Si vous avez bonne mémoire, vous vous souvenez peut-être que j’avais tardé à aborder ici sur Thrashocore le cas des Australiens de Vile Apparition. La faute à l’artwork de leur premier album (
Depravity Ordained) qui à l’époque ne m’avait guère emballé, me poussant ainsi à me désintéresser d’un groupe sur lequel je choisirai pourtant de revenir la queue entre les jambes deux ans et demi plus tard... Désormais sur le droit chemin, je n’allais bien évidemment pas faire l’impasse sur ce split sorti en fin d’année dernière sur le label Desert Wastelands Productions (Astriferous, Charnel Altar, Fluids, Putrid Tomb, Tribal Gaze...) d’autant que pour le coup, l’artwork signé Oscar Bonin à cette fois-ci tout pour me plaire.
En plus de Vile Apparition, on va également trouver sur ce split les Italiens de Miscreance dont personnellement je n’avais encore jamais entendu parler et dont la première sortie, datant de 2018, est une démo intitulée
From Awareness To Creation parue sur des labels tout aussi obscurs (Red Wine Rites et Danex Records). Au programme de cette modeste petite sortie aussi courte que jouissive (désolé pour ceux qui espéraient un peu de suspens), cinq morceaux (deux pour Vile Apparition, trois pour Miscreance) pour une durée totale n’excédant pas les quinze minutes.
Ce sont les Australiens qui ont ici l’honneur d’ouvrir les hostilités. Sans surprise, ces derniers reprennent les choses là où ils les avaient laissées deux ans et demi auparavant avec un Brutal Death qui sent toujours aussi bon les années 90 et le début des années 2000. À ce titre, saluons une fois encore le choix d’une production naturelle et authentique qui à contre-courant d’une bonne partie de la scène Brutal Death actuelle refuse de céder à tous ces travers donnant malheureusement lieu en règle générale à un fort sentiment d’aseptisation ainsi qu’à un cruel manque de feeling. D’ailleurs, puisque j’en suis à évoquer les bonnes nouvelles, sachez que le line-up qui n’a pas bougé d’un iota. On va donc retrouver aux guitares messieurs Jamie Colic (ex-Gutless, ex-Sewercide) et Dan Harris (Gutless) dont le riffing toujours aussi tendu et nerveux, entre fulgurances épileptiques et tricotages technico-brutal, est assurément l’un des points forts de Vile Apparition. Les deux hommes se fendent également de quelques incartades mélodiques bien senties à l’aide de leads ("Involuntary Depersonalisation" à 0:12) et autres solos ("Consuming The Larvae" à 3:10, "Involuntary Depersonalisation" à 2:29) apportants ainsi un peu plus de relief et de nuances au Brutal Death des Australiens qui pourtant n’en manque pas. En effet, outre ce riffing capable de prendre différentes formes et apparences, Vile Apparition se plait également à ralentir la cadence ou en tout cas à rompre avec cette dynamique relativement intense qui caractérise l’essentiel de ses deux nouvelles compositions. De "Consuming The Larvae" à 0:43, 1:51 et 2:47 en passant par "Involuntary Depersonalisation" à 0:53 et 2:49, ces moments ne manquent pas et vont permettre de souligner également le groove à la sauce new-yorkaise dont est capable la formation de Melbourne. Bref, encore une fois Vile Apparition nous régale et à titre personnel, j’ai déjà hâte d’entendre la suite.
La suite, c’est Miscreance qui s’en charge et disons-le tout net, sa participation à ce split est assurément une très bonne surprise. En effet, comme je le disais un petit peu plus haut, le groupe ne m’étais pas connu jusque-là. Pourtant, les Italiens ont de sérieux atouts à faire valoir et ces trois titres, dans un registre bien différent de celui des Australiens, sont là pour en attester. Effectivement très éloigné du Brutal Death de Vile Apparition, Miscreance verse quant à lui dans un Death / Thrash technique largement inspiré par les années 90 et des groupes tels qu’Obliveon, Atheist ou Believer pour n’en citer que quelques uns. Menés bon train à l’aide notamment de cette basse absolument délicieuse qui frétille autant qu’elle régale, "Sentence To Eternity" et "Spectral Waves" devraient à n’en point douter réjouir les amateurs de Death / Thrash aux ambiances futuristes. Sur le papier, rien de bien nouveau : un riffing Thrash survitaminé et particulièrement efficace, une batterie explosive qui n’en met pas une à côté, des solos mélodiques débordants de feeling, un growl arraché quelque part entre celui de Chuck Schuldiner et celui de Martin Van Drunen, des claviers à la sauce Nocturnus, une technique savamment dispensée à des fins non pas démonstratives mais bel et bien dans le but de dynamiser l’ensemble, d’offrir du rythme, du groove, de la cadence et de sortir un petit peu des sentiers battus. Bref, un sans faute élégamment souligné par "...The Oblivion's Gate", un titre instrumental d’un peu plus d’une minute que des groupes comme Atheist ou Cynic aurait très bien pu composer à l’époque de
Unquestionable Presence,
Elements ou
Focus. Bref, du petit lait à siroter sans fin même si pour le coup, une minute six secondes et puis s’en va (il faudra joueur de la touche "replay").
Mon collègue Raziel écrivait il y a peu de temps ceci :
"Sauf cas hyper exceptionnel, les split sont une arnaque" (oui, avec la faute d’orthographe, il n’y a pas de raison que je sois le seul à me faire remarquer pour mes lacunes en la matière). Et bien permet moi cher confrère de ne pas partager cet adage avec toi. La preuve ici par cinq puisqu’il n’y a absolument rien à jeter de ce split remarquable avec d’un côté un Vile Apparition qui devrait être en mesure de redonner l’envie de sourire à tous ceux qui ont choisi de lâcher le Brutal Death faute de groupes véritablement dignes d’intérêt. De l’autre un Miscreance impeccable qui maitrise son art à la perfection et laisse à entendre de très bonnes choses pour son premier album intitulé
Convergence à venir normalement d’ici peu. Non les splits ne sont définitivement pas une arnaque !
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