Vous avez sans doute remarqué depuis quelques temps nos nouveaux slogans sur la page d'accueil, en alternance avec le légendaire "Thrashocore, webzine metal à tendance brutale". Notamment le "Thrashocore, le webzine qui ne chronique ni de thrash ni de hardcore" (ou un truc du genre). Celui-là fait tout de même un peu mal au cul même s'il est rigolo. Pas pour le core (quoique je n'ai rien contre du bon vieux HxC) mais surtout pour le thrash. C'est vrai qu'avec le départ du regretté Thomas Johansson, spécialiste en la matière, le nombre de chroniques sur le style s'est réduit à peau de chagrin. Il y a bien notre valeureux Dr. Niktareum qui essaye de temps en temps d'en sortir une entre deux touchers rectaux mais ça ne fait pas lourd. Moi-même pourtant très amateur du genre me suis fait très discret sur le sujet. Il faut dire aussi que je n'ai pas écouté grand chose en thrash l'année dernière, me paluchant juste sur le Deathhammer et (un peu moins) sur le Ranger que je n'ai même pas encore été foutu de chroniquer. Tout ça pour vous dire que le thrash, ça manque ici, surtout sur un webzine en reprenant le nom. Alors on va tenter de rattraper le coup, au moins le temps d'une chronique. Et tant qu'à faire, éviter de chroniquer une merde. Ça tombe bien, le nouvel album d'Exumer,
The Raging Tides, vient de sortir fin janvier sur Metal Blade. L'opus de reformation
Fire & Damnation nous avait déjà fait comprendre que les Allemands n'étaient pas sortis de la tombe pour rien. Sur ce
The Raging Tides, la formation monte le niveau d'un cran pour nous pondre un très bon brûlot de thrash metal. Et en plus, la pochette ultra cool marque le vrai retour de la mascotte au masque de hockey à la Jason Voorhees (ouais parce que ce vieux profil photo à moitié coupé sur la cover de
Fire & Damnation, moi, je n'appelle pas ça un retour!).
Exumer? Mais si, le combo de Francfort qui a sorti le fort sympathique
Possessed By Fire en 1986 (trente ans déjà putain!) puis le moins-bonnard-mais-pas-trop-mal-quand-même
Rising From The Sea l'année suivante. Exumer faisait partie de cette tripotée de seconds couteaux talentueux d'outre-Rhin dans les années 1980, à l'instar de Darkness, Deathrow, Iron Angel, Living Death, Necronomicon et j'en passe (j'arrête là mon name dropping pour pas trop vous foutre la honte (en fait j'en n'ai plus qui me viennent à l'esprit et flemme de chercher!)). Les Teutons se sont reformés en 2008 autour de l'indéboulonnable Mem Von Stein (chant, et basse quand il a le temps) et du guitariste d'origine Ray Mensh. S'ensuivit
Fire & Damnation en 2012, plutôt une réussite. Manque de bol, le guitariste Holger Kolb, qui avait pris la place de Bernie Siedler, décède l'année suivante d'un cancer des poumons. Et Exumer de recruter un certain Marc Bräutigam (Everflow, Jitterbug, ex-Asakku, ex-Caer Gwydyon, ex-Infernal Curse, ex-Orden Ogan (live) dixit la Bible Metal-Archives). Mais d'un tragique événement, le quintette a su en tirer l'énergie et la rage pour écrire ce nouvel album foutrement efficace.
Bon, bien sûr, c'est du thrash. Et qui dit thrash dit "classique" ou "absence d'originalité" selon les sensibilités. N'attendez donc aucune surprise de ce
The Raging Tides qui verse dans le thrash metal pur et dur comme on en fait depuis trente ans. Exumer est juste plus proche du son américain que du son allemand. Pensez fort à Slayer surtout, un peu à Kreator. Mais le combo fait ça de façon tout à fait convaincante. On ne sent pas le poids des années comme chez d'autres (coucou Slayer). Bien au contraire! Exumer a encore de la hargne à revendre et ça s'entend! Rien qu'au niveau des rythmiques, principalement axées sur du tchouka-tchouka enlevé. Une moyenne de vitesse élevée dont l'impact se trouve renforcé par une production moderne qui donne toute la puissance nécessaire à la musique, même si je garderai toujours un faible pour le son plus à l'arrache des années 1980. Mais vu qu'Exumer se rapproche plus de la Bay Area que de ses compatriotes de Sodom ou de la scène bestiale sud-américaine, ça colle tout à fait au style. Vite répétitif? Il est vrai qu'on a entendu plus diversifié mais les Allemands balancent aussi quelques mid-tempos pour travailler les cervicales et amasser encore plus d'efficacité tout en évitant trop de redondance. C'est même par une intro lente que démarre le menaçant "Shadow Walker". Et surtout, la qualité des riffs est là. Rien de révolutionnaire à nouveau mais ils font mouche, dans la plus pure tradition du style quoique certains se font un poil plus méchants/extrêmes (tremolo limite death metal à la première minute de "Sacred Defense", refrain de "Welcome To Hellfire"). C'est ainsi à une belle démonstration de riffs thrash affûtés que nous convie Exumer. Les guitares ne s'arrêtent pas là et proposent également des solos mélodiques très appréciables au feeling certain qui évitent l'écueil du trop chaotique au vibrato sans queue ni tête (recoucou Slayer). Pour accompagner cette leçon de thrash en bonne et due forme, le leader Mem Von Stein a même fait des efforts sur son chant, un des points faibles de
Fire & Damnation. Le bonhomme évolue toujours dans un registre mi arraché/mi hurlé mais le résultat sonne moins poussif qu'auparavant, avec des mélodies de chant plutôt sympas ainsi que des refrains simples et efficaces qui vont de paire avec la musique, virilisés parfois par des chœurs de tough guys ("The Raging Tides", "Sinister Souls", "Shadow Walker", "There Will Always Be Blood "). Le frontman nous sort même un débit rapide bien cool au début de "Welcome To Hellfire".
D'une homogénéité exemplaire, le bien-nommé
The Raging Tides sait conserver une qualité constante tout au long de ses trente-cinq minutes (quarante-et-une sur la version digipak qui comporte deux reprises de Pentagram et Grip Inc.). En résultent dix hymnes thrash metal courts et concis d'une efficacité redoutable qui plairont à coup sûr aux aficionados du style. Sans chichis, Exumer rentre dans le lard à grands coups de riffs acérés et de tchouka-tchouka endiablé que l'on prend un malin plaisir à se prendre dans la tronche. Non pas une surprise mais une confirmation que les Allemands ne sont pas sortis de terre pour faire de la figuration, après un
Fire & Damnation déjà tout à fait satisfaisant. Rien d'indispensable dans un genre où tout a déjà été dit il y a trente ans mais Exumer délivre là un album des plus savoureux qui fera partie des sorties thrash à retenir cette année.
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