Mortal Vision - Mind Manipulation
Chronique
Mortal Vision Mind Manipulation
A l’heure où le changement climatique est de plus en plus visible et fréquent il faut croire qu’il fait aussi effet au sein de la scène Metal internationale, et que la chaleur intense du Brésil s’est transportée jusqu’en Ukraine et en particulier jusqu’à Dnipo. Car c’est au sein de la troisième ville de l’ancienne République Soviétique que MORTAL VISION vu le jour en 2019, en s’inspirant très largement du SEPULTURA période « Beneath The Remains » et « Arise » tout en allant jusqu’à reprendre le même type de grain sonore de l’époque, ainsi que les riffs et patterns qui sentent bon les frères Cavalera. Après avoir sorti un premier single quelques mois à peine après sa création (et déjà plein de promesses), le quatuor porté par petits jeunes qui ont déjà tout compris revient ici directement avec son premier long-format particulièrement réussi. Ayant en plus la chance d’être signé chez le toujours qualitatif Redefining Darkness le combo franchit sans écueil son examen de passage, prouvant qu’il va falloir compter sur lui et qu’au sein de la nouvelle garde du Thrash mondial il se place déjà très haut dans la hiérarchie.
Ne s’embarrassant pas d’excès techniques inutiles ni de longueurs rédhibitoires (aucun morceau ne va au-delà des cinq minutes) cet opus d’à peine plus d’une demi-heure va aller à l’essentiel, tout en proposant une musique relativement variée à l’homogénéité constante. Car d’entrée avec « Mind Manipulation » le ton va être donné de ce qu’il va être sur toute sa longueur via majoritairement une vitesse pure, sans pour autant ne miser que sur cela vu qu’outre quelques cassures plus lourdes on y trouve du mid-tempo de façon régulière qui se révèle être parfait pour headbanguer, tant le sens du riff des deux guitaristes fait mouche instantanément via un groove imparable. Si tout ça est très classique et ne réinvente rien cela est fait avec un grand sérieux et une réelle qualité d’écriture tant c’est directement accrocheur et sans montrer aucun signe de faiblesse, même si tout cela peut se révéler être légèrement interchangeable et prévisible au fur et à mesure de l’avancée. Néanmoins tout cela n’est que de l’ordre du détail, et quand on écoute la doublette qui s’enchaîne dans la foulée (« Eternal Hatred », « Apophenia ») il est difficile de rester de marbre devant l’entrain généralisé qui s’en dégage et à l’alternance continue. Jouant autant sur la rapidité que les passages plus lents et rampants elle prouve que les gars savent aussi lever le pied mais garder leur force de frappe (où instinct et puissance ne faiblissent en aucune circonstances), ce qui va être le cas de tout le reste de cette galette sans surprises mais diablement efficace.
Car bien que les plans finissent indubitablement par se ressembler chacune des plages bénéficie d’une certaine personnalité, ce qui lui permet d’être facilement identifiable et de densifier de fait un disque déjà très porté sur les variations diverses. En effet entre l’énervé et plus primitif « Raw Poison », le remuant et groovesque « Condemned To Death » (au tempo médium plus présent), ou l’oppressant et obscur « Possessed » (à la noirceur plus affirmée et au rythme plus pesant) il y’a de quoi satisfaire tous les fans du genre, sans pour autant que les ukrainiens ne sortent de leur ligne directrice. Il est incontestable effectivement que même si ça ne tabasse pas en permanence ça reste du Thrash pur et dur, qui voit juste l’ajout d’alternances rythmiques régulières en total raccord avec le reste. D’ailleurs l’ultime doublette de clôture (« Forced Extermination », « Devastated Existence ») va continuer sur cette même lancée entre une ambiance propice au remuage de nuque pour le premier, et à un déchaînement de violence pour le second… qui n’oublie cependant pas de ralentir la cadence quand il le faut, et ainsi clôturer un disque implacable et rugissant de bout en bout ponctué de solos variés et discrets qui ne sont jamais démonstratifs ou excessifs.
Sans visiblement forcer son talent inné le groupe a en tout cas déjà tout compris dans la façon de jouer et de sonner rétro sans tomber dans le plagiat et la redite facile, surtout en ne traînant pas en longueur… un choix assumé et payant qui fait plaisir à entendre. Avec en prime une production naturelle et chaude où la basse est clairement à son avantage dans le mixage final cet sortie s’écoutera facilement et régulièrement tout en faisant passer un excellent moment, confirmant que c’est par sa nouvelle garde que le genre retrouve ses lettres de noblesse. Une belle revanche pour celui-ci si décrié et caricaturé ces dernières années par tous ses avatars modernes qui en ont oublié l’essence même, à savoir être direct, frontal et sans synthétisme… points auquel les pitchounes de l’est n’ont pas adhéré ni ne sont tombés dans le piège et c’est tant mieux ! Autant dire qu’avec tout ça on a déjà hâte d’entendre la suite sous n’importe quel format, et c’est peu de dire que sur scène ça risque de faire très mal et faire un peu plus regretter les errements musicaux de l’entité phare du père Max (ainsi que de celui-ci dans ses différents projets) depuis qu’il l’a quitté, tant on repense avec tristesse et nostalgie de quoi elle était capable à sa grande époque.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
2 COMMENTAIRE(S)
citer | Sepultura..."Beneath The Remains"...Il m'en faut pas plus pour aller découvrir ça.:-) |
citer | Du Thrash bien furieux. Ça claque sans se poser de questions. La hargne des premiers Sepultura avec un zeste de german touch. Ça fait rudement du bien quand on a un p'tit coup de mou ! |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
2 COMMENTAIRE(S)
17/11/2021 22:55
10/11/2021 18:59