Pandemic - Crooked Mirror
Chronique
Pandemic Crooked Mirror
Si elle reste toujours un ténor en Europe pour le Death comme le Black, la Pologne voit aussi depuis quelques temps un large frétillement en matière de Thrash, porté par des jeunes loups particulièrement motivés et désireux de perpétuer une certaine vision originelle du style. Si on avait découvert il y’a un peu plus d’un an les excellents FRIGHTFUL il est temps de poser une oreille attentive sur les tout aussi redoutables PANDEMIC, qui prouvent qu’après Gdańsk la belle ville de Cracovie a aussi des arguments à faire valoir dans ce genre qui connaît un large retour en grâce. Si les deux formations sont signées conjointement chez Awakening Records la comparaison va s’arrêter vu que les nouveaux venus évoluent dans un registre plus classique et calibré que leurs compatriotes (qui y avaient ajouté d’autres éléments stylistiques). Néanmoins si effectivement la musique du quatuor ici évoqué reste dans un schéma sans surprises elle va parfaitement faire le métier, il faut dire qu’il a pris son temps pour pondre ce premier album qui aura mis huit années à voir le jour après sa création en 2015, mais le résultat en valait la peine vu que désormais armé d’un nouveau marteleur il envoie ici neuf titres imparables et énervés qui sentent bon l’Allemagne des 80’s comme le Hard-Rock de cette même décennie.
Car le combo est bien décidé à ne pas se cantonner dans un seul style et si la vitesse (tout comme la rugosité typiquement thrashy) y est majoritairement présente elle va savoir s’effacer régulièrement en alourdissant son propos, afin d’y ajouter un groove impeccable sur fond de solos réguliers joués avec virtuosité et mélodie. Cependant au début c’est bel et bien le côté primitif et énervé qui va transparaître avec les explosifs et remuants « Caged - Estranged » et « Gambler's Fortune », très classiques sur la forme comme le fond mais qui s’écoutent facilement et avec un véritable plaisir tant l’accroche y est immédiate (surtout avec cette alternance où s’ajoute du mid-tempo remuant et entraînant qui donne clairement envie de remuer la tête et de partir à l’abordage). Si l’entité sait jouer sur le relatif équilibre des forces en présence elle sait aussi proposer une vision plus brute et épurée telle que la pratiquait les vieux briscards d’outre-Rhin, car à ce petit jeu « Necessary Insanity » est l’exemple idéal tant ça défoule parfaitement et vide la tête comme il se doit, confirmant donc que même en misant sur cette facette plus radicale elle reste totalement cohérente et convaincante. Constat partagé également sur le lourd et massif « The Juggernaut » où la rapidité reste contenue pour offrir ainsi plus de pression et d’envie de headbanguer, et de ce point de vue c’est réussi tant c’est groovesque à mort et aguicheur de par la qualité de l’exécution qui est fluide et sans en faire des caisses. D’ailleurs il est agréable de voir que les gars malgré une technique que l’on sent importante ont décidé de conserver une certaine simplicité, et cela sied parfaitement à l’écriture proposée ici qui ne s’encombre pas d’excès inutiles... et ce même quand ça va grimper en densité comme sur la doublette « Destined For The Gutter » / « Ignorance Is Bliss ». Proposant ici une facette très Hard Fm (notamment via un jeu sur les guitares très VAN HALEN) où arpèges en reverb’, riffs agressifs et leads mélodiques s’agglomèrent totalement dans les changements rythmiques récurrents et les plans plus extrêmes. Tout cela avec une facilité déconcertante et un dynamisme impressionnant pour un rendu impeccable, qui confirme que malgré le jeune âge de ses membres la bande a déjà une sacrée maîtrise quel que soit ce qui est mis en avant.
D’ailleurs on va même avoir droit à un soupçon de Hardcore sur l’équilibré et dandinant « Exorcism Of The Exorcist » qui nous balance quelques relents de SUICIDAL TENDENCIES de derrière les fagots tout en misant sur un relatif équilibre des forces, à l’instar du très bon « Fog Of Birkenau » qui termine parfaitement un long-format réussi et qui s’écoute facilement sans aucune lassitude. Bien sûr tout cela est hyper balisé et peut donner parfois l’impression de recycler régulièrement les mêmes plans... tout comme il y’a peu de chances que cela marque l’année de son empreinte, et pourtant il serait dommage de ne pas se pencher sur ce disque sans fausses notes et appliqué qui a des choses à dévoiler au fur et à mesure du temps. Nul doute que les Polonais ont donc de la marge à dévoiler dans le futur et l’on ne va pas s’en plaindre, vu que malgré son relatif anonymat et un rendu global parfois un peu "juste" par moments tout cela recèle de vraies bonnes choses agréables lors des écoutes nombreuses à venir. Tout ça confirme encore une fois le vrai travail de défricheur du label Chinois au nez toujours creux et dont le catalogue s’épaissit de noms à suivre avec intérêt – comme c’est ici le cas une fois encore.
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