Je ne vais pas vous faire l’article du vieux briscard ayant exhumé la première veste à patches de l’histoire, HEATHEN, j’ai découvert en 2009 avec
« The Evolution Of Chaos ». Passé entre les mailles du tape-trading quand j’étais au bahut, le groupe de Lee Altus ne figure donc pas dans la boîte à souvenirs des joyaux thrash ayant électrisé mon adolescence. Pourtant, lorsqu’on s’adonne à un peu d’archéologie (j’ai ouvert la page wiki du groupe, en gros), tous les marqueurs Bay Area nous sautent à la gueule avec un nombre incalculable de figures du genre ayant traîné leurs guêtres au sein de la formation de San Francisco : Jason Viebrooks, Jon Dette et Paul Baloff, pour ne citer qu’eux, ça parle forcément aux amateurs de TESTAMENT ou encore EXODUS!
Même si sa formation remonte à 1984, HEATHEN est loin de tenir la même cadence de production que ses illustres camarades de jeu. Pas une affaire de talent mais plutôt question de circonstances ; outre d’incessants changements de line-up, HEATHEN n’a pas survécu à l’évolution de la scène dans les années 90, ne refoulant les planches qu’en 2001 pour le concert de soutien aux deux grands Chuck (Billy/Schuldiner), Thrash Of The Titans. Plus surprenant, alors que le contexte de la fin des années 2000 s’avérait bien plus favorable à son retour, HEATHEN n’a pas enchaîné après trois années à promouvoir l’excellent
« The Evolution Of Chaos » (superbe prestation au Hellfest). Onze piges plus tard, Jon Torres (basse) et Daren Minter (batterie) se sont fait la malle, cédant respectivement leur place à Jason Mirza (PSYCHOSIS) et Jim DeMaria (TOXIK).
Le noyau du groupe ainsi préservé, HEATHEN livre donc « Empire Of The Blind », son quatrième effort studio seulement en 35 ans d’existence. Où l’on retrouve un digne représentant du genre qui nous occupe, jouant habilement sur ses forces naturelles. Le chanteur David White, en premier lieu, qui excelle dans le registre heavy sans pour autant crever le plafond des aigus. Une sobriété appréciable, d’autant que le bonhomme nous sert souvent des refrains imparables (« Empire Of The Blind », « Sun In My Hand » et surtout « The Blight »). La paire de guitariste ensuite, qui joue comme à son habitude la carte de l’épate avec une avalanche de soli on ne peux plus délectables, leur registre ultra mélodique combinant à merveille avec le registre de White. Comme s’il passait de SLAYER à METALLICA, Lee Altus adapte son jeu et forme un duo redoutable avec Kragen Lum, dans ce qui ressemble souvent à une déclaration d’amour à Alex Skolnick (le magnifique final de « In Black »). A TESTAMENT, HEATHEN emprunte donc un goût prononcé pour les leads de haut vol (« Sun In My Hand »), quand il n’entame pas les hostilités instrumentales façon « Reign Of Terror » sur « The Fine Red Mist ». Braconnant sur les terres d’EXODUS et METALLICA sur le plan rythmique (et même le ANNIHILATOR shamallow sur « Shrine Of Apathy » et ses arpèges caractéristiques), HEATHEN achève de bétonner l’ensemble avec des ficelles assez grosses mais fort prisées des amateurs.
Où l’on relève peu ou prou les mêmes défauts dans la cuirasse que sur
« The Evolution Of Chaos », à savoir quelques trous d’air dans le tracklisting empêchant HEATHEN de rallier les sommets. Passé la redoutable « The Blight » (un classique instantané) et l’efficace title track, « Dead And Gone » fait un peu pâle figure, à l’image de la paire « Blood To Bet Let »/« In Black », coincée entre deux titres de plus grande envergure (« Sun In My Hand » et « Shrine Of Apathy »). Même constat pour « Devour » et son riff marqué au fer rouge par … TESTAMENT, encore et toujours. Moins à l’aise lorsqu’il la joue mid-tempo, HEATHEN n’a pas non plus sous le coude une section rythmique du tonnerre ; des riffs pas tous de première main et un batteur au jeu rudimentaire ternissent un peu le bilan, quand bien même le feu d’artifice des guitares masque en partie ces imperfections.
Ces réserves émises, « Empire Of The Blind » reste globalement excellent, comme en témoigne l’exercice réussi de l’instrumental thrash, un passage obligé pour toute formation qui se respecte. Caviardée d’envolées néoclassiques chères au père Yngwie, « A Fine Red Mist » serait absolument géniale si son riff principal était un peu moins fonctionnel. Plus resserré que sur
« The Evolution Of Chaos », le tracklisting met également en valeur les titres les moins vindicatifs du lot, la chaleur 80’s qui se dégage de « Sun In My Hand » et « Shrine Of Apathy » grossissant le capital sympathie de la galette. La speedée « The Gods Divide » bouclant le programme de manière plus que convenable, HEATHEN fait donc mieux qu’un TESTAMENT ayant un peu déçu cette année avec l’inégal « Titans Of Creation ». A défaut d’un album parfait, on s’en contentera largement.
9 COMMENTAIRE(S)
04/10/2020 11:32
Gaffe: la coquille y était à 2 reprises... Il en reste une
04/10/2020 10:14
30/09/2020 23:50
30/09/2020 08:30
29/09/2020 23:32
Décidemment ce label transforme en plomb tout ce qu'il touche!
29/09/2020 23:30
Un des secrets les mieux gardés du thrash qui se vautre comme ça..
Pour Exhorder, n'en parlons même pas.
28/09/2020 14:01
28/09/2020 13:05
28/09/2020 12:05
Autrement, j'ai franchement pas tenu jusqu'à la moitié. Son horrible façon Exhorder moderne, avec des riffs insipides qui font parfois groove, des mélodies du tiers monde quand à côté t'as Breaking the Silence... je préfère limite le Testament, qui était pas foufou non plus.