Difficile de résister à l’attrait d’un tel artwork pas vrai ? En ce qui me concerne, je suis certains que même si je n’avais pas déjà croisé la route de Miscreance par le passé, je me serais naturellement laissé tenter par la découverte de ce premier album merveilleusement illustré par un certain James McCarthy (
Instagram) et cela, bien évidemment, sur la seule base de cet artwork incroyable. D’ailleurs, si d’après Metal Archives il s’agit là de sa toute première collaboration avec un groupe digne de figurer dans les colonnes de la fameuse encyclopédie en ligne, il y a tout de même fort à parier que ce ne sera pas la dernière tant ses univers surréalistes et colorés constituent de véritables invitations au voyage et à l’extraordinaire.
Pour ceux d’entre vous qui s’en souviennent, nous avions croisés la route de ces jeunes italiens à l’occasion d’un split en compagnie des excellents Vile Apparition. Une sortie extrêmement sympathique puisque le groupe y faisait d’ores et déjà montre de tout son talent à travers un Death / Thrash technique des plus efficaces. Une sortie qui a priori aura permis de mettre le groupe sur les radars du label Unspeakable Axe Records (Danex Records et Desert Wasteland Productions étant quant à eux toujours de la partie pour ce qui est des éditions vinyle et cassette) pour la sortie en septembre dernier de ce premier album intitulé
Convergence que le groupe a enregistré au Bridge Produzioni Audio And Studio situé à Susegana.
Miscreance n’ayant pas spécialement les yeux plus gros que le ventre, c’est en trente-et-une minutes seulement qu’est bouclé ce premier album pour un total de huit nouvelles compositions parmi lesquelles un titre instrumental ("Requiem For Sanity") servant ici de conclusion à ces réjouissances hautes en couleurs. Sans surprise, ces quelques titres s’inscrivent dans la continuité des précédents travaux de la formation qui, sans pour autant manquer d’inspiration, marchaient déjà allègrement dans les pas de quelques grands anciens à commencer par Death, Pestilence et Atheist. Un héritage que les Italiens continuent d’entretenir sans honte mais avec beaucoup de talent à travers des morceaux toujours très techniques mais d’une fluidité et d’une efficacité qui rendent le tout particulièrement agréable et digeste. Il faut dire également que Miscreance nous facilite amplement la tâche grâce à des compositions dont la durée n’excède jamais les quatre minutes. Un sens de la concision qui rend effectivement encore un petit plus aisée leur assimilation.
Soutenues par une production qui ne souffre d’aucun véritables défauts et qui offre surtout à chaque instrument la possibilité de pouvoir s’exprimer librement pour un résultat équilibré et harmonieux, ces huit nouvelles compositions raviront à n’en point douter tous les amateurs des quelques groupes sus nommés. Car comme évoqué plus haut, Miscreance déroule une formule parfaitement rodée qui renvoie directement ou indirectement à cette fameuse scène floridienne qui, il y a déjà plus de trente ans, en a fait rêver plus d’un. De cette voix dont le timbre, les intonations et même certains gimmicks renvoient invariablement au regretté Chuck Schuldiner à cette basse délicieuse dont les rondeurs sexy devraient en affoler plus d’un en passant par ces riffs cosmico-techniques débordants de feeling, cette approche mélodique toujours aussi pertinente grâce naturellement à tout un tas de leads et autres solos absolument impeccables, ces accélérations thrashisantes appuyées ou bien encore le soin apporté à toutes ces ambiances cosmico-futuristes (malgré un clavier moins présent qu’autrefois), il est effectivement bien difficile de ne pas se montrer enthousiaste à l’égard de ce
Convergence qui synthétise le meilleur de ces formations ayant marqué la scène Death Metal à l’orée des années 90.
Alors il est vrai que le nombre de formations marchant ouvertement dans les pas de Death, Cynic, Pestilence ou Atheist n’a cessé de croitre ces dernières années (Suppression, Ripper, Cryptic Shift, Venus Torment, Aggravator, Rude, Skelethal Remains et j’en passe) mais on sent tout de même chez les Italiens une envie de se distinguer, un petit peu… Cela se concrétise ici de manière très subtile avec notamment l’ajout de voix tantôt féminines et lointaines comme par exemple sur "Flame Of Consciousness" à 1:32, tantôt robotiques comme sur "The Garden" à 0:31, tantôt narrée comme sur "My Internment" à 0:09, 0:45 et 2:13. On appréciera également qu’en dépit de morceaux relativement courts, Miscreance n’hésite jamais à changer de vitesse comme bon lui semble en passant parfois un petit peu brutalement de séquences menées pied au plancher à des passages plus progressifs et mélodiques avant de repartir à l’assaut tête baissée comme si de rien n’était. De la même manière, les Italiens ont le bon goût de ne pas trop en faire niveau chant avec un Andrea Feltrin qui n’a aucun souci à se taire pour laisser à ses petits copains l’opportunité de briller et ainsi se mettre un petit peu plus en avant.
Bref, vous l’aurez compris, Miscreance n’a pas manqué son retour et surtout n’a pas manqué l’étape importante du premier album. Certes, d’autres groupes plus emblématiques ayant effectivement marqué l’histoire de cette musique sont déjà passés par là bien avant lui mais il n’empêche que les Italiens maitrisent leur sujet sur le bout des ongles. Compositions léchées, interprétation solide et soignée, équilibre parfaitement dosé entre le niveau technique avancé, le travail d’ambiance effectué et l’efficacité indéniable de chaque titre... Non, en effet, il n’y a pas grand chose à reprocher à
Convergence (je n'aurai cependant pas dit non à un instrumental plus généreux ou à un morceau supplémentaire) qui brille par la qualité de ses compositions et ce puissant goût de reviens-y qui reste une bouche une fois l’écoute terminée. Certes, la formation aura besoin de sortir un peu plus ouvertement des sentiers battus si elle souhaite véritablement se démarquer face à une concurrence aujourd’hui sacrément compétitive mais en l’état ce premier album n’en demeure pas moins une très belle démonstration de tout le talent de ces jeunes italiens décidément très à l’aise dans l’exercice de leur fonction.
3 COMMENTAIRE(S)
26/06/2023 18:54
9,5/10
30/01/2023 16:32
La voix aux intonations de Chuck Schuldiner et certains patterns vous ramènent effectivement 30 ans en arrière, mais c’est particulièrement bien fait.
Un vrai plaisir cette basse.
21/01/2023 14:44