstrong, sortiront une démo instrumentale intitulée
Decibels puis spliteront, comme quoi les coups durs de la vie ont même raison des plus coriaces. Une simple pause de cinq ans heureusement avant de revenir avec la version définitive de
Decibels. Depuis, le groupe n'a rien sorti mais continue de donner quelques concerts par-ci par là. Une date à bien noter dans le calendrier aura d'ailleurs lieu au Fall Of Summer à la rentrée. Présence obligatoire pour ces légendes urbaines!
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