En vingt ans et quatre longs métrages, Sigourney a tout essayé : le lance flammes et l'autodestruction du Nostromo (Alien, 1979) ; le soutien militaire du meilleur casting d'affreux des années 80 (Biehn, Paxton, Henricksen) et un exosquelette taille XXL (Aliens, 1986) ; le crâne rasé et le bain de lave en saut carpé (Alien 3, 1992) ; le clonage et le panier à trois points dans la résurrection (1997) . Rien n'y a fait, la sale bête est même revenue en découdre avec le grand patron du dépeçage dans deux purges cosmiques indignes des deux brillantes franchises. Pourtant, avec leur "Alien" sorti en 1989, les petits malins de TANKARD avaient trouvé la parade : suffisait de laisser le bestiau piller le frigidaire, vider toutes les bières (ce qui, chez les allemands, relève du don d'organe) et se rincer l'oeil sur les revues porno !
Bien sûr, avec son faciès de Daniel Lluboja, la mascotte made in Germany avait plus de chances de grossir les rangs des gremlins de Joe Dante que d'aller casser du marine chez James Cameron. Mais ça ne l'a pas empêchée de siffler son demi en compagnie de Mike Tyson, Jean Paul II et Helmut Kohl (
"The Meaning of Life", 1990), de chercher des poux au cabot de service ("Hair of the Dog", best-of inutile) ou de traquer le houblon en territoire hostile (
"Stone Cold Sober", 1992). Attachée aux bonnes vieilles valeurs thrash, la vermine a fait son comeback pour les 20 ans du groupe (
"B-Day", 2002) avant de chevaucher un saint bernard dressé pour achever les touristes en perdition (
"Beast of Bourbon", 2004). "Alien", c'est aussi un morceau extrait de la deuxième démo de TANKARD, "Alcoholic Metal" (1985). Un mid-tempo accrocheur qui présente la facette groovy du groupe et le feeling rock n' roll de son compositeur, l'excellent Andy Bulgaropulos. Démarrage façon
"Chemical Invasion", riffs joueurs appuyés par les backing vocals de rigueur, solos d'enfer, les speed freaks tiennent la forme à l'image de leur chanteur Gerre, toujours aussi à l'aise dans son registre criard de prédilection. 3:09 mn plus loin, "666 Packs" confirme l'orientation rythmique plus raisonnable de ce EP, Oliver Werner ayant frôlé l'amputation des membres supérieurs à force de cogner sur tout ce qui bouge (
"The Morning After", 1988). Avec "Live to Dive", TANKARD livre deux bières bien fraîches qui diffèrent seulement en cadence des cocktails molotov des précédents enregistrements. Comme d'habitude chez Harris Johns, on entend tout le monde sauf Frank le bassiste, sûrement trop occupé à faire la navette entre le distributeur de canettes et le local de répétition. Une prod "tout pour les guitares" qui manque un peu d'ampleur, malgré un remastering récent ("Alien" a été réédité en 2005, comme complément alimentaire de
"The Morning After", le tout au prix d'une vulgaire pinte).
Habitués de la manoeuvre, les thrashers y vont de leur bon vieux rock bien rétro avec "Remedy", l'entraînante reprise de ROSE TATTOO, avant de lâcher les chevaux sur un remake fulgurant de leur plus gros hit, "Empty Tankard". Tout est excessif dans cette nouvelle version, couchée sur bande à même le toît d'un TGV par cinq énergumènes cocaïnés jusqu'aux yeux. Plus hystérique tu meurs, comme ce solo génial à 3:02 venant conclure en beauté une cavalcade thrash à relancer la consommation d'alcool dans les pubs. Rassasiés jusqu'à l'overdose de riffs par les deux skeuds précédents, les sympathisants de la chope à bière goûteront donc ce EP en forme de trou normand, avant de retenter la cirrhose un an plus tard pour une nouvelle cuvée de haut rang (
"The Meaning of Life", 1990).
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07/03/2008 15:39