Réjouissons-nous: tous les albums de thrash qui sortent aujourd'hui ne sont pas uniquement soit les derniers soubresauts de vieilles gloires déchues arrivant au terme d'une lente agonie, soit le produit de jeunes scories de la vague déclinante du retro-thrash. Prenez le nouvel EP de Lethal Mind par exemple – dont le nom n'est pas, je vous jure, un hommage à l'ex-RFA et à l'ex-RDA
… « Les Allemagnes », non? Certes, ce calembour est à chier, mais j'assume! : eh bien il ne s'inscrit ni dans l'une ni dans l'autre de ces catégories peu bandantes. Formé en 2003 en région parisienne, le groupe propose un metal aux visages multiples qui évolue – citons la feuille promo qui pour une fois tape en plein dans le mille – «
à la croisée du thrash, du heavy, du death et du metal progressif », fermez les guillemets, l'élément primordial dans cette énumération restant quand même le thrash. Après une première démo intitulée
« A Thousand Voices », chroniquée en ces pages par un Mikaël pas vraiment « dans le mood », le groupe nous revient donc fin 2008 avec « When Logic Fails », nouvel EP autoproduit et raison pour laquelle je vous tiens en ce moment même la jambe.
Si vous le voulez bien, pour bousculer un peu les habitudes de la chronique à papa, on va prendre un peu nos distances par rapport aux standards et passer direct' à la conclusion (
comme ça vous pourrez passer à autre chose si vous êtes pressés), puis on développera ensuite une « analyse » du contenu de la bête, quitte à finir sur une intro (
ah bah non, je m'en suis déjà occupé en début de page…). Voilà donc pour la conclusion: « When Logic Fails » est un EP vraiment sympa, fort de longues pièces ambitieuses d'un thrash tour à tour véloce, mélodique, technique et agressif construites autour des interventions de 2 guitares expertes au son chaud et abrasif, le tout servi par une production aux petits oignons. La tiédeur de ma note s'explique cependant par les naïvetés et les petites maladresses évoquées ci-avant dans le développement de la chronique. Ah non merde, c'est vrai, c'est maintenant que vient la description. « Ci-après » alors.
Alors quels sont les éléments qui distinguent Lethal Mind de ses petits camarades? Tout d'abord, de longs morceaux aux nombreux rebondissements, caractéristique qui justifie par ailleurs le qualificatif « prog » accolé au style pratiqué par le groupe. Ensuite deux guitares tranchantes et racées qui interagissent habilement et nous gratifient régulièrement de nombreux soli et leads franchement délectables. Bon OK, ce n'est pas la plus « singularisante » des caractéristiques d'un groupe de thrash, mais la qualité du jeu de cette paire de gratteux et le judicieux écrin sonore mettant en valeur leur prestation évoquent trop régulièrement d'agréables réminiscences techno-thrashesques pour qu'on passe ce point sous silence. C'est également la place accordée à la basse qui interpelle l'auditeur. A entendre ce court solo à 4:35 sur « When Logic Fails » ou ces fréquentes – et, c'est rare, audibles – interventions, je m'étais fait la réflexion que Lionel devait jouer un rôle prépondérant au sein du groupe … Et ça n'a pas manqué: compositeur, parolier, responsable du mix, du mastering, le bougre a suffisamment de casquettes pour relooker n'importe quel hydre à la mode zyva. Dernière caractéristique – positive, après on casse du sucre! – se devant d'être mentionnée: le groupe distille aussi savamment qu'abondamment les mélodies, la superbe parenthèse offerte à 2:37 sur « A Wall of Silence » n'étant qu'en exemple criant parmi tant d'autres.
Le tableau serait idyllique si seulement quelques boulets (
warning: ceci est une image, pas une insulte) ne venaient appesantir la marche victorieuse de ce groupe prometteur. Commençons donc avec le sujet qui fâche vraiment: le chant. Dès le tout premier lâcher de postillons, j'ai eu l'impression d'entendre de lointains échos du « Weird Visions » d'ADX, autrement dit un chant très « French touch », s'inscrivant dans la mouvance old heavy/speed et contrastant fortement avec le tranchant thrashy de la musique environnante. Et puis ces quelques chœurs, ces incartades en chant plus clair … J'avoue par exemple qu'après la charge thrash toute puissante du début de « Confined », quand j'entends arriver les vociférations poussives, puis les complaintes tiédasses du chanteur, j'ai mal pour le groupe. Bref, pas convaincu le Cyril. Je sais que ce type de chant a son public, et je n'ai rien contre Mathieu, mais cet aspect de la musique du groupe l'empêche à mes yeux de vraiment décoller et de pouvoir prétendre à une reconnaissance plus large (
peut-être également la prod ou le mix ne favorisent-ils pas le chant autant que les instruments …?). A côté de ça, on pourra encore noter quelques petites maladresses, un « The Apostate » au volume sonore bien trop élevé par rapport au niveau des autres morceaux, et une tendance à faire retomber un peu trop le soufflé sur les refrains (
celui de Without Eyes notamment)… mais peut-être cette mauvaise impression est-elle à mettre sur le compte de mon manque d'enthousiasme pour le chant?
Bon, j'ai déjà conclu un peu plus haut, on va donc s'arrêter là. Juste un mot pour dire que le groupe, sans avoir inventé de riff inédit ni avoir conçu de plan ultime, possède vraiment un très bon niveau de composition et d'interprétation. Reste maintenant à réussir à composer une ou deux hymnes, et à « canaliser » le chanteur de façon à franchir avec succès l'étape du premier album, prévu pour 2010.
4 COMMENTAIRE(S)
28/12/2009 17:21
Ch'ais pas: dans la grande maison où je suis enfermé, on appelle "Doc" tous les gens qui portent des blouses blanches, mais on ne connait pas leurs noms ... En tout cas il est très gentil mais ça pique un peu quand il pose les électrodes. Gnééééééééééé !!
28/12/2009 16:52
28/12/2009 16:25
28/12/2009 16:16
:-D